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Teleman

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 17 décembre 2018

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Auteurs en 2018 de l'un des meilleurs albums britanniques de l'année, Family Of Aliens, Teleman étaient de passage à Paris cet automne. Nous les y avions rencontrés avant leurs prochains concerts début 2019 au Maroc et à Londres.

Dans quel état d'esprit étiez-vous après Brillant Sanity au moment de composer ce disque ?

Dans un état d'esprit très positif. A l'époque de Breakfast, notre premier album, nous étions plus des individualités qu'un véritable groupe. C'est seulement à partir de Brillant Sanity que nous avons commencé à nous sentir comme un groupe et, au niveau production, à nous éloigner des standards indie.

Vous êtes allés vers un côté dansant sur cet album...

Dansant est le bon mot. Nous ne voulons pas faire des trucs dance, mais des trucs dansants, oui. Nous voulons proposer des choses loin des standards indie qui peuvent très vite nous ennuyer. Nous n'avons pas un son indie, d'ailleurs.

On dit souvent que le troisième album est le plus dur à faire...

Vraiment ? Ce disque a été le plus facile de notre carrière à composer et à produire. C'est le premier qui a été le plus difficile. Le second album est souvent considéré comme le plus compliqué à réaliser car c'est celui où tu dois trouver ton identité. Ce qui est difficile, c'est de n'être pas catalogué. Ce sont les journalistes qui font des classifications : britpop, indie... Le terme indie peut signifier n'importe quoi. Souvent il est utilisé pour les groupes à guitares. Nous en avons un peu marre des guitares. Nous les aimons encore mais ne composons plus nos morceaux à la guitare.

Dans le passé il y avait une grosse influence krautrock dans votre musique, mais qui a presque disparu sur ce disque...

C'est vrai. Nous nous sommes éloignés de cette influence mais ce n'était pas conscient. Nous avons cherché de nouvelles structures. Sur scène, nous sonnons cependant encore assez krautrock.

Vous explorez de nouvelles directions musicales avec Family Of Aliens...

Oui, nous essayons toujours d'expérimenter d'un album à l'autre, de ne pas faire les même choses à chaque fois. Sur ce disque, nous avons essayé de nouvelles choses au niveau électronique par exemple.

L'album dégage une énergie positive...

C'est bon à savoir. Nous avons pris énormément de plaisir à l'enregistrer. Nous avions un très bon producteur qui nous a inspirés.

Family Of Aliens est sans doute le titre le plus ouvertement pop que vous ayez fait. Il me fait penser aux Sparks...

Cool. Nous adorons les Sparks. On ne sait jamais comment l'auditeur va recevoir notre musique. C'est toujours intéressant de savoir comment les gens peuvent percevoir ce que tu produis.

Brillant Sanity était plus sombre que cet album ?

Peut-être. Mais même si cet album est positif, les paroles sont assez sombres.

De quoi parle Family Of Aliens ?

Du fait de se déconnecter du monde.

Le disque est une collection de singles...

Nous aimons les chansons de ce disque. Ce sont des chansons courtes donc oui elles ont forcément un côté single.

Vous aviez travaillé avec Bernard Butler sur votre premier album. Cela a-t-il aidé le groupe à grandir ?

C'est difficile à savoir. Notre premier single avait été bien reçu. Nous ne nous attendions pas forcément à ça. Bernard Butler est un super producteur, un grand guitariste et un mec très gentil.

Vous êtes signés depuis vos débuts sur Moshi Moshi. Vous restez fidèles à ce label...

Oui, car ils ont de très bonnes idées. Ils respectent notre créativité. A part si tu es un groupe qui fonctionne comme une usine, il est important d'avoir un label qui te respecte et c'est le cas avec eux.

Vous avez été dans les charts anglais avec chacun de vos albums. C'est important pour vous ?

Non, cela nous importe peu. Nous avons envie de faire des disques qui nous plaisent, qui plairont à nos fans et aux gens qui nous découvriront. C'est un vrai bonheur de voir de nouvelles personnes venir aux concerts. Etre dans les charts est quelque chose de très relatif. Tu ne joues pas de la musique pour y être.

La pochette de ce nouvel album est-elle inspirée par Mondrian ?

Non. Ellle ressemble à du Mondrian, c'est vrai, mais ça ne l'est pas. On nous a aussi dit que c'était du Bauhaus mais ça ne l'est pas non plus (rires).

Vous êtes souvent considérés comme un groupe intello. Est-ce que vous pour vous art et musique sont liés ?

Absolument. Les deux sont liés. Tu peux imaginer chaque chanson comme une peinture ou une sculpture. Nos paroles sont comme du Pollock. Nous n'aimerions pas écrire des choses évidentes. Nous avons envie que ce soit un peu obscur. Nous nous imaginons mal sortir des morceaux avec des paroles à la « I love you so much »...