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Gruff Rhys

Paris, Nouveau Casino - 29 avril 2014

Live-report par Amandine

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L'affiche de ce soir en aura surpris plus d'un : le talentueux Gruff Rhys, héraut de la pop galloise depuis plus de vingt ans, est relégué en première partie d'un jeune groupe qui aurait probablement plus à apprendre de son aîné que le contraire. Soit... Quoi qu'il en soit, même la demi-heure à attendre sous la pluie, en file indienne sur le trottoir devant le Nouveau Casino ne parviendra pas à nous ôter le plaisir impatient de revoir celui qui transforme le quotidien en folie psychédélique.

Aujourd'hui, c'est en solo qu'il vient nous présenter son nouvel album, American Interior, à paraître dans quelques jours. La sobriété de la scène n'a d'égal que celle du bonhomme. Ce dernier traverse la salle dans un quasi anonymat pour enfin attraper sa guitare et nous conter la vie de John Evans, héros de son nouveau projet.

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Il paraît en effet difficile de ne pas toucher quelques mots de la genèse d'American Interior tant elle est représentative de l'esprit hyper créatif de Gruff Rhys. A la poursuite d'un parent éloigné parti du Pays de Galle jusqu'aux États-Unis afin de rencontrer la dernière tribu de langue galloise du pays de l'Oncle Sam, Gruff Rhys, aidé d'un compère de The Flaming Lips, a retracé ces péripéties, ponctuant chaque étape d'un concert. En résultent un album, un livre, un documentaire et une application pour smartphone, rien que ça !

Maintenant que le décor est planté, permettons à la magie opérer. On avait laissé Gruff lors de sa tournée Hotel Shampoo dans un show interactif et farfelu. Nous le retrouvons aujourd'hui dans un environnement plus dépouillé, sa coiffe de loup en peluche comme seul accessoire. De sa voix rauque et de son accent si caractéristique, il se présente, humblement, et entame alors un set que l'on aurait aimé bien moins court. Entre titres de son dernier né (Iolo, American Interior) et d'autres de son précédent (Honey All Over, Sensations In The Dark), Gruff Rhys nous révèle une fois encore toute la magie et la poésie de son art.

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Mais comment un tel prodige, à la musicalité et à la fragilité sans pareil peut-il encore rester autant sous-estimé ? Cependant, dans la salle, beaucoup ne s'y trompent pas et ont rejoint les premiers rangs pour réserver au musicien l'accueil qui lui est dû.

Gruff ne s'accompagne ce soir que de sa légendaire guitare sèche, son métronome et son vieux tourne-disques créant cette atmosphère sonore si particulière. Dans un ultime titre, il module sa voix pour nous emmener aux fins fonds du psychédélique, là où John Evans, avec sa foi pour compagne, traversa les États-Unis à la recherche de son Atlantide. L'honnêteté de ce set, dont chaque instant nous touche jusqu'au fond de nos tripes, restera un moment de grâce, que l'on espère voir se reproduire plus longuement dans un futur proche.