Ce soir, il est temps de renouer avec ses anciennes amours. Après une absence de près de cinq ans, le groupe rock indé The Fratellis fait son grand retour parisien à la Maroquinerie. En 2006, on les érigeait au rang de meilleur nouveau groupe anglais, suite au succès de
Chelsea Dagger et
Flathead, entre autres tubes. Depuis la rentrée, ils ont renoué avec leur public, à la sortie de
We Need Medicine, un troisième album qui ne fait pas l'unanimité.
La première partie est assurée par
Deaf Havana : des rockeurs aux cheveux longs, gros bras et tatouages énormes dont la musique fait mal aux oreilles. Lorsque
The Fratellis apparaissent sur scène, on ne peut s'empêcher d'avoir un pincement au cœur. The Fratellis, c'est toute une époque. John Lawler, le chanteur, n'a pas changé, comme figé dans le temps. On se souvient très bien de lui, dans le clip de
Chelsea Dagger, un haut de forme sur la tête qui lui donne un air de Willy Wonka, et des bouclettes au coin des yeux. Les bouclettes sont toujours là, et le petit grain de folie aussi. Ce soir, la Maroquinerie est nostalgique, peut-être un petit peu trop d'ailleurs. Leur nouvel album
We Need Medicine, sorti à la rentrée, n'a pas plu autant que les précédents. Et cela se sent légèrement tout au long de leur set.

Le public est plus réceptif sur les vieux titres. Il connait les chansons par cœur et fait un tapage énorme pour chacune d'entre elles. C'est le cas notamment de
Whistle For The Choir, que le public chante avec John Lawler dans un petit moment de complicité. Ce dernier a conscience que les gens attendent surtout les vieux titres. D'ailleurs, il annonce qu'ils joueront autant de vieilles chansons que de nouvelles. Le public est bon joueur et accueille tout de même avec chaleur le nouvel album bien que le thermomètre baisse ostensiblement. The Fratellis reprennent même un vieux standard des années 60 de Dion,
Runaround Sue. Une nouvelle version qui donne un coup de fouet au classique.
Après le rappel, deux mots sont sur les lèvres de tous :
Chelsea Dagger. Le tube incontestable de The Fratellis n'a toujours pas été joué, or, le public l'attend comme le Messie. «
Chelsea... Chelsea... Chelsea... » peut-on entendre à chaque fin de chanson. Le groupe n'y prête pas attention, jusqu'à ce que les premières notes si connues se fassent entendre. La foule hurle de joie, mais il semble bien que ce soit la seule. Certainement lassé de l'engouement que suscite
Chelsea Dagger, John Lawler a l'air de vouloir s'en débarrasser rapidement. Leur version du tube, bâclée, est assez décevante car ils ne mettent pas le cœur à l'ouvrage. On dirait que The Fratellis n'aiment plus le titre qui a fait leur succès, surement parce qu'on le leur a trop réclamé. Cette fausse note est d'autant plus dommageable que les anglais ont livré un set incroyable qui a satisfait tout le monde.

The Fratellis ont livré ce soir un très bon concert, très énergique, et nous ont rappelé pourquoi ils ont eu autant de succès de par le passé. Si le public a renoué avec son ancien groupe fétiche, il ne semble pas avoir, pour autant, accueilli le nouvel album avec le même entrain. Finalement, on a le sentiment, à la sortie, d'avoir assisté à une soirée
Best Of plutôt qu'à la promotion d'un nouvel album. Mais il était quand même bien bon de les retrouver !