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Childhood

Paris, Alhambra - 24 juin 2014

Live-report par Maxime Canneva

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Trois jours seulement après la fête de la musique (qui au fur et à mesure des années revêt de plus en plus l’habit d’une bacchanale recouvrant le tout Paris que d’un véritable culte musical) la ville lumière a eu le temps de se refaire une beauté et enfile ses plus beaux habits de soirée pour recevoir des invités de marque : les New-Yorkais d’Interpol ainsi que Childhood. Pourtant habitués des grosses salles, les américains ont ce soir décidé de jouer dans une ambiance intimiste au sein de la salle de l’Alhambra, pour les quelques chanceux qui avaient été assez rapides pour obtenir leur billet.
Et à l’occasion de leur tournée en Europe, les américains ont décidé de prendre sous leur aile et dans leur tour-bus les jeunes anglais de Childhood, dont les premiers singles parus au cours des dernières années laissaient présager de très bons rendus en live.

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Le quintet est d’ailleurs l’un des nouveaux protégés de la presse outre-Manche et cela se comprend. Dans une veine psychédélique très en vogue qui n’est pas sans rappeler celle des excellents Tame Impala, leur premier album Lacuna à paraître cet été est attendu de pied ferme par tous les amateurs du genre.
C'est peu avant vingt heures que les Londoniens investissent la scène de l’Alhambra, qui commence à afficher un très bon taux de remplissage, preuve que leur notoriété a également commencé à atteindre le continent.
Et cette inspiration psychédélique qui se dégage de leurs titres studios se trouve magnifiée par le live où les émanations shoegaze emplissent d’entrée de jeu un Alhambra charmé, grâce à l’efficacité du single Blue Velvet. Ce titre, comme tous les autres, sera d’ailleurs joué à une vitesse légèrement inférieure à celle de sa version studio, comme si le groupe cherchait à prendre son temps sur scène, à ne pas s’embourber inutilement dans la précipitation ni à expédier l’instant qu’il savoure tout autant que le public.

Leur répertoire varié, de l’imparable balade dream-pop As I Am au plus brutal et direct Pinballs, prouve que les jeunes gens ne cherchent pas à cristalliser leur songwriting dans un style trop précis ou cloisonné, bien au contraire. Et bien qu’on puisse leur reprocher de ne pas avoir encore complètement apprivoisé l’espace scénique par un statisme parfois un petit peu trop marqué, on ne peut que constater et approuver l’énergie dégagée tout au long de leur set de quarante minutes, achevé par la puissante déferlante instrumentale de leur Solemn Skies. Vivement l’album.

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Alors que les roadies s’attellent au changement de plateau, la fosse se resserre petit à petit et les travées du balcon de l’Alhambra sont également envahies par un public qui veut vivre du plus près possible un concert homologué comme d’anthologie avant même son commencement. Un grand drap aux couleurs du prochain album des New-Yorkais (nommé El Pintor, vous avez vingt secondes pour trouver l’anagramme) représentant deux mains féminines orne l’arrière de la scène et ajoute une ambiance ouatée et mystérieuse dans la salle où les lumières s’éteignent petit à petit.
Ovationnés avant même de commencer leur set, Interpol savent que ce soir, plus que jamais, le public parisien est de leur côté. Il faut dire que dès les premières notes de Say Hello To The Angles la voix de Paul Banks prend au tripes et ne les relâchera pas de la soirée. Plus qu’une révélation, la musique d’Interpol en live s’avère être un véritable uppercut, qui assomme autant qu’elle hypnotise. Les frissons qu’elle provoque se font encore plus forts alors que l’Alhambra entier murmure de concert « Rosemary, heaven restores you in life » sur l’introduction de Evil.

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Les deux premiers albums des New-Yorkais, Turn On The Bright Lights et Antics seront spécialement à l’honneur ce soir, 90% de la setlist en étant issus. Seuls trois titres tirés de l’album à venir cet automne seront joués, afin de préserver le suspense sûrement, mais attisant l’envie de le découvrir avec autant d’impatience que ses prédécesseurs.
Les américains n’oublient pas de remercier chaleureusement leur public de quelques mots en français ainsi que Childhood pour avoir assuré avec brio leur première partie, avant de faire définitivement sauter la pression contenue au sein de l’Alhambra avec leur titre Slow Hands, provoquant des débuts de pogo au sein de la fosse.

Une heure précisément après le début du concert le groupe quitte la scène sous un tonnerre d’applaudissements, qui ne se tarira pas et les fera revenir pour un rappel de circonstances. Le titre Stella Was A Driver And She Always Down achèvera de glacer le sang de l’assemblée, encore un peu groggy lorsque les lumières se rallument dans la salle mais consciente d’avoir assisté à un bien beau moment.
setlist
    Blue Velvet
    You Could Be Different
    Pinballs
    As I Am
    Falls Aways
    When You Rise
    Right Beneath Me
    Bond Girl
    Solemn Skies<
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