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Girls Names

Paris, Le Pop-Up du Label - 9 juin 2014

Live-report par Jeremy Leclerc

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On a peu l'occasion d'aller se régaler les oreilles au Pop Up du Label, métro Ledru-Rollin, et peu souvent l'occasion d'en entendre parler, eut égard à sa position géographique : le bar-restaurant-salle rock est pour ainsi dire coincé contre les arcades de l'Avenue Daumesnil, dans ce que l'on pourrait facilement appeler un trou à rats. Et pourtant, les trois mecs et la fille, bassiste, de Girls Names, venus tout droit de Belfast, Irlande du Nord, ont en ce lundi 9 juin marqué les esprits aussi forts que la foudre l'avait fait sur la capitale la veille.

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Le public investit les lieux rapidement. Plongée dans l'obscurité, une grosse cinquantaine de personnes, moyenne d'âge vingt-cinq à trente ans, un public averti, réuni dans une salle au bout d'un mince couloir en forme de coude. Et les quatre Irlandais de monter sur la petite scène encaissée comme un nid creusé dans la terre noire. Scène monochrome pour un groupe monochrome. Tous vêtus de noir, ou de blanc pour le chanteur et guitariste Cathal Cully, les membres de Girls Names utilisent la nourriture mélancolique que l'on trouve à Belfast, en bas des tours de béton, pour faire un post-punk lorgnant du côté de Joy Division, période premier album, ou des premiers essais d'un groupe plus récent, Neils Children. Un son âpre, fait d'enchevêtrements rugueux, guitare, basse, clavier, et batterie robotique entremêlés en un espèce d'orage moite et délicieusement mélancolique, comme on peut l'entendre sur Pittora Infamante ou A Second Skin.

La voix caverneuse de Cathal Cully résonne tout au fond de ce grondement électrique comme un instrument. Sur la plupart des chansons, ces mêmes instruments prennent le pas sur l'organe vocal de Cully. Les guitares tissent une toile d'araignée dans laquelle chaque personne venue assister au show se verra capturer. Les couplets vocaux font place à des solos mélodiques, par-dessus lesquels la batterie de Gib Cassady, fan des Bad Seeds – le backing band de Nick Cave – et des Birthday Party – le premier groupe de Nick Cave – vient ajouter par sa violence et sa répétitivité une dureté noire comme on en entend rarement de nos jours. Girls Names régalent le public à un point tel que, passées les premières chansons, tout ce petit monde se met finalement, et rapidement, à remuer dans tous les sens, porté par l'enthousiasme de ces fringants Irlandais.

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C'est peu dire qu'ils vivent leur musique, vu l'acharnement qu'ils mettent à faire monter leur sauce, et à faire entrer en état de transe les spectateurs après cinq, six, sept ou huit minutes d'un lourd vrombissement similaire au bruit de bombardiers survolant au-dessus de nos têtes.

Un final en apothéose. The New Life en rappel, près de huit furieuses minutes, tirant sur les saturations, tabassant l'auditoire par une batterie métronomique, offrira au groupe plongé dans la moiteur estivale baignant dans la salle, un souvenir impérissable de cette visite en terre parisienne car c'est par une ovation de trois minutes que le groupe se verra remercié. On en voulait plus, et nul doute que le bouche à oreille donnera la prochaine fois l'occasion à cet excellent groupe de remplir une plus grande salle !