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Ed Sheeran

Montreux, Montreux Jazz Festival - 30 juin 2012

Live-report par Aurélien

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Il est samedi au Montreux Jazz Festival. Foule bigarrée au rendez-vous, allées bondées et stands saturés de toutes parts. Le soleil tape à nouveau et nous suons joyeusement en direction du célèbre Miles Davis Hall pour la venue imminente d’Ed Sheeran, un des rouquins les plus appréciés du moment Outre-Manche.

A peine entrés dans l’enceinte, qu’une drôle de surprise nous attend. Inédit et fâcheux, la salle est visiblement en configuration « recherche de profit » ce soir, avec ses rangées de places assises au centre, qui risqueront de couper net tout excès d’enthousiasme de la part du reste de la populace. Coincé entre un groupe d’anglaises fêtant bruyamment l’anniversaire de l’une des leurs et une poignée de couples amoureux, on se surprend à grimper sur la pointe des pieds pour l’arrivée sur scène du jeune musicien aux côtés de Claude Nobs, le directeur du festival.
Parqué donc sur les côtés, à distance très respectable de la scène, le commun des mortels doit rapidement faire un choix entre une vision directe et lointaine de l’artiste au t-shirt rouge et short décontracté ou les pixels froids de son portrait géant projetés sur deux écrans annexes. Le choix est vite fait, la foule distancée regarde difficilement le chanteur dans les yeux lors de son premier titre qui dure presque dix minutes où, simple guitare voix, bidouillages en tout genre, l’anglais s’amuse à sampler voix et riffs de gratte sous les cris de fans visiblement ravies. L’artiste n’hésite également pas à mettre à contribution un public heureux de participer à la tâche sonore, à coup d’harmonies.

Puis, second titre, on reconnaît le refrain de Never Let You Down entonné avec conviction par le compositeur au milieu d’une scène à la décoration simpliste. Entre deux chansons apparaît fréquemment son logo fétiche, sorte d’empreinte d’animal sur fond orange, à l’écran sur scène. Un écran qui, quelques instants plus tard, annonce Drunk en lettres majuscules jaunes, pour ceux qui n’avaient pas compris que l’anglais avait démarré le même morceau. A l’entente des vivats du public, il semblerait que la majorité sur place connaît bien le répertoire du jeune homme. Ceci se confirme plus tard sur l’émouvant Small Bump ou l’excellent Lego House. Pendant qu’Ed accorde sa six cordes, constamment en contact avec son public, l’anglais en profite également pour raconter quelques anecdotes au sujet de ses compositions, à l’instar de Kiss Me qui, on l’apprend, a vu le jour dans le cadre du mariage de sa marraine par exemple. Sympa, le rouquin sait manifestement entretenir la foule en haleine malgré la distance.

Pour finir, avant de quitter les planches du Miles Davis Hall une fois pour toutes, après plus d’une heure et quart d’efforts vocaux, Ed Sheeran aura su montrer toutes ses capacités artistiques, jonglant aisément entre titres intimistes quasi a capela accompagnés d’une simple guitare sèche, sous le feu d’un unique projecteur et à la lumière de briquets consommés par un public comblé, et prouesses scéniques rythmées flirtant avec différents styles musicaux, enthousiasmant une foule délectée.
Bien plus qu’un simple phénomène de mode, on se dit qu’Ed Sheeran est surtout, ce soir, une voix sans fausses notes dont l’entrain communicatif en fait un réel talent à partager sur scène, tant auprès des fans qu’auprès des simples amateurs. En guise de contre-exemple, quelques dizaines de minutes plus tard, la prestation du vieux briscard Chris Cornell, monotone et approximative, ne lui arrivera même pas à la cheville, faisant très vite fuir les non initiés présents dans la salle.

Il faut le dire, en ce samedi soir estival, le Montreux Jazz Festival est, il semblerait, rouquin de la tête aux pieds.