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Peter Hook & The Light

Paris, La Machine du Moulin Rouge - 7 octobre 2014

Live-report par Jean Duffour

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C'est dans l'ambiance sombre mais non moins chaleureuse de la Machine du Moulin Rouge que tout un peuple (on distingue en effet quelques anglais dans la fosse) s'était rassemblé ce mardi soir pour célébrer, entre autres mais avant tout, la mémoire de Ian Curtis. Ce, à travers le grandiose Peter Hook, qui ne s'étant jamais vraiment remis de la mort de son acolyte, avait entrepris en 2013 de lui rendre hommage en réservant la première partie de ses concerts avec les Lights, à un set composé de chansons de Joy Division, pour la plupart tirée de la bible Unknown Pleasures.

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Le concert s'ouvre donc sur la sublime Dead Souls, l'ambiance est déjà au rendez-vous tout comme la voix de Peter, incroyablement puissante et fascinante. La formation est à l'aise, la grande messe ne fait que commencer. Les chansons s'enchaînent dans la contemplation jusqu'à Ceremony, maîtrisée à la perfection et marquant le premier éveil du public. Hooky, tantôt figé sur son inséparable dernière corde de basse, tantôt haranguant la foule avec ses bras, est animé par une puissance supérieure. Il est appuyé par son guitariste et son claviériste aux chœurs, tandis que le batteur, véritable métronome, redouble d'agilité sur ses toms, pour un rendu excellent.
Il faut cependant attendre She's Lost Control pour voir apparaître les premières véritables exultations du public littéralement transcendé, désormais transformé en masse de pantins désarticulés et possédés. À peine le temps de sortir de cette transe que l'on s'y replonge dès qu'Atrocity Exhibition retentit. Là encore, Peter Hook nous surprend avec sa voix incroyable, d'une beauté noire qui nous rappelle celle de Ian. Déchainé sur sa basse, et parfaitement secondé par son fils – l'autre bassiste –, ainsi que par son guitariste placide, Hooky en profite pour aller démolir son pad placé devant la batterie dès qu'il en a l'occasion. Une première pause est marquée sous un tonnerre d'applaudissements. La salle encore sous le choc reste considérablement sur sa faim, mais les habitués du Hooky sont formels, il vient là de livrer l'un de ses meilleurs sets dédiés à Joy Division.

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Sous l'indigo des lumières de ce mardi bleu et avec la même énergie que pour sa première apparition, Peter Hook revient sous les acclamations pour la deuxième partie du concert, où sont attendues les chansons des albums Low Life et Brotherhood de New Order, ainsi que quelques suppléments. Comme s'il ne les avait jamais quittés, Peter Hook et son jeu de basse venu des cieux soulèvent la foule dès Let's Go. Les chansons sont incroyablement nombreuses, et malgré son âge avancé il les assure de manière divine. Même lorsque son souffle le lâche, la foule acclame comme il se doit cet homme venu d'une autre planète, qui le lui rend bien. Ce souffle qu'il nous coupera d'ailleurs lorsqu'il commencera à jouer Elegia seul, assis sur une chaise au milieu de la scène et des lumières, avec pour unique accompagnement ces synthés mystiques.
Dès que le riff de Bizarre Love Triangle se fait entendre, la plupart du public croit apercevoir la fin du set et pense qu'il est plus que jamais nécessaire de célébrer le héros du soir : la salle toute entière vibre au son des basses, des sauts et des hurlements. Les temps d'accalmies marqués par les synthés féériques ne sont que leurres alors que chacun s'égosille de plus belle, en chœur avec un Peter Hook qui ne tient plus en place, dès que le refrain revient.
Pourtant le set est bien loin de s'achever. Sur la splendide Every Little Counts, particulièrement émouvante, le groupe effectue son avant-dernière sortie avant de revenir pour une dernière salve au sein de laquelle la magistrale True Faith subjugue le public aux anges devant cette voix inépuisable et ces chœurs célestes. Extraordinaire.

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Temptation, qui clôt le rappel, est survoltée. « Oh it's the last time – last time Paris ! ». On danse à s'en arracher la tête et les cordes vocales sont grillées par les chœurs, qui résonnent encore bien que la chanson soit finie. Le groupe s'apprête à partir, mais est interrompu par une requête du manager et finalement, malgré une setlist déjà bien fournie, les premières notes de Love Will Tear Us Apart apparaissent au bout des doigts de Hooky. L'explosion est sans précédent, le pogo infernal, les hurlements massifs. Des frissons, des larmes. Le morceau est chanté avec autant de vigueur que d'émotions, tant par le groupe à bout de forces que par la foule irradiée de bonheur. À tel point que Peter Hook, au bord de l'évanouissement mais plus que jamais transcendé, n'ose interrompre cet ultime instant de communion intense.

Il n'y aura jamais assez de pages ni de mots suffisants pour décrire la magie qui a opéré ce soir, tout comme il n'y en a jamais eu assez pour décrire le phénomène Joy Division. Une chose est certaine, Peter Hook est un digne représentant de cette époque révolue, gravée pour toujours en nous. Et ce soir plus que jamais, nous comme lui, avons été touchés par la main de Dieu. Celle de Ian Curtis.
setlist
    Dead Souls
    Leaders Of Men
    New Dawn Fades
    Ceremony
    Digital
    She's Lost Control
    Atrocity Exhibition
    ---
    Let's Go
    Lonesome Tonight
    Thieves Like Us
    Love Vigilantes
    The Perfect Kiss
    This Time Of Night
    Sunrise
    Elegia
    Sooner Than You Think
    Subculture
    Face Up
    ---
    Paradise
    Weirdo
    As It Is When It Was
    Broken Promise
    Way Of Life
    Bizarre Love Triangle
    All Day Long
    Angel Dust
    Every Little Counts
    ---
    State Of The Nation
    Confusion
    True Faith
    Temptation
    Love Will Tear Us Apart
photos du concert
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