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Jungle

Paris, Trianon - 1er mars 2014

Live-report par Fab

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Pour une jeune formation en devenir, assurer la première partie d'un groupe avec lequel elle ne partage rien ou presque s'avère le plus souvent un excercice difficile. Désintérêt du public, temps restreint pour convaincre, pression de se produire dans un lieu d'une taille inhabituelle peuvent souvent conduire l'artiste, si ce n'est à un désastre, à un spectacle indigne de son talent dans les conditions live. En se voyant offrir la possibilité de lancer la soirée pour les américaines de HAIM au Trianon, Jungle se voyaient placés dans une situation similaire sur le papier. Contre toute attente, porté par un public sous le charme, trente minutes après leur apparition sur scène, leur premier concert à Paris constituait alors une belle réussite.

Il n’est pas encore 20h dans la salle du Boulevard Rochechouart mais un public nombreux est déjà présent. Majoritairement jeune et féminin, ce dernier ne semble a priori pas destiné à accueillir comme il se doit une formation comme Jungle dont l’univers ne ressemble en rien à celui de la tête d’affiche du soir. Si l’on ne sait encore que très peu de choses sur ses membres, la formation londonienne cultivant avec une application certaine un épais mystère quant à ses origines et les différents éléments la constituant, l’apparition sur scène de pas moins de sept musiciens se fait en toute discrétion dans une quasi obscurité, de faibles éclairages dissimulant un peu plus des visages parfaitement inconnus de tous.

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Au centre de la scène, deux vocalistes peuvent être assimilés au cœur du groupe, alternant entre claviers, guitare et basse, tandis qu’un guitariste supplémentaire, un batteur, un percussionniste mais aussi pas moins de deux choristes complètement le casting.

Sans crier gare, le groupe débute son set avec un premier titre instrumental durant lequel toute sa palette artistique se voit étalée le temps d’une poignée de minutes. Visiblement rodés, les musiciens livrent des interprétations d’excellente facture du maigre répertoire encore à leur disposition à l’heure actuelle. Envoûtants lorsque leurs influences soul prennent le dessus, irrésistibles lorsque leur funk teinté d’une subtile touche électronique emmène le public dans des pas de danse, dodelinements de têtes voire même sauts faisant vibrer le sol de la salle, ces sept inconnus recueillent rapidement des applaudissements chaleureux à l’issue de chacun des titres joués, gagnant ainsi progressivement en confiance et prenant leurs aises au fil des minutes.
Proposant pas moins de huit compositions durant une prestation de quelques trente minutes, Jungle se démarquent par deux voix dont la complémentarité est une évidence et une ambiance que ne renieraient pas les amoureux de Shaft.

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Si l’entame du set se veut sage, Lucky I Got What I Want, introduit par un sample de sirènes de police, sert ce soir de détonateur au groupe londonien, la seconde moitié du concert monte d’un cran. Dernier single en date, Busy Earnin' est immédiatement adopté, son rythme entrainant et dansant achevant de convaincre les sceptiques dans la foulée d’un Drops renforcé par des claquements de doigts et des percussions électroniques. Vraisemblablement surpris par l’accueil lui étant réservé ce soir, le groupe multiplie les « thank you » adressés à la salle, et c’est avec Platoon dont les chœurs et les « I'll knock you down » vont résonner dans les têtes quelques minutes encore que le septet tire sa révérence non sans avoir une dernière fois poussé la fosse à se trémousser.

Tant sur scène que sur disque, Jungle se placent dès à présent comme l'une des probables révélations de l'année 2014. A vérifier le 6 mai prochain lors de leur venue au Nouveau Casino de Paris en tête d'affiche !