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The Joy Formidable
Bloc Party

Paris, Zénith - 20 février 2013

Live-report par Julien Soullière

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Une demi-heure : un temps de jeu suffisamment court pour que la prestation de The Joy Formidable soit efficace de bout en bout. La qualité sonore, parait-il, n’était pas au rendez-vous du côté de la fosse ; elle ne se sera donc invitée que dans les seuls gradins, car de là, RAS. Bien sûr, il faut accrocher à la musique power-rock et pleine d’emphase balancée par le groupe pour vraiment apprécier le spectacle qui s’offre à nos yeux embrumés par la fatigue, mais le trio, ce soir, aura parfaitement joué son rôle d’appetizer.

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Après une bonne demi-heure d’attente, enfin, le mécanisme tant attendu se déclenche. D’abord la salle, plongée dans la plus ardente des pénombres, et puis, de grands cercles lumineux en guise de fond de scène, un rouge d’abord, suivi d’un bleu, d’un jaune, et enfin d’un vert, venant tour à tour zébrer l’angoissante obscurité dans laquelle le public a été plongé quelques secondes auparavant, et célébrer le dernier album en date (Four) de nos stars du soir. Le tout sur un fond sonore menaçant, belliqueux, la promesse, en somme, d’un début de set musclé qui ne le sera finalement jamais.
Car Bloc Party ont choisi de se lancer dans le bain à la lueur de la langoureuse So He We Are, tirée d’un premier album unanimement salué à sa sortie. La poudre ne tardera pas à parler pour autant : Team A, morceau épileptique et ravageur dans sa seconde partie, est dégainé à peine le titre introductif bouclé, sans qu’un seul mot n’ait été adressé de la scène vers le public. Une belle manière pour le groupe de montrer qu’outre naviguer au gré de sa discographie, il saura surtout faire honneur à son goût pour le mélange des genres.

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Les titres foncièrement dansants qui ont fait leur succès, bien évidemment, Bloc Party ne les laisseront pas sur le bas-côté. Difficile d’imaginer leur set dénudé d'un bon vieux Banquet, ou de ce très cher Helicopter, gardé bien au chaud par le groupe pour mieux s’assurer une sortie à même de rester dans la mémoire collective, quand on voit à quel point le public y semble farouchement attaché. Par moments, c’est à croire que Bloc Party n’ont jamais sorti qu’un seul album, et quelques singles à l’occasion (la petite bombe électro-punk qu’est One More Chance saura faire son petit effet).
En laissant trainer l’oreille à la sortie du Zénith, on s'apperçoit que beaucoup semblent, c’est vrai, regretter l’époque Silent Alarm, un temps où les morceaux signés Bloc Party étaient simples, positifs, évidents. Des titres comme Ares, sérieusement foutraque, et surtout Coliseum, émaillé de riffs de guitare aussi crasseux qu’acerbes, semblent bel et bien décontenancer le public parisien qui, en conséquence sûrement, sera en très petite forme ce soir. Débordant d’énergie, Kele n’aura de cesse de héler son public de sa voix pâteuse (au hasard, pour lui expliquer le thème de ses chansons), de le provoquer, gentiment toujours, espérant qu’il donne au groupe ce que lui est venu lui offrir. Car c’est un fait, Bloc Party avaient bien des choses sous leur capot, et n’ont eu cesse de bomber le torse face à la léthargie ambiante.

Ça y est, le pouls repart, bien qu’encore faiblard. Entre l’énergie déployée par Kele, allant même jusqu’à tenter le pas de danse sur Flux et One More Chance, débarrassé de son encombrante guitare pour l’occasion, les effets de lumière puissants et bien amenés, l’engagement des musiciens (Russel ne fait que regarder ses pieds, certes, mais quel talent), et l’acoustique de la salle, l’assistance avait matière à se réveiller à mesure que la soirée avançait.

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Bloc Party, il est vrai, excellent quand il s’agit de broder des titres suaves, empreints de mélancolie et de bouts de soleil couchants. La voix de Kele, parfaitement en place, parachève le travail alors engagé : Four, Waiting For The 7.18, This Modern Love (une véritable ovation viendra sanctionner ce dernier, forcément attendu), difficile de rester totalement insensible à ces bulles de douceur, de ne pas dodeliner de la tête, de ne pas regarder l’autre, elle ou lui, assis à ses côtés. A d’autres moments, ce sont des morceaux plus véloces qui inviteront l’assistance à se donner - au moins - autant que les quelques rois du pogo concentrés au-devant de la scène. A ce jeu-là, The Prayer n'est d'ailleurs pas le plus mauvais des élèves : mené à train d'enfer par une batterie guerrière - très amusant, le Matt, avec son short - et des effets de lumières à vous mettre raide un épileptique, le titre saura sans mal éveiller l'enthousiasme de la foule. Mention très bien également pour l'inédit Ratchet, qui se paye même le luxe de rassurer les puristes; phrasé joueur, rythme entraînant, forte base électronique... Bloc Party semblent tout doucement s'éloigner de Four pour mieux revenir aux premiers amours de leurs fans. Et des leurs ?

Une bonne heure et demie après le début du show, alors que l'on regagne la bouche de métro la plus proche, on se dit que Bloc party n'ont peut-être pas gagné beaucoup de points avec leur dernier album, et que celles et ceux qui ont fait le déplacement ce soir (en masse, bien que le concert n'affichait pas complet) ont surtout affronté le froid pour savourer les morceaux les plus anciens et emblématiques du groupe. Pour autant, et malgré les rumeurs qui ont pu un jour nous faire douter, l'histoire continue. Le groupe sait comment procurer du plaisir en live, et il se pourrait bien que son nom vienne à nouveau titiller les sommets.
setlist
    THE JOY FORMIDABLE
    Cholla
    Austere
    This Ladder Is Ours
    Little Blimp
    The Greatest Light Is The Greatest Shade
    Cradle
    Whirring

    BLOC PARTY
    So Here We Are
    Team A
    Hunting for Witches
    Positive Tension
    Real Talk
    Waiting for the 7.18
    Song for Clay (Disappear Here)
    Banquet
    Coliseum
    Day Four
    The Prayer
    One More Chance
    Octopus
    ---
    Truth
    Ares
    This Modern Love
    Flux
    ---
    Ratchet
    Sunday
    Helicopter
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