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Neils Children

Paris, Espace B - 27 janvier 2014

Live-report par Jeremy Leclerc

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Neils Children font partie de ces groupes qui inspirent les autres mais qui jamais ne recevront la monnaie de leur pièce. Si les Horrors ou These New Puritains ont réussi à tirer leur épingle du jeu - en 2007 pour l’un avec l’album Strange House, post-punk nerveux s’accoquinant avec des fétiches garages et gothiques, en 2008 pour l’autre avec un Beat Pyramid post-punk arty – le catalyseur, et fer de lance de cette scène londonienne plutôt sombre a longtemps été Neils Children. Il suffit de voir le style dandy-corbeau des Horrors et des Neils Children à la même période, c’est-à-dire autour des années 2005-2007, pour se rendre compte de l’évidence. Sans doute que les multiples changements de line-up n’ont pas aidé le groupe à se pérenniser.

Alors que les Horrors se préparent à sortir leur quatrième album en cette année 2014, et qu’ils investissent de plus en plus les festivals européens, qui se souvient encore des Neils Children ? Personne à en juger par la capacité de la salle dans laquelle ils jouaient lundi 27 janvier dernier : l’Espace B. Une salle de bain coincée au fond d’un bar perdu à quelques rues de la station Corentin Cariou, dans les confins du 19ème arrondissement parisien.
En guise de salle, on croirait un garage, au fond duquel on aurait installé un bar. Rien d’anormal donc à voir les mecs de Neils Children traverser la salle et troquer la pinte pour l’instrument en l’espace de dix secondes. Mais avant eux, c’est un homme seul, guitare électrique en main, qui se présente en première partie : Franz Is Dead. Et dieu que ce mec est bon ! Cet ancien musicien de studio, parisien, joue une espèce de rock mi-Virgins mi-pop flirtant avec le blues à la White Stripes. Ça bouge, ça crisse, ça racle, et ça reste en tête, les mélodies sentent le printemps et l’huile de moteur. Ce mec est bon et le public ne s’y trompe pas.

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Quelques fans de la première heure, et surtout pas mal d’Anglais, sont venus encourager Neils Children, lesquels s’étaient séparés en 2010 avant de se reformer en 2012 et d’annoncer la sortie d’un nouvel album, leur huitième. Enregistré en France, à Toulouse aux studios La Vache, et produit par le label français Boudoir Moderne, Dimly Lit sort courant 2013. Exit le post-punk, la véritable identité du groupe se situe désormais vers le genre psychédélique, même si le naturel revient parfois vite au galop. Dès la deuxième chanson, le groupe emmené par John Linger, auteur-compositeur, au chant et à la guitare, et Brandon Jacobs à la batterie, les deux membres permanents du groupe depuis sa création en 1999, c’est un orgasme fait de guitares furieuses en érections permanentes que le groupe offre au public. Edward The Confessor partouze entre les solos bohèmes néo-psyché, cavalcades de folies sur une terre en feu, et la froideur clinique d’une rythmique post-punk hyper répétitive. Neils Children résument en un seul morceau ce qu’ils sont devenus. En un morceau, le concert est une réussite. Après ça, la suite n’est qu’anecdotes.

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Neils Children ne paient pas de mine sur scène. Ils ressemblent à tous ces mecs qui ont un groupe de potes et cherchent à faire du rock pour s’amuser. Débarrassés de leurs costumes noirs, ils n’ont plus rien d’inquiétant, ni même d’esthétiquement excitant. Ils arrivent cependant par le simple vecteur de la musique, à instaurer une tension qui tient en haleine n’importe quel péquin venu les voir jouer par hasard. Une tension héritée du post-punk qu’ils jouaient jadis sur l’excellent album X.Enc sorti en 2009. Si parfois leur côté arty prend le pas sur l’efficacité pop, il n’a fort heureusement rien d’abscons.

Neils Children ne fait pas dans la branlette. Neils Children est de ces partenaires sexuel dont le souvenir reste vivace malgré les années.
setlist
    At A Gentle Pace
    Edward The Confessor
    The Highs And Lows
    Circle Of Hands
    Never Could Be Another Way
    Trust You
    Warm Wave
    Those You Thought Would, But Who Never Will Again
    What's Held In My Hands
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    Black Cat
    The Way The Web Was Woven
    Dimly Lit
photos du concert
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