Nadine Shah

Présentée comme une héritière de rock maudit de Nick Cave et des ballades à vocalises androgynes de la belle Anna Calvi, Nadine Shah s'impose, petit à petit, pour ce qu'elle est. Une chanteuse à la voix rocailleuse et musclée officiant dans un registre assez peu contrôlé par les femmes de nos jours : le rock sombre, parfois appelé gothique.

La Française Fiona Walden joue en première partie de cette soirée. Cette Patti Smith à la Française, comme annoncent un peu exagérément certains médias adoube les univers électro western aidée d'une voix lourde qui rajoute un peu de sel à ses titres, très hétéroclites. Guitare sèche et voix seule (Johnny), rock brut (Don't Ride) ou ballades pop électro (Cold Heart), Fiona Walden ne démérite pas, mais semble encore chercher son chat...



Nadine Shah ne peut cacher ses origines ; la Shah d'Iran irait comme un gant à cette jolie brune née en Angleterre. Mais, c'est bien du Pakistan et de Norvège que viennent son père et sa mère. Un mélange détonant et très séduisant. Noirs comme le charbon, ses cheveux et les tenues du groupe ne laissent aucun doute sur les intentions musicales de la formation de Nadine Shah.
Connue sur nos meilleures ondes radio grâce au titre Ville Morose (en Français dans le texte et dans les paroles) qu'elle ne jouera pas ce soir, Nadine Shah est polyglotte contrairement à Polly Jean Harvey à laquelle elle est (trop) facilement comparée. Avec son deuxième album, Fast Food, elle déclenche les applaudissements de la critique ; un album aussi beau à voir qu'à entendre avec son artwork très léché.

Déclenchant parfois des orages musicaux menaçants, notamment sur le titre Matador (un nom très usité ces derniers temps), Nadine Shah possède l'aura nécessaire, en cette soirée à la Flèche d'Or, pour se permettre de dialoguer, en Français, avec un public dont une bonne partie était déjà dans cette même salle pour le concert donné en 2013 dans la capitale.
Le titre Fast Food, issu de l'album éponyme, met en exergue, comme nombre de titres ce soir, la voix puissante de Nadine Shah, accompagnée par les musiciens de I Am Kloot sur scène. Si Stealing Cars distille avec discrétion un rock lancinant, Fool, fermant la marche, titille le cerveau à l'aide de riffs et de rythmiques répétitives, parfois aidés de boucles hypnotiques mais toujours en second plan.



Épuisant pratiquement tout leur catalogue, le rappel est composé de Divided, le titre le plus introspectif du set, et du très beau Runaway. Un hymne sombre, mélancolique et amoureux dont Nadine Shah est le porte-drapeau, puisant dans les profondeurs de la terre un chant et une voix en tremolo et crescendo qui ont également fait la réputation d'une Anna Calvi.

Auteur de qualité et bête de scène en devenir, Nadine Shah repart de Paris en ayant fait une forte impression sur scène, malgré des compositions encore légères d'où ne ressort aucun titre majeur.