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The Slow Show

Paris, Point Éphémère - 1er décembre 2015

Live-report par Julien Soullière

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Le temps est étrangement clément pour un 1er décembre. Polaires et doudounes sont de sortie, mais à l'approche du Canal Saint-Martin, et après une marche rapide de plusieurs minutes, on se verrait bien prendre un premier verre au pied du Point Ephémère. Pas à l'air pur, non, mais à l'air libre. Une envie d'autant plus irrépressible que nos hommes de l'intérieur ne nous disent pas que du bon du premier groupe de la soirée. Semble-t-il que leurs oreilles saignent. D'accord, restons au frais. Il est urgent de ne rien faire.

Une fois The Slow Show sur scène, ça y est, le piège se referme. Nous sommes faits prisonniers, esclaves à la solde d'une orageuse boucle temporelle. C'est que les mancuniens nous jouent une valse au doux parfum d'infini. Tout ici se suit et se ressemble, si bien que chaque morceau ne semble avoir pour seule ambition que d'être une déclinaison de son prédécesseur, une ébauche du titre à venir. En dépit de cela, ces quelques minutes en compagnie du groupe sont immensément agréables. Il y un temps pour les pleurs, un autre pour les confessions, susurrées à nos oreilles comme autant d'efforts pour nous conduire jusqu'à l'orgasme, et des moments d'emphase lâchement abandonnés au grand air, durant lesquelles les musiciens laissent s'échapper une bride par ailleurs fermement muselée.

Mais même en pleine tempête, Rob Goodwin affiche lui une attitude dont on ne sait dire si elle est faussement détachée ou non. Accroupi sur scène, le regard haut et tourné vers l'horizon, ou debout, les mains dans les poches et le regard cette fois-ci en ballade, le bonhomme entretient avec talent son image de rockeur à l'eau de rose. Les filles en sont folles. Les garçons, un temps réticent par jalousie, ne parlent bientôt plus que de lui. C'est en tout cas la conclusion que l'on tire au vu du râle éploré lâchée par la salle lorsque Goodwin en vient à mentionner son ancienne petite amie... de même que l'actuelle.
Voix de crooner (elle est hypnotique), textes funèbres, spectateurs plongés dans un écrin tout en nuances de gris, il y a chez ce groupe autant de The National que de Fanfarlo (seul Lucky You, Lucky Me semble échapper à la mainmise des cuivres).

La musique de The Slow Show n'a rien de particulièrement festive, certes, il n'empêche qu'elle fait un bien fou à l'âme, plus encore lorsque les instruments s'emballent. Elle est une sorte de thérapie, un puissant sédatif. Et le chanteur, avec nous parfois, parfois non, ne se sépare jamais de son timide sourire, de son regard d'enfant bourré de chaleur. Faussement timide, il s'accommode très bien du public qui lui fait face. Son lourd manteau déposé dans un coin de la scène, celui-ci n'attendra pas bien longtemps une fois le concert achevé pour descendre en fosse, et aller parapher quelques places de concert et autres vinyles. Ceci au grand dam de ses comparses, chargés eux de jouer les roadies de longues minutes durant. Le leader est touché, ému, et continue de remercier ses ferventes ouailles d'être venues.

The Slow Show étaient attendus, pas par le tout Paris, non, mais par une poignée de connaisseurs aux goûts affutés. Et qui, en ces temps sombres, avaient besoin de bonne musique pour panser leurs insondables peines. Et les mettre un peu de côté, enfin.
setlist
    Long Way Home
    Testing
    Dresden
    Brother
    Augustine
    Breaks Today
    Hopeless Town
    Lucky You, Lucky Me
    Paint You Like A Rose
    Flowers To Burn
    Bloodline
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