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The Monochrome Set

Stockholm, Debaser Slussen - 21 février 2013

Live-report par Laurent

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Reformés depuis trois ans, le Monochrome Set ont sorti il y a un peu moins d’un an un dixième album, Platinum Coils. Alors qu’ils n’avaient pas joué depuis deux ans à Stockholm, d’où est originaire la violoniste Helena Johansson, le groupe anglais est revenu donner un peu de chaleur à la capitale suédoise. C’est au Debaser Slussen, petite salle fort sympathique d'une taille proche de celle de la Maroquinerie à Paris, posée entre deux ponts reliant les îles de Södermalm et Gamla Stan, que la bande à Bid a posé ses guitares en ce 21 février.

C’est le groupe instrumental local Mackaper qui assure la première partie devant une foule qui se refuse à s’approcher à moins de dix mètres de la scène. Ces trentenaires se définissant comme un groupe de folk psychédélique jouent une espèce de bouillie inaudible et vaguement expérimentale ne ressemblant malheureusement en rien à ce que n’importe qui de censé aurait attendu de cette définition... Bid, venu d’ailleurs les observer, ne s’y trompe pas et sort fumer une cigarette au bout de deux minutes. L’occasion de sortir à son tour dans la fraîcheur de la nuit scandinave pour échanger quelque mots une petite dizaine de minutes avec le leader du Monochrome Set. Au menu : les ex-nazis de Bolivie qui apprécient le groupe, du Morrissey-bashing, les fans japonais, la grossesse de la violoniste Helena ou encore l’International (oui, on parle bien de la salle de la rue Moret). De retour au chaud, nous constatons avec soulagement que Mackaper est en train de finir de jouer et le public va d’ailleurs commencer à se rapprocher de la scène sitôt leur set terminé.

La foule est finalement assez compacte, bien que le concert ne soit pas complet, lorsque le batteur Steve Brummel entre sur scène aux alentours de 21h30, coiffé d’un tarbouch rouge. Il commence à entamer la rythmique martiale de The Monochrome Set (I Presume), chanson d’ouverture de leur premier opus, Strange Boutique. Le reste du groupe arrive bientôt sur scène et le riff de guitare exotique lance le début des hostilités. Comme à leur habitude, les musiciens attaquent pied au plancher et enchaînent avec la deuxième chanson du même album, The Lighter Side Of Dating, et ses paroles hilarantes (Miss Système Solaire, lorsqu’on lui en demanda la liste, dit qu’elle ne connut pas d’amant. « Je suis toujours vierge et rien ne presse, votez pour mon hymen ! »). L'acoustique est bonne et les guitares toujours aussi rythmées même si la fosse met un peu de temps à se mettre dans le bain. La suite est du même acabit avec The Jet Set Junta, élégant single de 1982, et Alphaville, charmante face-B des débuts du groupe. Les quelques jeunes regroupés dans les premiers rangs se mettent enfin à danser.

Trois compositions tirées de leur dernier album, la géniale et entraînante Hip Kitten Spinning Chrome, le single Waiting For Alberto puis la belle ballade Streams, viennent ensuite nous rappeler que Bid n’a rien perdu de ses talents de songwriter, bien au contraire. Ces trois chansons pourraient aisément avoir été écrites par le groupe lors de sa période dorée, entre 1980 et 1985. Après un agréable plagiat de Jacques Brel en version un peu plus latine et dansante (Walking With The Beast, reprenant le rythme de la célèbre Chanson de Jacky), la ligne de basse endiablée ainsi que la batterie jazzy de The Ruling Class, satire de l’éducation britannique à la dure, vont sérieusement faire remuer les arrière-trains du public. A ce moment, on se demande comment cela aurait pu être meilleur.
Et, en effet, l’ambiance va peu à peu retomber avec les quelques chansons suivantes, sympathiques et toujours aussi bien jouées mais un peu en-dessous du niveau du reste du show. La machine à tubes va se remettre en marche avec un enchaînement de trois morceaux tirés du quatrième album du groupe sorti en 1985, The Lost Weekend. Sur la dernière, Jacob's Ladder, les premiers rangs se sont d’ailleurs remis à remuer ; de bon augure alors que le groupe va clôturer son set avec son deuxième single, la géniale Eine Symphonie Des Grauens.

Bid revient quelques instants après, accompagné de son fidèle et si talentueux guitariste Lester Square, vêtu ce soir d’un costume à rayures noires et blanches digne de celui de Beetlejuice. Le duo va alors se lancer dans la plus belle ballade du groupe, peut-être même l'une des plus belles ballades du début des années 80, la splendide Goodbye Joe. Tout le public écoute religieusement, il est toujours aussi impressionnant de voir comment cette chanson des plus simples peut dégager autant d’émotions... Le reste du groupe rejoint ensuite les deux guitaristes pour offrir leur tube, le premier single He's Franck, à une fosse qui n’attendait que ça. Deux derniers morceaux, le nouveau titre They Call Me Silence et l’excellent single de 1982 Cast A Long Shadow, sur lequel Lester Square sort un génial solo au bottleneck, clôtureront ce rappel plus que réussi.

Difficile de retourner à la réalité après un concert du Monochrome Set mais le vent de la mer Baltique vous y rappelle bien vite. Avant de partir, juste eu le temps de féliciter Bid avant de le quitter sur un « see you soon ». En attendant leur prochain concert, on peut toujours se réécouter les chefs d’œuvre du groupe sortis entre 1979 et 1985, auxquels certaines de leurs nouvelles chansons n’ont rien à envier.
setlist
    The Monochrome Set (I Presume)
    The Lighter Side Of Dating
    The Jet Set Junta
    Alphaville
    Hip Kitten Spinning Chrome
    Waiting For Alberto
    Streams
    Walking With The Beast
    The Ruling Class
    I’ll Scry Instead
    Fun For All The Family
    I’m Happy To Be Here
    Cauchemar
    Wallflower
    Cowboy Country
    Jacob's Ladder
    Eine Symphonie Des Grauens
    ---
    Goodbye Joe
    He's Franck
    They Call Me Silence
    Cast A Long Shadow
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