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ALA.NI
Michael Kiwanuka

Paris, Les Etoiles - 6 novembre 2015

Live-report par Cassandre Gouillaud

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Paris, un soir d'automne pluvieux et frais. Un attroupement de personnes devant Les Etoiles qui ne trompe personne. Cette soirée sera d'une profonde beauté. Pour cause, deux talentueux britanniques se sont donnés rendez-vous sur la scène du dixième arrondissement. Scène sur laquelle est sobrement installée une harpe et un microphone qui semble tout droit venu d'un autre temps, attendant avec anticipation la première artiste de cette soirée.

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Ala.ni est une figure discrète. Malgré plusieurs apparitions en France cette année, difficile de percer le mystère autour de cette londonienne, parisienne d'adoption, petite nièce de Leslie Hutchinson. Une voix comme on en a connu peu, comme on n'en verra pas beaucoup. Une artiste sans prétention, des berceuses pures. Elle monte sur la scène des Étoiles simplement accompagnée d'une harpiste, affichant une simplicité et une douceur sans égales. « Cast a cherry blossom by the river », et c'est toute une salle qui se laisse entraîner par la délicatesse de Cherry Blossom, qui nous rappelle à nos égarements nostalgiques et nos sentiments d'autrefois. Ala.ni détonne dans ce paysage musical, où la voix a perdu de sa noblesse pour ne devenir qu'un instrument comme on pourrait en faire d'autres. La sienne est unique. Elle ne le prouve que trop bien lorsque son falsetto réduit un public au silence le plus abasourdi à la fin de Darkness At Noon, durant laquelle elle descend de scène pour traverser la salle, brisant cette vitre qui entoure usuellement l'artiste en représentation. Moment de consécration. Lorsqu'elle consent à quitter cette scène qui fut sienne pendant ces quelques trentaines de minutes de grâce, les applaudissements accompagnent cette femme que l'on ne connaît pas tant, mais qui a su trouver un accès direct à nos cœurs.

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Et la soirée ne faisait que commencer. Les Étoiles, bien remplies pour l'occasion, attendaient de pied ferme un artiste qui n'a pourtant que peu fait parler de lui après avoir été révélé par un premier album, Home Again, en 2012. Vêtu d'une veste en jean et armé d'une guitare, Michael Kiwanuka n'a pas l'intention de laisser quiconque sur sa faim ce soir. Le petit virtuose n'a rien perdu d'une prestance et d'un charisme reluisants qui transparaissent dans un set qui mêle chansons bien connues, telles Tell Me A Tale ou Bones, ainsi que des mélodies que l'on découvre pour la première fois, faisant office de bon présage quant à un éventuel second album.
L'artiste donne toujours à voir cette maîtrise implacable de son instrument, dont il effleure les cordes d'un toucher habile pour ensuite mieux les mettre à l'épreuve lors d'outros endiablées. Une maîtrise si appliquée que si ce n'était pour une expression étonnée et quelques rires dans la salle, on aurait pu ne pas remarquer qu'une corde avait rompu en pleine chanson. Usant d'une voix maintenant bien reconnaissable, grave, légèrement éraillée, Michael Kiwanuka réchauffe le cœur d'un public dont les hourras trahissent l'unanimité. Si bien que cette heure et demie passe à une vitesse affolante, et que le final sur I'll Get Along arrive bien vite. Une nouvelle salve de remerciements, un sourire touché, et l'heure est venue pour l'artiste de se retirer, sans que l'on ne sache pour l'instant quand il recroisera notre route. En attendant, ses accords continueront de nous accompagner, jusque dans les temps les plus sombres, et surtout dans les meilleurs.