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Babe
Tunng
Barbarossa

Paris, Trabendo - 13 février 2014

Live-report par Julien Soullière

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Si se présenter comme « un évènement moderne illustrant l’avant-garde musicale international » est au mieux pompeux, au pire totalement inexact, on ne pourra pas reprocher au festival FIREWORKS! son absence total de bon goût, celui-ci proposant notamment d’ici au 23 février des concerts de Wild Beasts, Of Montreal, ou encore Tunng, tête d’affiche du soir au Trabendo.

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Finalement, peu importe le nom, le nombre, et les subterfuges marketing qui accompagnent ces évènements tant que la qualité est au rendez-vous. En parlant de qualité, on ne pourra malheureusement pas disserter sur la prestation de Babe, fraîchement débarqué dans l’écurie Moshi Moshi, car à notre arrivée, on nous informe que celle-ci est terminée depuis plusieurs minutes déjà.
On se consolera bien assez tôt,certes, mais si déjà l’occasion nous est donnée de découvrir de nouveaux artistes, il est toujours frustrant de ne pas pouvoir en profiter au mieux. Le temps n’étant ni à l’agitation, ni au silence, on se dirige donc vers le bar dans l’attente du prochain set, et c’est armé d’une bière bien fraiche qu’on se prend à errer dans la salle, plutôt facilement d’ailleurs, l’affluence étant plutôt faible ce soir, d’où la présence des barrières installés pour mieux regrouper les quidams dans la partie la plus proche de la scène.

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Lorsque les lumières se taisent enfin, c’est avec précipitation que l’on porte le verre à notre bouche, pour mieux engloutir cette dernière gorgée que l’on sait bien amère. Timide, si timide qu’il nous semblait vouloir s’excuser d’être là, voilà que débarque sur scène un rouquin chétif affublé d’une casquette aussi rouge que sa barbe, suivi de près par un homme qui s’avèrera plus tard être son percussionniste. Derrière cette pilosité couleur fauve, il y a Barbarossa, et derrière Barbarossa, il y a James Mathé, un gars du genre discret, qui, de longues années durant, a mis son timbre de voix au service du guitariste et interprète José González. Exit son statut de choriste, Mathé ne roule désormais que pour lui, et s’il préfère aujourd’hui s’entourer de claviers et autres boites à rythmes plutôt que de s’adjoindre les services d’une bonne vieille six-cordes, l’instrument fétiche de son ancien mentor, les deux hommes ne sont pas sans partager quelques points commun : un goût prononcé pour les titres doux aux émotions brutes, et une voix, naviguant haut dans les aigus, qui s’impose chez chacun comme l’élément central de leur musique.
Auteur, il y a plusieurs éternités de cela, d’un premier album passé inaperçu (Chemical Campfires), Barbarossa s’est offert une seconde vie en août dernier avec la sortie de son nouvel opus, Bloodlines, le premier signé sur Memphis Industries, et qu’il vient aujourd’hui défendre devant le public parisien. Discret tout du long de son set, Mathé entraine l’air de rien son monde, aidé par la technique du lieu, qui rend ici justice à la voix parfaitement placée du britannique, et à sa musique faite de silences et de petits riens. Parfois (S.I.H.F.F.Y) solennelle, des fois plus ardente (Turbine), sa musique fait du bien, et si le bonhomme n’est pas une bête de scène, sa prestation dit l’essentiel. Du coup, insatiables que nous sommes, on en aurait volontiers pris une rasade de plus.

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Adossé au bar, à discuter, l’entracte file comme l’éclair. Une fois encore, la luminosité se fait soudain plus discrète, et le public se tourne d’un seul homme vers la scène, non sans accompagner son mouvement d’un râle enthousiaste, mais difficilement descriptible.
Mike, Ashley, Phil... ils sont tous là, et c’est avec le sourire qu’on les accueille. A eux six, ils sont un véritable concept. A première vue, on tient là une chorale comme il en existe beaucoup, mais à mieux y regarder, ils sont aussi disparates en style qu’unis par une même idée de la musique. En résulte un groupe patchwork, où la chemise hawaïenne côtoie le costume ivoire trop grand, et le cheich tendance bourgeois bohème. Tout cela est original, mais se déploie avec une intéressante finesse, quasi imperceptible, anecdotique, à l’instar de cette musique de films érotiques qu’ont aimé à composer à leurs débuts Sam Genders et Mike Lindsay, les fondateurs de Tunng.
Si chez Barbarossa, la soul s’acoquinait volontiers avec l’électronique, chez Tunng, celle-ci tire sa révérence au profit d’un folk désinhibé. Car oui, le folk peut ne pas être un long fleuve tranquille. Chez nos britanniques, il y a toujours un clavier, un jeu de percussion, un changement de rythme qui vient pimenter la mayonnaise, et nous évite, l’heure tardive aidant, de piquer du nez tel l’automobiliste fatigué d’une route sans courbes ni fin. Même la voix du chanteur, monotone il faut bien le dire (si Barbarossa a un côté James Blake mass-market, alors cette voix ressemble à s’y méprendre à celle de David « Fujiya & Miyagi » Best), se trouve suffisamment agrémentée en chœurs pour ne pas que se lèvent les cartons rouges.
Le public, lui, ne semble pas s’être gavé d’excitants, se contentant d’applaudir et de siffler entre les morceaux. En même temps, si les membres de Tunng ne sont pas avares en sourires discrets, exception faite du bassiste, qui semble bien à l’écart d’ailleurs, le groupe n’est pas le plus expressif du monde. Avec Tunng, on le disait, tout se fait avec parcimonie.

Allez, il est l'heure. De partir, mais du bilan également. Et à ce jeu là, si les auteurs de ...And Then We Saw Land ont fait le boulot avec tout ce qu'il faut de professionnalisme, c'est James Mathé qui tire son épingle du jeu ce soir, ayant réussi à parfaitement retranscrire en live la sensibilité à fleur de peau qui habite sa musique. Bien joué, l'ami.
setlist
    BABE
    Non disponible

    BARBAROSSA
    Non disponible

    TUNNG
    Once
    So Far From Here
    The Village
    The Roadside
    Tale From Black
    By This
    Bloodlines
    Embers
    Jenny Again
    Trip Trap
    It Breaks
    By Dusk They Were In The City
    Hustle
    ---
    Woodcat
    Bullets
photos du concert
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