Pour la dernière date de leur tournée en Europe, Fear Of Men se sont produits ce 20 octobre au Point Éphémère. Souvent de passage sur la capitale, le groupe de Brighton se voyait ainsi placé en tête d'affiche pour la première fois à Paris, accompagné en première partie par le sextuor français Bravery In Battle.
Sans grande prétention, la musique instrumentale de
Bravery In Battle pose l'ambiance, délivrant de longues compositions de post-rock atmosphérique desquelles on sent clairement les inspirations anglaises et américaines. Elles alternent moments d'accalmie et explosions électriques, emmenées par la basse qui porte la tension sur ses cordes, notamment sur la grande
This Bell Will Ring Or This Bell Will Break en fin de set.
Fear Of Men fait ensuite son entrée en scène peu de temps après la prestation de Bravery In Battle. Trio en studio mais épaulé en live par Becky Wilkie à la basse et aux chœurs, le groupe débute aussitôt les hostilités avec le génial diptyque habituel
Alta/Waterfall. S'ensuit logiquement
Green Sea, qui, dès les premières notes, impose son atmosphère noire et tendue.
Mosaic, Doldrums, Born, Seer, Ritual Confession, Tephra, la Cranberries-esque
Descent : les titres s'enchaînent les uns après les autres sans aucun temps mort, piochant aussi bien dans
Loom, paru en début d'année, que dans leur compilation de singles,
Early Fragments. A mi-parcours, le public parisien a par ailleurs droit à une surprise toute particulière de la part du groupe, qui n'est autre que la sublime
Luna interprétée dans un français délicieux par la chanteuse/guitariste Jessica Weiss.
Alors que Daniel Falvey, le guitariste, gesticule beaucoup et se déplace régulièrement en direction du batteur et claviériste Michael Miles, Jessica Weiss et la timide Becky Wilkie restent quant à elles relativement statiques. Ce n'est qu'en milieu de concert que Jessica Weiss s'agite, abandonnant la guitare le temps d'une reprise électrisante de
Pink Frost (The Chills) pour se porter uniquement sur le chant, délivrant ici le morceau le plus énergique de la setlist avec
Inside, qui termine ces trois quart d'heure de show sur une note rock déchaînée.

A peine
Inside terminée que Jessica Weiss revient pour le rappel, sans même attendre que les spectateurs se mettent à le réclamer ! Seule à la guitare, dans une obscurité quasi complète, elle interprète la douce
Atla. Les trois autres musiciens reviennent ensuite sur scène pour interpréter
America : le quatuor délivre ici une version saisissante du titre, où le refrain se voit somptueusement interpréter tour à tour par les deux présences féminines, rendant alors compte de la voix délicate de la pas si timide Becky Wilkie qui n'a clairement rien à envier à celle de Jessica, qui achève le show a capella devant une audience véritablement conquise.
Pas de surprise donc pour un groupe qui, même s'il n'attire toujours pas foule en salles – pour des raisons au-delà de la compréhension humaine –, satisfait toujours autant le public présent et fidèle. Vivement la prochaine tournée !