Souvenir d'une époque où l'indie rock déchainait encore les passions, les Fratellis étaient de passage à Paris ce mardi 27 octobre pour un concert en bonne et due forme.
Après une première partie assurée par les Rennais de LYS, c'est dans un Trabendo bondé et surchauffé qu'apparaissent les Fratellis, au son d'une musique qui n'a pas grand-chose à voir avec la leur, la symphonie d'Orphée aux Enfers. S'il fallait résumer ce concert en trois mots, ces mots seraient rythme, tubes et nostalgie.

Rythme d'abord. Les Écossais ont trouvé la cadence parfaite à donner à leurs concerts. Ils varient avec brio les modulations, les montées et les descentes, les accélérations et les pauses, alternant les morceaux rock, les ballades pop, les nouveaux titres, les hymnes et les classiques sans jamais perdre le tempo ; et le public se laisse totalement emporté sur cette route que le groupe a dessinée pour lui.
Tubes ensuite. A commencer par celui que tout le monde a sur les lèvres,
Chelsea Dagger, source inépuisable de pogos. L'hymne des stades nous a été réservé pour la fin de la soirée mais le concert est émaillé tout du long de succès comme
Whistle For The Choir qui déclenche autour de moi quelques « oh my God » à peine étouffés. Les Fratellis ont le sens de la mélodie, et c'est le moins qu'on puisse dire. Ce sont des maitres du songwriting, à défaut d'être de grands artistes.
La recette est irrésistible et les ingrédients irréprochables mais le résultat manque un peu d'âme. A l'inverse des Libertines, reconnaissables entre mille, les Fratellis n'ont jamais vraiment trouvé leur patte, condamnés à être un groupe sans véritable identité. Ce qui ne veut pas dire que les Fratellis ne sont qu'une usine à tubes. Pour eux la musique est un besoin vital. Sans nous ils ne seraient pas un groupe et s'ils n'étaient pas un groupe ils ne seraient rien, voilà ce que ce que nous dit Jon Fratelli, leader et guitariste du groupe.

Nostalgie, enfin. Retour en adolescence. Les musiciens ont des gueules de grands ados qui n'ont jamais grandi. Le chanteur Jon Fratelli nous raconte ses premiers ébats dans
Got Ma Nuts From A Hippy, et les débuts du groupe : la première rencontre, la première chanson, le premier succès. Pour autant, le groupe ne passe pas son temps à regarder en arrière. Il fait la part belle ce soir à son nouvel album,
Eyes Wide, Tongue Tied, plus country que ses prédécesseurs. Il nous montre le chemin parcouru ensemble et nous invite à poursuivre la route, pour conclure sur ces mots : « Without you we are not a band ».
Proclamé un jour « nouveau meilleur groupe britannique », relégué le lendemain au rang de pseudos Libertines sans talent, le groupe écossais formé en 2005 a déjà une longue histoire derrière lui. A en croire le concert de ce soir, cette histoire est loin d'être terminée.