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Breton

Paris, Casino de Paris - 25 novembre 2014

Live-report par Julien Soullière

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Nous sommes le mardi 25 novembre, il est 19h30, et les rues parisiennes sont bercées par une douceur automnale assez inhabituelle en cette période de l'année, mais à laquelle il faudra vraisemblablement s'habituer. A cette heure-ci, les abords du Casino de Paris ne sont pas encore pris d'assaut, et il est donc aisé de passer portes et vigiles, et de se hisser jusqu'au-devant de l'estrade.

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DYD. Trois lettres, imposantes, ostentatoires, imprimées en majuscules sur le mur dressé en fond de scène et qui, nous l'apprendrons bien assez tôt, ne dénotent pas avec la musique du trio italien, sorte de power pop matinée de R'n'B, remplie d'effets « whaou », de beats musclés, et saupoudrée d'une voix vocodée à mort. Musicalement, et comme il n'y en avait que pour une demi-heure, on n'aurait finalement pas eu grand-chose à y redire, surtout qu'il faut savoir ne pas rester trop sérieux. Le problème, le vrai, c'est donc cette voix maquillée, transformée, déshumanisée, et qui violera nos oreilles plusieurs minutes durant. Désolé pour Breton, dont DYD sont apparemment très proches, mais on ne peut ni rire, ni se délecter de tout. En attendant la tête d'affiche, on préfèrera donc parler de tout et de rien dans le lobby de la salle, ou à défaut, s'aérer l'espace de quelques instants.

Ce soir, c'est le grand soir. Les héros du jour, nos bidouilleurs de sons et d'images préférés, mettent un point d'orgue à leur tournée avec le sentiment du devoir accompli, repus, et très certainement heureux. Heureux de très bientôt mettre un terme à un road-trip qu'on imagine exténuant bien que rempli de belles choses, mais heureux également de clôturer ce chapitre de leur vie dans une ville qu'ils affectionnent tant, Paris, tête de proue d'un pays qui depuis le début aura su faire bon accueil à ces énergumènes venus de l'autre côté de la Manche.

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Et d'entrée, le groupe saute à pieds joints dans le plat, dégainant un Got Well Soon incandescent et qui, dans la version courte ici proposée, possède tous les arguments pour convaincre en peu de temps les plus récalcitrants à danser de s'exécuter. Il aura donc suffi à Breton d'un titre pour planter le décor, le leur, et se rassurer sur la forme de son auditoire : lui aussi est venu s'amuser, célébrer comme il se doit cet ultime rendez-vous et, c'est sûr, temps clément et heure peu tardive auront aidé les convives à donner le meilleur d'eux-mêmes le temps d'un concert fort délectable.

Mais nos francophiles eux aussi sont en forme. Si, en bon leader, Roman Rappak n'hésite pas à invectiver la foule en brandissant son microphone ou le manche de sa six-cordes, ses acolytes ne sont pas en reste, et c'est donc avec une certaine délectation que l'on observe Daniel McIlvenny et Ryan McClarnon se déhancher comme des cabris sous acide, tandis que Ian Patterson, qui n'aura pas gardé bien longtemps son sweat à capuche sur les épaules, s'amuse à nous prendre à partie comme le ferait un rappeur américain en pleine confiance, non sans se détacher de son extrême concentration. Si on n'entendra sûrement jamais dire de Breton qu'ils ont proposé le concert de l'année, reste que c'est un plaisir de voir un groupe qui ne vit pas que pour son leader, et qui laisse la personnalité de chacun s'exprimer. Il est en tout cas loin le temps où les bassistes, raides comme des piquets, ne faisaient que regarder leurs merveilleux panards. Côté performance, au passage, Breton ne se sont toujours pas détachés de ce côté brouillon qui les caractérise, la voix de Rappak, pas toujours totalement en place, en étant l'un des exemples les plus emblématiques, mais c'est aussi ce qui fait le sel de cette formation atypique et attachante, et la chose tranche également de fort belle manière le côté désormais bien rodé du show.

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Il n'est pas question de Formule 1 ici, mais le set passe à une vitesse incroyable, les titres également d'ailleurs. Et il est vrai que, dans l'absolu, on n'aurait pas été contre des morceaux un chouïa plus longs, des crescendos un poil plus excitants, des finaux plus monstrueux encore. Des titres aussi jouissifs que Edward The Confessor ou Closed Category, parfaitement exécutés au demeurant, ont clairement été écourtés, ce qui n'est jamais sans faire naître un sentiment de frustration. Mais à bien y regarder, tout ceci ne pèse finalement pas lourd face à la joie d'entendre un maximum de titres dans leurs versions live (qu'ils viennent d'albums, d'EPs, ou de la récente réédition de War Room Stories), quitte à ce que le tout ressemble parfois à un bon gros medley. Car, et c'est là tout l'intérêt d'assister au climax d'une tournée, on peut s'attendre à d'agréables surprises, et dans le cas présent, c'est une setlist allongée qui nous sera proposée, pour un concert qui ne durera pas moins d'une heure et demie.
Au bout de la route, armés de ballons gonflables, certains bleus, d'autres blancs, le public crie au groupe son désespoir, le faisant revenir sur scène (mais quelle surprise !) pour un rappel long de deux titres. Ce sont 15 Minutes et December qui seront choisies. Et pour mieux faire durer le plaisir, Breton inviteront DYD à les rejoindre sur scène en toute fin de set, précisant à la foule depuis bien longtemps conquise que cette fête ne pouvait pas être totale sans que soit réunie « toute la famille », donnant un air agréable de Cosa Nostra à cette détonante fin de soirée.

En quelque sorte, ce soir aura été le baroud d'honneur de Breton avant un repos d'ores et déjà bien mérité, mais dont on ne sait pas encore s'il est temporaire ou définitif, du moins sous la forme actuelle du projet. Le temps le dira. Quoiqu'il en soit, jusqu'ici, tout s'est superbement bien passé. Merci pour ce beau et long moment.
setlist
    Got Well Soon
    Counter Balance
    S4
    Pacemaker
    Brothers
    Edward the Confessor
    How Can They Tell
    302 Watchtowers
    The Commission
    Closed Category
    Legs & Arms
    Search Party
    Governing Correctly
    Envy
    Foam
    Titan
    Jostle
    National Grid
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    Fifteen Minutes
    December
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