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Skunk Anansie

Paris, Zénith - 24 novembre 2012

Live-report par Cyril Open Up

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De mémoire, on aura rarement vu un mois de novembre aussi agité du côté de la porte de Pantin. Entre le Pitchfork Music Festival à la Grande Halle de la Villette qui aura ouvert le bal en début de mois et le Zénith de Paris qui aura aligné une belle liste de groupes confirmés, les déplacements dans l'est parisien auront été nombreux pour tout amateur de musiques qui se respecte. Ce samedi marque l'arrivée du froid et les rues de la capitale sont prises d'assaut par les premiers aventuriers en quête de trouvailles pour les fêtes de fin d'année. Dans certains quartiers, les trottoirs deviennent impraticables et le métro semble même en grève malgré une cadence d'une rame toutes les 2 minutes sur l'automatisée ligne 1. Ce soir, tous ces tracas seront oubliés, Skunk Anansie reviennent sur scène avec un 5ème album de très bon niveau.

Arrivé peu avant l'horaire de début officiel, je découvre une salle en configuration réduite avec une fosse peu remplie et des places assises déjà bien garnie. Le public aurait-il vieilli ? Je penche pour le oui. Il faudra finalement patienter jusqu'à 20h00 avant de découvrir le quatuor australien The Jazabels. Ils jouent devant un long rideau noir sous un éclairage minimaliste et statique vert et bleu, à croire que c'est désormais le lot réservé à toutes les premières parties du lieu !
La chanteuse Hayley Mary habillée toute en noir fait un peu penser à Catwoman. Elle se déhanche micro en main, tout en moulinant ses bras. On peut dire qu'elle occupe l'espace et ses longs cheveux qui virevoltent sous l'impulsion de ses mouvements de tête ne vont pas me contredire. Le groupe a remporté récemment l'Australian Music Prize, serait-ce là un signe de qualité ? Pour ma part, leur power pop flirtant avec le shoegaze avec une voix à la Kate Bush me laisse plutôt hermétique, impression certainement renforcée par une acoustique assez moyenne. Un peu plus de trente minutes et six titres plus tard, il est temps de remercier le public et Skunk Anansie avant de laisser la place au défilé de roadies qui opèrent derrière le rideau noir.

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Toutes les classes d'âge s'amassent dans la fosse. Le rideau tombe et dévoile l'espace de jeux. Des tissus blancs permettront de transformer les amplis et le fond de la scène en écrans. Des samples des morceaux du groupe commencent à se faire entendre et des images de route défilent comme pour figurer les nombreuses tournées qui ont jalonné l'histoire des anglais. Cass, Ace et Mark prennent place suivis par la désormais chevelue Skin. Le show est lancé avec du lourd, The Skank Heads issu de Post Orgasmic Chill et son « Get Off Me » repris en choeur par l'ensemble des spectateurs. La guitare du chapeauté Ace hurle, la batterie de Mark est frappée avec force, la basse de Cass est lourde à souhait et la voix puissante de Skin rugit pour notre plus grand plaisir. Deborah Dyer dans sa tenue pailletée ne tient pas en place et saute dans tous les sens. Les titres du politisé Black Traffic (selon les dires de la tigresse) trouvent naturellement leur place aux milieux des anciens. La reine de la soirée lance un bien accueilli « ça va les enfants ? ». Puis, la douce I Hope You Get To Meet Your Hero calme le jeu et fait dodeliner du chef le public. La voix de Skin résonne dans les têtes grâce à des effets d'échos. Puis c'est reparti de plus belle avec le classique Twisted (Everyday Hurts) sur lequel Skin demande au public assis de se lever et danser, lequel se prête au jeu et permet de lancer pour de bon les hostilités.

Skin s'offre son premier plongeon de la soirée et nage portée par la foule tout en continuant de scander les paroles du morceau. My Ugly Boy présent sur l'avant-dernier opus sera repris par l'assemblée qui connaît donc aussi bien la discographie récente que passée. Weak agite les esprits, Deborah Dyer retourne dans la foule et chante littéralement portée au-dessus de l'assistance telle une grande prêtresse. Sa voix dévastatrice caresse nos oreilles, les frissons s'emparent de nous et Hedonism achève de nous convaincre que Skunk Anansie est un grand groupe de scène et que, malgré les années, ils n'ont rien perdu de leur sympathie et de leur énergie.
Le public saute en rythme comme à la grande époque sur le fédérateur I Can Dream. L'efficace Spit You Out enregistré avec « le meilleur groupe français » (c'est Deborah Dyer qui parle) est joué sans Shaka Ponk et fait remuer une bonne partie de l'assemblée dont mon voisin et son horrible T-shirt Black Eyed Peas... L'inédit Because Of You figurant sur la compilation du retour aux affaires offre une nouvelle fois à Skin la possibilité de prouver à quiconque l'étendue de sa capacité vocale. Le récent Sad Sad Sad continue d'attiser le feu avant de donner le coup de grâce avec l'indispensable Charlie Big Potato et ses montagnes russes qui donnent libre court aux instruments et au refrain de nous emporter dans un tourbillon de décibels salvateurs.

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Les acclamations sont fournies, la troupe quitte les lieux avant de les réinvestir pour le premier rappel de la soirée. Le batteur revient torse nu, Skin remercie les fans d'être venus et encore plus spécialement en ces temps de crise où, selon elle, nous aurions certainement mieux à faire avec notre argent. L'indémodable et sensuel Secretly nous permet d'exercer nos talents de chanteurs. Puis, Deborah Dyer, spot rouge braquée sur elle, se voit remettre un micro orné de nombreuses caméras et ordonne à tout le monde de s'asseoir. Elle avance au milieu de la fosse sur les sons de Little Baby Swastikkka : les gens se lèvent et portent Skin allongée qui se laisse voguer tel un bateau dérivant tentant de retrouver les berges de la scène. Le groupe rejoint les coulisses avant que les applaudissements ne se chargent de les en faire sortir à nouveau.

Le très beau You'll Follow Me Down est interprété dans une splendide version acoustique avant de laisser place à l'explosif Satisfied?, lequel nous permet, une fois n'est pas coutume, de répondre positivement à cette question si jamais quelqu'un osait nous la poser au terme de ces 1h45 de rock lourd et abrasif et pourtant également si délicat.
setlist
    The Skank Heads
    I Will Break You
    I Believed In You
    God Loves Only You
    I Hope You Get To Meet Your Hero
    Twisted (Everyday Hurts)
    I've Had Enough
    My Ugly Boy
    Weak
    Hedonism (Just Because You Feel Good)
    Our Summer Kills The Sun
    This Is Not A Game
    Over The Love
    I Can Dream
    Spit You Out
    Beacause Of You
    Sad Sad Sad
    Charlie Big Potato
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    Tear the Place Up
    Secretly
    Little Baby Swastikkka
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    You'll Follow Me Down
    Satisfied?
photos du concert
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