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Villagers
Bill Ryder-Jones

Paris, Cigale - 22 mai 2013

Live-report par Anne-Line

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Les amoureux du beau songwriting et des complaintes romantiques se sont donné rendez-vous ce soir à la Cigale, pour une très belle affiche, qui réunit à la fois Villagers et Bill Ryder-Jones, deux signatures de chez Domino Records. Trois mois tout juste après leur concert à la Maroquinerie, le groupe de Conor O’Brien a choisi de refaire escale à Paris, dans une salle beaucoup plus grande. En arrivant, on se demande même s’ils n’ont pas vu un peu trop grand… Si la Maroquinerie en février était pleine, cette fois-ci les balcons de la Cigale sont fermés pour la soirée...

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Cela ne semble pourtant pas impressionner Bill Ryder-Jones, en première partie ce soir. L’ex-membre de The Coral, pourtant réputé pour sa réserve quasi-maladive, arrive sur scène presque détendu, pour présenter son album solo. Il est entouré pour l’occasion de ses musiciens, au nombre de quatre, et l’ambiance au sein du groupe semble assez joyeuse. On soupçonne qu’ils ont dû se donner du courage à la manière anglaise, sous forme liquide... Qu’importe, ils installent d’emblée leur ambiance moelleuse et feutrée avec la chanson-titre de son dernier album, A Bad Wind Blows In My Heart, dans une Cigale qui peine encore à se remplir.
Bill fait pourtant l’effort de communiquer avec le public et présente les chansons, en élève un peu dissipé mais appliqué. Le rythme très lent des compositions (notamment Lemon Trees ou encore There’s A World Between Us) ne semble pas rebuter les spectateurs, lesquels s’intéressent à ses ballades cotonneuses et envoûtantes. Fait assez rare pour une première partie (surtout à Paris) le public ne semble pas complètement hostile et encourage même le groupe. Un bon point pour les fans de Villagers. Bill et ses musiciens, tous émérites et rescapés eux aussi de groupes liverpuldiens, loin de se contenter d'un copié-collé de l'album, vont apporter du corps aux morceaux, ici en accélérant le rythme, là en ajoutant une improvisation, mais sans jamais trahir l'esprit de l'album, ni les histoires que Bill raconte, pleines de poésie nonchalante. Derrière un côté un peu rugueux, se cache un musicien au talent toujours exquis, et au final éminemment séduisant. Après cela, vient le moment de l’entrée en scène de Conor O’Brien. Il arrive sans fanfare, seul avec sa guitare. Il entame a cappella le morceau Memoir, composé au départ pour Charlotte Gainsbourg, qu’il se réapproprie de la plus belle des manières : complètement à nu. La sensation d’assister à un moment privilégié est accentuée par les sièges vides à l'arrière de la salle. Puis le reste des musiciens le rejoignent. Lentement, mais sûrement, Villagers vont réussir à installer une atmosphère des plus denses, frôlant par moments l'expérience religieuse.

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Commençant en douceur avec My Lightouse, ils enchaînent sur l'offensive inquiétante de Passing A Message, et la gravité épique de Grateful Song est contre-balancée par la légèreté de The Pact (I'll Be Your Fever) . Le public, chauffé, se dérouille pendant Nothing Arrived en chantant en choeur, avant de replonger de plus belle dans les profondeurs de l'âme d'O'Brien, avec The Bell et son final quasi-mystique, le recueillement de Meaning Of The Ritual, avant d'être submergé par The Waves, grandiose épopée qui se termine en incantations, bientôt suivie comme sur l'album par Judgement Call. Puis le Ship Of Promises nous emmène irrésistiblement vers la fin du set, sous la forme de la mélopée Earthly Pleasure.

Quelques minutes de répit pour le groupe plus tard, Conor revient sur scène, de nouveau seul, pour un Cecilia And Her Selfhood presque narratif, avec des spectateurs très attentifs aux paroles, puis poursuit sur l'émouvant In A Newfound Land. La soirée se termine après un Twenty Seven Strangers empreint de sérénité, avec l'estocade finale portée par Becoming A Jackal, toujours magistrale.
Sous un air a priori inoffensif, Conor O'Brien cultive un monde fantasmagorique et pourtant apaisant, intense mais empreint de douceur et de félicité. Ses concerts, impressionnants, plongent le spectateur dans un univers dont il ne peut ressortir qu'avec une seule sensation, si rare et si recherchée, mais si rarement atteinte : la béatitude.
setlist
    BILL RYDER-JONES
    A Bad Wind Blows In My Heart
    Lemon Trees
    He Took You In His Arms
    There's A World Between Us
    Christina, That's The Saddest Thing
    Wild Swans
    Anthony & Owen

    VILLAGERS
    Memoir
    My Lighthouse
    Passing A Message
    Set The Tigers Free
    Grateful Song
    The Pact
    Nothing Arrived
    The Bell
    The Meaning Of The Ritual
    The Waves
    Judgement Call
    Ship Of Promises
    Earthly Pleasure
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    Cecilia And Her Selfhood
    In A Newfound Land, You Are Free
    27 Strangers Becoming A Jackal
photos du concert
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