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Breton

Montreux, Montreux Jazz Festival - 29 juin 2012

Live-report par Aurélien

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Rien de tel qu’une soirée gratuite de qualité au Montreux Jazz Café pour bien commencer sa quinzaine au prestigieux festival suisse. Au programme de ce vendredi soir caniculaire, deux suédoises bohèmes et des Breton surexcités. Un mélange improbable sur le papier qui, pourtant, fera des étincelles, ainsi que de nombreux mélomanes heureux. Récit d’un succès.

En ce début de week-end estival, le Montreux Jazz Festival et ses travées lacustres prennent des allures festives de bords de plage avec un mercure dépassant les 30°C. Dans les allées, la clique de festivaliers venus fouler pour la 46ème fois les bords du lac Léman se veut très compacte, assaillant ci et là les nombreux stands de nourriture mis à disposition par l’organisation. L’habit se résume au strict nécessaire, les mains sont bien remplies et les gorges bien hydratées. Au gré d’un rocher avec vue imprenable sur l’étendue d’eau, on profite de la chute éblouissante de cette comète majestueuse nommée Soleil avant de rejoindre, ragaillardis, sur le coup des 22h00, la douceur mélodique et le rayonnement solaire de First Aid Kit dans la salle du Montreux Jazz Café.

Trio folk suédois aux influences sonores américaines assumées, le groupe est composé d’un charmant duo de sœurs, chanteuses aux minois bien scandinaves, épaulées par un batteur tout aussi nordique, en retrait, dont la longueur de barbe rivaliserait presque avec le nombre de centimètres de cheveux lisses jusqu’aux épaules des deux demoiselles. Svelte blonde au clavier à gauche, brunette à frange et guitare à droite, bien plus qu’une simple question de physique, les deux jeunes filles irradient la salle de leur talent artistique.
Chants parfaits, harmonies délicates, finesse d’écriture douce et poétique, les quelques compositions tirées de leur second effort, The Lion’s Roar, marquent les esprits pendant presque une heure d’un concert où le festivalier, fermant les yeux, se fait facilement transporter à l’orée d’une forêt scandinave avec pour seule limite les lueurs infinies d’une nuit fraîche et étoilée. Dommage que le bruit de fond du Montreux Jazz Café soit plus marqué que celui du crépitement d’un feu de camp ou du ruissellement continu d’une rivière champêtre. Le brouhaha de la salle, déjà partiellement avinée, empêche le trio de faire le silence pour entamer un titre a capella et sans micro. Tant pis, il en faudra plus pour briser l’osmose créée entre le groupe nordique et une bonne partie de la salle, séduite et attentive.

Le temps file. Il est 23h00 passé et le Jazz Café presse ses festivaliers comme du grain de café à moudre. La foule est là, jeune, suante et souriante, pour assister à l’entrée sur scène du phénomène Breton. Collectif anglais touche-à-tout, au croisement des arts, Breton est la nouvelle sensation de la scène indépendante britannique. Ils sont cinq sur scène pour dégoupiller leur énergie rock mêlée à l’électronique de notre temps. Représenté par un chanteur tout aussi à l’aise en français entre deux titres face au public qu’avec sa guitare, le groupe met rapidement le feu à la foule. Une basse, un clavier, une platine, tant d’instruments et d’outils artistiques qui se mêlent à la fête pour reproduire au mieux sur scène les perles sonores du génialissime Other People's Problems.
Plus le concert va, plus la prestation gagne en intensité dans un Jazz Café suffocant de plaisir. En parfaite communion avec son public, Breton fait tantôt danser, tantôt sauter des festivaliers ravis d’en découdre musicalement avec les jeunes anglais jusqu’à l’épuisement. On s’amuse à observer la distribution amicale et sporadique de canettes du chanteur pour les premiers rangs, puis la fête repart de plus belle. La foule exalte. De nombreuses séquences artistiques sont diffusées en arrière plan pour rappeler au monde que ce collectif artistique est bien plus qu’un simple groupe. Les six lettres du nom de la formation s’affichent également à l’écran de temps en temps en noir et blanc pour ceux qui découvriraient le phénomène, tandis que clavier et bassiste se frottent littéralement à la foule, toujours dans la bonne humeur. Mais, le temps file et c’est déjà l’heure du rappel, mêlé à une pluie d’applaudissements. Sur un fond vert pomme cette fois-ci, le groupe réapparait une dernière fois pour donner tout ce qu’il lui reste d’énergie, provoquant le premier slam de cette 46ème édition au-dessus de nos chères oreilles satisfaites, puis s’en va sur un « on vous adore » flatteur qui ne manque pas de combler un public chauffé à blanc jusqu’au petit matin.

Premiers concerts et premières révélations donc pour ce Montreux Jazz Festival à la programmation gratuite encore une fois très généreuse, et c’est tant mieux.