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Barbarossa

Interview publiée par Xavier Ridel le 23 septembre 2013

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Signé sur le label Memphis Industry (Poliça, The Go! Team, Pure Bathing Culture...) James Mathé, alias Barbarossa, a sorti son deuxième album le 9 septembre dernier. Nous voilà donc partis à la rencontre de l’homme à la casquette toujours vissée sur le crâne dans un hôtel de Pigalle. La veille de son concert à la Flèche d’Or, « Barbe Rousse » revient tout juste d’Amsterdam. Il arrive avec un peu de retard, s’excuse poliment et, toujours avec le sourire, nous parle de ses débuts, de la France et de cinéma.

D'où vient ton nom de scène, Barbarossa ? De ta barbe, je suppose ?

L'histoire est plus compliquée que ça. Ce qu'il faut avant tout savoir c'est que j'ai toujours adoré le vin rouge. J'étais en vacances en Italie et sur le voyage du retour, j'ai acheté en duty-free une bouteille. Sur l'étiquette de cette dernière trônait un homme avec des cheveux longs et une grande barbe rousse, dont le nom était Barbarossa. J'ignorais alors la signification de ce patronyme, je savais juste que je l'adorais (rires). Qui plus est, cet homme ressemblait énormément à mon grand-père. C'est ensuite que ce nom a pris tout son sens.

Comment ta carrière en tant que musicien a t-elle commencé ?

J'ai commencé à apprendre le piano quand j'avais huit ans, en planchant sur des morceaux classiques. Mais à vrai dire je n'étais pas réellement passionné par ça. Je me suis très rapidement tourné vers la composition, qui m'intéressait beaucoup plus, vers l'âge de dix ou onze ans. Je n'écrivais pas de paroles, simplement quelques bouts de mélodies par-ci par-là. Néanmoins, je dois t'avouer que ces morceaux étaient vraiment très mauvais (rires). Les années passant, j'ai commencé à jouer dans quelques groupes, mais rien de très sérieux avant vingt-et-un ans. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que je pouvais écrire mes chansons, et les jouer telles qu'elles me plaisaient après avoir sué sang et eau sur leurs arrangements. Après le piano, je suis devenu obsédé par la guitare acoustique et la folk music (Nick Drake, John Martyn). J'ai décidé de mélanger ça à des touches d'electronica. Et c'est ainsi qu'est né mon premier album (ndlr : Chemical Campfires). J'ai par la suite eu un trou de cinq ans pendant lequel je me suis plongé dans les arrangements, l'instrumentation et la production. Je me suis également découvert une passion pour les claviers en tout genre et les boites à rythme, comme on peut le voir sur mon deuxième album (ndlr : Bloodlines). Pour ce dernier opus, je me suis en fait complètement détourné du folk.

Quelles ont alors été tes influences ?

Beaucoup de soul, comme Otis Redding, Stevie Wonder, ou encore Al Green. Et également de l'electronica.

Chaque artiste a une manière bien à lui de créer. Quelle est la tienne ?

Et bien, je n'ai pas vraiment de méthode prédéfinie. Mais j'écris aujourd'hui le plus souvent à partir d'un riff de piano. C'est ainsi qu'ont été conçus The Load et Turbine, par exemple. J'utilise très souvent un piano qui appartient à mes parents, le même que lors de mes débuts, à huit ans (rires). Quand je rentre à la maison, je pose mes doigts sur ce clavier, et voilà.

As-tu des influences particulières concernant les paroles de tes chansons ?

Pas vraiment. Tout est affaire de mélodie. Tout dépend de mon ressenti au moment de jouer la composition en question. Je ferme les yeux et me perd dans la musique, c'est ainsi que les paroles me viennent. Sommes toutes, tout ça est très naturel.

Ton label, Memphis Industries, est notamment connu pour la liberté qu'il laisse à ses artistes. Es-tu d'accord avec ça ?

Oui, totalement. Ils m'ont vraiment supporté dans mon projet, m'ont enjoint à faire ce que je désirais. C’est un jeune projet et ils sont vraiment concernés par leurs artistes, font attention à ce que tout aille pour le mieux pour ces derniers. Ils sont toujours prêts à « mouiller le maillot » pour nous... (rires) et je trouve ça vraiment très important, en particulier de nos jours. En outre, pour ce qui est des autres artistes du label, j’aime beaucoup Poliça, bien entendu, mais également Pure Bathing Culture, avec qui je vais surement jouer dans peu de temps.

Qu’espères-tu être dans, disons, cinq ans ? Comment vois-tu le futur de Barbarossa ?

Je serai simplement très heureux de voir que le projet continue à grandir. Je ne veux pas dire par là jouer dans des stades et cætera, mais évoluer, et juste pouvoir continuer comme maintenant, construire quelque chose, voyager et surtout enregistrer des disques dont je suis fier. Tu sais, je peux aujourd’hui vivre de ma musique et je suis conscient de ma chance. Tout s’enchaine très vite avec Barbarossa, j’ai également joué avec Junip, et j’aimerais que les années futures ressemblent à celle-ci.

En parlant de Junip, tu as joué avec eux il y a quelques temps au Trabendo. Que penses-tu du public français ?

C’est un public différent de tous. J’ai entendu que la foule parisienne pouvait comme à Londres être parfois considérée comme difficile. Mais ce soir là, l’assemblée était vraiment surexcitée, et je ne m’attendais pas du tout à ça, puisque je n’étais qu’une première partie. C’était honnêtement un des meilleurs concerts que j’ai pu faire, et je ne dis pas ça parce que tu es français, c’était une nuit géniale.

Apprécies-tu des groupes français ?

Je connais bien François & The Atlas Mountains. J’ai également fait leur première partie lors de mon premier concert en France pour une Coconut Party à Saintes. J’aime aussi beaucoup Petit Fantôme, qui est une de mes sorties préférées cette année. J’adore également The Shoes, et Air, bien sûr !

La scène, est-ce important pour toi ?

Oui, plus que tout. J’aime également le confort du studio et de l’écriture, mais rien ne vaut le plaisir ressenti lorsqu’on fait un concert. Je crois qu’il est impossible de savoir de quoi je parle si on n’a jamais vécu ça. Quand je suis sur scène, je me sens tellement vivant. Quand je suis face à une audience, j’ai simplement l’impression de faire de ma vie quelque chose de louable.

Quel est le premier album que tu aies acheté ?

Je pense que c’est Bad, de Michael Jackson, et un enregistrement de Blur. Le tout en cassettes (rires). Ce furent les premiers albums que j’ai acheté avec mon propre argent. Avant, j’écoutais les vinyles de mes parents, principalement de la soul, comme Stevie Wonder, ce genre de choses.

Quel est ton album préféré ?

Ça diffère tous les jours, en fonction de mon humeur. Je pourrais t’en citer trois. Aujourd’hui, je dirais Stevie Wonder. Il y a également l’album éponyme de The Band et Tonight Is The Night de Neil Young.

Je sais que le cinéma tient une grande une grande importance dans ton travail. Pourrais-tu m’en parler un peu plus ?

Tout à fait. Pour tout te dire, quand j’écoute un album, je me concentre sur un tas de choses. Les accords, les instruments utilisés, la production, etc... Je me pose un tas de questions puisque, comme tu le sais, je connais un peu la musique (rires). Autour du cinéma plane le mystère, je peux ainsi me perdre dans les images, et c’est ce mystère qui rend les films si inspirants pour moi.

Quels sont tes réalisateurs préférés ?

Vincent Gallo, James Gray et Woody Allen. J’ai sommes toutes des gouts assez classiques (rires) !