J'avais, je dois bien l'avouer, certaines appréhensions complètement infondées avant ce concert. Le public de Keane allait-il être composé en majorité de jeunes filles ? Le concert serait-il mollasson ? Les titres du dernier album allaient-ils occuper une place importante dans la setlist ? Ne vous méprenez pas, j'apprécie Keane depuis leurs débuts et l'album
Hopes And Fears sorti en 2004. J'ai suivi leur carrière et leur œuvre avec attention. Mais leur dernier album en date ne m'avait pas convaincu et j'attendais de juger avec ce concert comment ils allaient gérer le spectacle de la tournée
Strangeland.

Ce soir, le public de l'Olympia fait d'abord un bel accueil à la formation venue jouer en première partie.
Agop est un artiste français orienté vers l'acoustique, mélangeant sonorités rock, pop et folk. Il chante de sa belle voix des textes en anglais, souvent accompagné d'un clavier, d'une basse et d'une batterie, voire même en duo avec une jeune femme munie d'un tambourin le temps d'un titre, parfois seul face aux spectateurs. Un répertoire qui se prête parfaitement à une première partie de Keane. Agop a ainsi fait patienter, et surtout séduit, la salle mythique du Boulevard des Capucines.
A 21h précises,
Keane font leur entrée en scène. La foule est déjà très enthousiaste, et le groupe démarre le show avec le premier titre de l'album
Strangeland,
You Are Young. Succès immédiat. Le décor est plutôt simple : une toile de fond porte un soleil sur lequel est inscrit « Strangeland », et quatre grands néons lumineux sont suspendus au-dessus des musiciens. L'éclairage de l'Olympia se charge de produire les différentes atmosphères durant la soirée.
Les anglais n'ont aucun mal à se mettre la foule dans la poche. C'est presque même trop facile. Le chanteur, Tom Chaplin, apprécie et en demande plus dès la deuxième chanson,
Bend And Break, en criant « Give Me Some Love ! ». Le concert est bien lancé. La voix du quatuor chante avec une facilité impressionnante, occupe tout l'espace sur scène et apostrophe les spectateurs. Cinq titres seulement de la setlist ont été joués lorsque déjà l'applaudimètre atteint des sommets. Keane sont obligés de marquer une pause, et Tom Chaplin de passer l'oral de français avec un « Merci. Je t'adore aussi ».

À sa gauche se trouve aux claviers Tim Rice-Oxley, second membre fondateur du groupe. Le piano et le synthétiseur sont les instruments moteurs de la musique de Keane, et si le chanteur porte le concert à bout de voix, Rice-Oxley, lui, le porte à bout de doigts. Richard Hugues à la batterie monte en puissance progressivement et Jesse Quin, plus en retrait, offre ses accords de basse et de guitare aux diverses mélodies de leur répertoire.
Les morceaux s'enchaînent, avec des temps forts et d'autres plus calmes, mais les pics d'ambiance se font sentir durant les compositions tirées de
Hopes And Fears :
Nothing In My Way, Everybody's Changing, We Might As Well ou encore le tube
Somewhere Only We Know représentent les fondations de leur répertoire et connaissent toujours le même engouement. D'autres chansons comme
Is It Any Wonder?,
Spiralling et
Crystal Ball font remuer les épaules et sauter les plus excités, alors que
The Starting Line, Bad Dream ou encore
Sea Fog invitent les plus amoureux à se rapprocher.
Et ce dernier album dans tout ça ? La setlist, composée de vingt-trois titres, inclus neuf des douze extraits de
Strangeland, tous redécouverts avec enthousiasme. Ce disque passerait-il mieux en concert que sur ma chaîne ? Un premier rappel de trois titres, après une brève interruption, et déjà les fans installés au balcon se lèvent pour remercier la belle performance du groupe. Un second pour mettre tout le monde à genoux, avec une reprise maîtrisée d'
Under Pressure, durant laquelle les esprits de Freddy Mercury et David Bowie planent au dessus de Tom Chaplin et Tim Rice-Oxley.
Finalement, les craintes initiales se seront très vite dissipées avec beaucoup d'hommes dans l'assistance, dont une importante colonie anglaise, très active ce soir, un spectacle survitaminé et des musiciens dopés aux applaudissements et encouragements. Une belle et très convaincante prestation du groupe sur scène. De quoi changer d'avis sur ce dernier album, que je me suis empressé de réécouter avec plaisir dans le « Night Train » en rentrant à mon domicile.