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Johnny Borrell

Paris, Maroquinerie - 20 octobre 2013

Live-report par Mélodie

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Il n’est jamais très facile pour un frontman de quitter un groupe qui marche pour se lancer dans un projet perso à l’opposé de ce qu’il avait l’habitude de faire. Le public n’est pas toujours prêt à suivre le mouvement. C’est le cas de Johnny Borrell qui s’est détaché de sa clique de Razorlight pour sortir un album plus jazzy avec Zazou, sa troupe de musiciens décalés. Ce soir, pour leur concert à la Maroquinerie, la foule qui se pressait pour voir Razorlight n’est pas au rendez-vous. La salle peine à se remplir, si bien qu’à l’entrée on peut voir Freddy Stitz offrir quelques places aux passants. Les absents ont toujours tort. Johnny Borrell & Zazou méritent pourtant le déplacement.

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Comme lors de leurs précédents shows, notamment celui au Truskel, c’est Pat Dam Smyth qui assure la 1ère partie du concert. Ce grand barbu qu’on devine à peine sous son grand chapeau qui lui mange les yeux attise la curiosité avec son blues. Malgré une Maroquinerie peu remplie, ce dernier, accompagné de Chris McComish aux percussions, reçoit de chaleureux applaudissements. Après lui, c’est au tour de Z Berg d’entrer en scène, une petite blonde toute frêle venue de Californie, qui minaude à la guitare et hypnotise les regards masculins. Elle commence par une reprise en anglais du classique de Jacques Brel, Ne me quitte pas. Plutôt étrange. C’est le seul titre qui attire l’attention, car malgré son joli minois et un certain humour, Z Berg endort la salle plus qu’elle ne la chauffe.

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En attendant la tête d’affiche, la Maroquinerie se remplit un petit peu plus. Si certains sont assis par terre, endormis par le folk paresseux de Z Berg, d’autres débordent d’une énergie qui annonce le concert qui va suivre. Une piste de danse s’improvise au centre de la salle. D’ailleurs, Joao, le saxophoniste brésilien qui accompagne Johnny Borrell, vient swinguer (le mot est judicieusement choisi) avec quelques amis, sous les yeux de tous. L’ambiance est festive et donne frénétiquement envie de danser.

On ne peut commencer à parler du concert sans évoquer les looks atypiques des membres du groupe qui accompagne Johnny Borrell. D’abord il y a le pirate/trappeur Freddy Stitz, affublé d’un bandeau sur la tête et d’une peau de renard sur les épaules. Ensuite viennent Darren et Joao, très chics dans leurs costumes de jazzmen qui leurs donnent des airs de gangsters. Et au milieu de tout ça, Johnny Borrell, très simple, avec de grandes boucles qui lui tombent sur le visage. Voilà une bien joyeuse bande de copains qui vient, en toute simplicité, faire de la musique pour quiconque voudra bien les écouter.

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Si certains sont venus dans l’espoir que Johnny Borrell fasse du Johnny Borrell, ils se sont trompés d’endroit. Mais les plus malins auront senti le talent jusque dehors. Borrell 1, premier album de l’ex-leader de Razorlight, a fait peu de vagues sur la planète Musique, mais gageons que la scène devrait réhabiliter le succès que mérite le projet personnel de l’anglais.

Comme lors de leurs précédents concerts, Johnny Borrell et ses Zazou assurent le show comme jamais. Ils entament la soirée avec Joshua Amrit et Dahlia Allegro, deux des meilleurs titres de l’album. Si la Maroquinerie n’est vraiment pas pleine, cela n’empêche pas de se mettre dans une ambiance très jazzy, tout au contraire. Les proches du groupe qui dansaient avant le concert continuent de chauffer la piste, invitant même à danser certains. C’est convivial et festif, et cela ajoute un caractère assez exceptionnel à la soirée. Le concert se poursuit donc dans une atmosphère très intime et énergique. Johnny Borrell fait le show, habité par chacune de ses chansons. Pour Cyrano Masochiste, il interprète son morceau très théâtralement, insistant sur le « Big nose ». La soirée monte en intensité lorsque Freddy Stitz, toujours au piano, entonne River Song. Sa voix rocailleuse est caressée par les notes de piano et de saxophone. Le tout est une petite douceur pour le cœur. Pour l’occasion, Johnny Borrell s’est mis sur le côté, guitare à la main, pour laisser « son zazou » sous le feu des projecteurs. Le groupe est vraiment uni si bien que l’on a du mal à se dire qu’il s’agit principalement du projet de Johnny Borrell.

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Une fois n’est pas coutume, pour satisfaire les fans de la première heure de Razorlight, Johnny Borrell nous gratifie du titre In The City. Il fait monter la tension avec un rythme très saccadé qui met la foule en liesse. La présence du saxophone ajoute une petite touche vintage qui donne une nouvelle jeunesse à la chanson.

La suite du concert est un enchainement de pépites musicales. Les Zazou intervertissent leurs instruments, rendant leur groupe plutôt atypique. S’il est une chose dont on peut être sûr, c’est que le talent ne manque pas. Johnny Borrell a très bien su s’entourer. Chacun des zazou porte le projet du chanteur avec beaucoup de classe et de justesse. On ne peut qu’être transporté par leur énergie communicative malgré la différence de ton avec ce qui avait été fait avec Razorlight.

A voir Johnny Borrell s’amuser autant sur scène, on ne peut que lui souhaiter longue vie, à lui et ses Zazou.
setlist
    Joshua Amrit
    Dahlia Allergo
    Cyrano Masochiste
    Ladder To Your Bed
    Pan-European Supermodel Song (Oh! Gina)
    Cacambo's March
    River Song
    In The City (Razorlight cover)
    Man Gave Names To All The Animals (Bob Dylan cover)
    Power To The Woman
    Each And Every Road
    Erotic Letter
    We Cannot Overthrow
    ---
    Dagger Song
    Joshua Amrit
    Last Night (Buddy Holly cover)
photos du concert
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