Si leur notoriété ne cesse de croître exponentiellement depuis les dernières semaines, ce principalement en raison des nombreuses louanges adressées par la presse française et internationale lors de la sortie de leur album
The Shadow Of Heaven, MONEY restent encore aujourd'hui de parfaits inconnus en France pour quiconque n'a pas pris le soin de se pencher sur leurs deux singles publiés l'année passée,
Who's Going to Love You Now/Goodnight London et
So Long (God Is Dead), ou d'assister à une poignée de dates intimistes à Paris ou en province. En ce lundi 9 septembre, à l'heure de se produire dans une salle de la Flèche d'Or complète et à l'atmosphère irrespirable pour une soirée [PIAS] Nites organisée par leur label français, MONEY semblent en passe de s'exposer eux et leur univers si particulier au plus grand nombre.

Ce soir, les quatre jeunes musiciens originaires partagent toutefois les honneurs avec BRAIDS ainsi que la tête d'affiche Jagwar Ma, attendus en conséquence en seconde position sur le coup de 21h30. Après une courte demi-heure consacrée à l'installation des instruments, la scène se voit plongée dans la pénombre alors que la fosse demeure toujours éclairée. A quelques mètres de là, un silhouette fend la foule en déclamant un texte dans la langue de Shakespeare. Sourire aux lèvres, Jamie Lee, guitariste et chanteur du groupe, parvient à faire cesser le brouhaha ambiant et à attirer tous les regards d'une salle comprenant rapidement la singularité du personnage. Après quelques minutes de ce surprenant one man show, le jeune homme grimpe sur scène et se voit immédiatement rejoint par ses trois camarades pour entamer la plage d'ouverture de leur disque :
So Long (God Is Dead).

Parfois connu pour son indiscipline, le public se tait, captivé par la prestation du leader de la formation, désormais torse nu derrière son microphone. La musique se fait aérienne, l'ambiance religieuse et mystérieuse, alors que le chant ne cesse de grimper vers les cieux, poussé par la délicatesse des instrumentations de Charlie Cocksedge, Scott Beaman et Billy Byron, tout en retenue et impeccable derrière sa batterie. Quelques six minutes plus tard, la salle semble d'ores et déjà avoir pris conscience de vivre un moment d'exception. Habités par leurs compositions, MONEY poursuivent leur démonstration avec l'un des titres forts de leur répertoire,
Who's Going To Love You Now. Là encore, le mysticisme de l'univers des anglais fait des merveilles alors que le chant prend petit à petit ses distances avec celui d'Ellery James Roberts des éphémères WU LYF.

C'est avec un
Bluebell Fields étiré et plus prenant que jamais que le groupe va pour la première fois tutoyer des sommets ce soir. Jamie Lee se révèle habité par sa musique, portant sur ses frêles épaules une prestation à l'intensité palpable et allant jusqu'à descendre de la scène pour observer le reste du groupe opérer son périple instrumental ou distribuer vin, bières et whisky au public. Si
Cold Water, d'une qualité moindre, provoque une baisse de tension temporaire, le final symbolisé par
Letter To Yesterday après une quarantaine de minutes passées sur scène va alors tenir toutes ses promesses : quelques accords de guitare laissent la place à la basse pénétrante de Scott Beaman tandis que Jamie Lee, guitare et pied de microphone en mains, s'installe en fosse au milieu du public avec lequel il n'aura de cesse d’interagir tout au long du titre. L'ensemble de la salle, sous le charme durant plus de cinq minutes, se laisse alors bercer une dernière fois par l'une des compositions les plus réussies du quatuor.
A la lueur de leur démonstration du jour, MONEY, auteurs de l'un des disques phares de cette fin d'année 2013, font d'ores et déjà preuve d'une maturité, d'une présence et d'une aisance scénique au-dessus de la moyenne. De futurs grands.