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The KVB

Paris, Maroquinerie - 24 mars 2016

Live-report par Cassandre Gouillaud

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Mars était un mois pour découvrir, ou se replonger, dans l'univers des deux prodiges de The KVB. Après la sortie d'Of Desire, album hypnotique et fascinant, le duo était de passage à la Maroquinerie pour une soirée placée sous l'autorité des distorsions et des boîtes à rythme aiguisées.

Ce sont les trois français de Future qui ouvrent cette soirée, déployant une première, et déjà impressionnante, collection de pédales sur scène. Ils y présentent ce soir, entre autres, un premier album, Horizons, dont la sortie est prévue fin-mai. Le groupe puise du côté du shoegaze comme de la noise pop pour nous offrir un set à la montée en puissance bien mesurée, redoublant sans cesse de distorsions acérées soutenues par d'intenses lignes de basse. Des morceaux comme Feel Like I Do flirtent avec la saturation constante et jouent des boîtes à rythme pour redynamiser un set qui avait commencé sous des airs plus planants. Future parvient ainsi à captiver de bout en bout, déployant une énergie contagieuse et des morceaux terriblement efficaces comme Side Effects qui entretiennent une rythmique effrénée. A en juger par les bruits de couloir, ils récoltent finalement une approbation largement partagée, que l'on ne peut que confirmer.

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Aux multiples pédales et aux synthés se succèdent d'autres, appartenant cette fois à un duo londonien qu'il nous tardait de voir. Nicholas Wood et Kat Day s'approprient la scène de la Maroquinerie pour la faire vaciller de tension une heure et quart durant. Reprenant le trio de début d'Of Desire pour introduire le set, White Walls, Night Games et Lower Depths, The KVB instaurent d'emblée un climat asphyxiant et inquiet dans une salle à demi-éclairée de stroboscopes criards. Le groupe parvient habilement à donner vie à un album, dont il faut rappeler les structures complexes, le live leur permettant même de redoubler d'intensité et de raviver l'écho hypnotique des nappes de synthé.

Sur scène, et sans surprise, le groupe paraît fermé. Ils n'auront d'ailleurs, dans les apparences, que peu d'attention pour le public qui leur fait face ce soir, gardant le regard vissé sur leurs instruments ou perdu au loin. Les partisans de la communication entre le groupe et la salle ont eu de quoi s'indigner, mais ce serait omettre que ce soir-ci, entre phases de synthé viscérales et guitare cinglante, c'est bien musicalement que le dialogue pouvait s'instaurer. Il n'y avait qu'à se laisser prendre par cette sombre tourmente dans laquelle le duo tentait de nous entraîner pour en prendre pleinement conscience.

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The KVB sont d'autant plus fascinants qu'ils évoluent dans un monde troublé qu'il leur est propre, et dont ils n'émergent qu'à de rares reprises. Le jeu de guitare emporté et l'état presque second de Nicholas sur des morceaux tels que Hands en disent sans doute bien plus que des discours à demi-bafouillés ne pourraient l'exprimer.

The KVB étaient bel et bien à leur place ce soir, dans une salle aux dimensions réduites et une pénombre qui permettaient de se laisser emporter par ces sonorités glaçantes et les échos presque fantomatiques de la voix sombre de Nicholas. Après un rappel ouvert par une reprise de Sympathy For The Devil suivi d'un dernier morceau, Lines, The KVB rompent le charme et quittent définitivement la scène, alors que déjà les lumières se rallument. La nuit s'y prêtant bien, c'est toujours avec Of Desire que l'on redescendra Ménilmontant, dans une tentative de prolonger ce moment que l'on aurait voulu plus long.
setlist
    White Walls
    Night Games
    Lower Depths
    Again & Again
    In Deep
    Awake
    Unknown
    Fields
    Never Enough
    Hands
    Dazed
    ---
    Sympathy For The Devil (The Rolling Stones cover)
    Lines
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