MONEY
alt-J

Un 3 mars 2012 au Point Éphémère : Alt-J, en première partie furtive, n'intéressaient alors qu'une poignée de spectateurs curieux. Pourtant, à cette époque déjà, nous étions tombés en admiration devant la pop inventive et merveilleuse de ces quatre « monsieur-tout-le-monde ». Depuis, l'ascension n'en finit plus et du Point Éphémère à La Cigale, c'est aujourd'hui à l'Olympia qu'ils font salle comble. En tournée depuis plus d'un an et demi, ils posent une dernière fois pour cette année leurs valises pour l'un des concerts les plus attendus de cette rentrée.



Inviter un groupe tel que MONEY pour assurer la première partie paraissait d'une parfaite évidence tant le parcours des Mancuniens paraît similaire à celui de leurs aînés. Jamie Lee et sa bande ne cessent de faire parler d'eux depuis quelques mois et les éloges pleuvent. Ce soir encore, ils ne feront pas mentir et seront à la hauteur de leur réputation. Malgré quelques titres un peu en dedans, ils sauront garder l'attention d'un public pourtant distrait au démarrage. En effet, nous sommes loin des spectateurs habituels écumant les salles de concert parisiennes et tous attendent fébrilement l'arrivée de leurs nouvelles idoles. Un air de déjà-vu, donc, nous rappelant ce fameux concert de 2012. Souhaitons à MONEY une aussi fulgurante carrière !
La magnifique salle de l'Olympia est désormais prête, les premiers rangs se sont resserrés et les instruments sont en place. Un air de hip-hop résonne pour accueillir Alt-J ; pas forcément de circonstance mais le décalage est drôle. Au parterre, c'est l'hystérie et les jeunes filles semblent frôler la crise d'apoplexie.



Depuis que le groupe a gagné en notoriété, la scène a quant à elle perdu son austérité : grandes tentures en arrière-plan à l'effigie d'An Awesome Wave et forêt de spots pour créer une ambiance plus propice, Alt-J n'étant pas connus pour être des bêtes de scène. Le set débute enfin, sans grande surprise, sur l'Intro #1 suivie de Fitzpleasure et là, indéniablement, nous n'avons plus affaire aux mêmes quatre petits geeks que nous avions rencontrés l'an dernier ; la machine Alt-J est rodée et si leurs débuts étaient parfois hésitants, plus rien n'est désormais laissé au hasard. Ils maîtrisent totalement leur sujet et il faut dire qu'en un an et demi et des tournées à la pelle, ils ont eu le temps de peaufiner les arrangements live de leurs morceaux.
La setlist est presque rigoureusement identique à celle des soirs précédents, le groupe entrecoupant les morceaux de l'album avec de nouvelles compositions pas toujours très entraînantes. Techniquement, Alt-J sont devenus irréprochables mais parallèlement, ils ont perdu cette émotion qui les différenciait de toutes les autres formations et lorsque vient le moment de Matilda, cela nous semble frappant, comme si tout était devenu plus lisse, plus parfait. Tout le monde le sait, la perfection n'a rien d'excitant.



Peut-être tournent-ils depuis trop longtemps avec un répertoire finalement assez peu fourni qui les oblige à rejouer chaque soir les mêmes morceaux, peut-être sont-ils juste fatigués, nous nous refusons de penser qu'ils puissent avoir perdu la flamme qui les animait jusqu'alors. Nous sommes tout de même forcés de constater que l'entrain n'est plus le même. Fort heureusement, la lassitude n'aura pas le temps de s'installer puisque les Anglais ne livreront qu'une heure de concert, rappel inclus.

Attendant que les fans regagnent les portes, nous nous laissons aller à quelques réflexions : certes, Alt-J n'ont pas la présence scénique d'un Chris Martin mais s'ils se perdaient dans les méandres du succès pour perdre leur créativité et sombrer dans une pop de stade vendeuse, certes, mais ennuyeuse à souhait comme ont pu le faire Coldplay ces dernières années ? Nous en sommes loin mais le deuxième album devrait nous fournir quelques éléments de réponse.