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Funeral Suits

Paris, Maroquinerie - 22 janvier 2013

Live-report par Edina Tymp

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Premier porte drapeau européen de la soirée, Mikhael Paskalev n’a que des atouts.

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Il est à la fois Norvégien et Bulgare, un mixe entre le saumon de qualité et Sylvie Vartan. Il est entouré d’une bande bien motivée et affiche une moustache parfaitement entretenue. La joyeuse folk de Mikhael Paskalev se déroule souvent en deux temps : une charmante intro plutôt calme qui enchaîne sur une réminiscence pop sixties bien balancée et soutenue par une farandole d’instruments festifs, à grand renfort d’harmonica et tambourin.
Le public est conquis, et la salle déborde d’auditeurs alors qu’il est seulement 20h15, un mardi soir. Cela s’explique certainement par l’infaillible ingrédient secret qui vient du nord : le chant choral et les handclaps communautaires tous azimuts, galvanisants et renforcés par une guitare hawaïenne à la Hanni el Khatib.
Le phénomène le plus étrange reste la familiarité que Mikhael Paskarel évoque, on a l’impression d’avoir toujours écouté sa musique, non pas parce qu’elle est commune ou convenue, juste parce qu’elle est familière, agréable et vivifiante. On pourrait à ce moment-là s’installer à la Maroquinerie et les écouter en boucle avec un lait chaud et des marshmallows dedans. Lors de la dernière chanson, Mikhael remercie son producteur Dent May et présente tour à tour ses partenaires, avec une spéciale cassdédi à son acolyte guitariste : « And on my right, my everyhing...». Cet eskimo a tout d’un crooner.

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Autre style, autre ambiance, autre nationalité. « We’re from Ireland », les membres de Funeral Suits n’auront de cesse de le scander tout au long d’un concert qui ne se déroulera pas exactement comme convenu. Au début du set, on se prend une grosse rafale sonore en pleine face, à nous en hérisser les cheveux sur la tête comme Garth dans l’intro de Wayne's World. La formation est tout ce qu’il y a de plus classique : guitare, batterie, basse, et, au chant, Brian James. Avec une petite dose de math-rock de voix évanescente et de sons d’aujourd’hui. Les petits irlandais débraillés connaissent leur sujet.
Funeral Suits dégagent néanmoins une impressionnante puissance naturelle, et ne lésinent pas sur la dépense d’énergie sur scène, en témoigne les énormes gouttes de sueurs ruisselant sur leur visage et leur look débraillé, à peine après quinze minutes de concert. Le groupe cultive la noirceur de son nom, en alternant mélodies graves (jouées têtes baissées) installant une ambiance quasi mortifère et des rythmiques plus enlevées comme sur Color Fade. On l’aura compris, ces quatre post-punk bambini ne sont pas les rois de la blague et dispersent leur mal être juvénile et leur douleur dans une urgence et une certaine rage adolescente (Florida). Ils restent tout de même des gamins de la génération Skins en puissance débarqués de Brixtol à Dublin pour s’amuser (Black Lemonade).
Au bout de trente-cinq minutes de concert, et alors qu’ils étaient bien lancés et que l’ensemble du public headbangait, survient un problème technique qui entraine l’interruption durant une quinzaine de minutes du concert. Chacun leur tour, les membres du groupe vont combler les blancs par de petits interludes instrumentaux : par exemple l’introduction de Color Fade en boucle pendant dix minutes, pas déplaisant du tout,! ou encore une petite incursion a cappella (chanteur et guitariste déshérité). Finalement le concert repart de plus belle, malgré une sorte de chemin de croix qu’ils assumeront jusqu’au bout. Ils aménagent leurs langueurs en musique sous l’égide mélodramatique, peut-être que les costumes tragiques sont un peu trop grand pour eux ?

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Pour terminer cette soirée sous des auspices moins névrosés, Great Mountain Fire débarquent. Pour un final boostant, nous voilà servis, avec des chemises à fleurs façon Carlos des grands jours et une ronde de synthés so 70’s qui remplissent la scène, à tel point que l’on pourrait confondre avec une réunion de l’amicale des orgues électroniques.
Leur petit cocktail mêlant Gush, Foals ou The Doors est assez détonnant et embarque le public vers des cieux plus ensoleillés (Late Lights). En grands spécialistes de la montée en pression, ils ménagent leurs effets grâce à de belles nappes de sons, qui tournent longtemps dans la salle avant d’exploser en psychédélisme, comme sur It’s Alright, qui n’est pas sans rappeler Air ou Tame Impala. Attention les Beach Boys sont de retour de Kokomo en passant par Bruxelles après un léger passage à vide d’environ quarante ans.

Au final, la recette hivernale d’Europavox : mélangez sans distinction un Irish Stew, de savoureuses Kjøttkaker, le tout noyé dans une Duvel, et hop, cul sec !