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Eagulls

Paris, Nouveau Casino - 30 mai 2016

Live-report par Fab

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En 2014, la sortie remarquée de leur premier album éponyme avait fait d'Eagulls l'une des révélations britanniques de l'année. Deux années plus tard, assagis dans leurs compositions mais évoluant toujours dans un univers sombre et anxiogène, les cinq musiciens originaires de Leeds font à nouveau parler d'eux depuis quelques semaines et la sortie d'Ullages, leur second effort studio. Une occasion de les retrouver durant ce mois de mai sur les routes européennes, et notamment lors d'une ultime date dans un Nouveau Casino à Paris pourtant perdu de vue par les amateurs de rock depuis près de deux années.

Rien n'a pourtant changé dans la petite salle de la rue Oberkampf. Son aspect métallique, son fumoir et sa mezzanine sont restés les mêmes. Le public, comme à son habitude, ne presse guère le pas pour remplir la fosse en dépit des trombes d'eau s'étant déversées sur la capitale tout au long de la journée. Sur le coup de 20h, face à une foule éparse, un quadragénaire barbu et bourru fait son apparition et prend place timidement sur un tabouret, guitare à la main, derrière quelques pédales d'effets. Bafouillant son nom de scène de manière presque inintelligible, ce dernier se présente comme... le chauffeur du véhicule d'Eagulls ! A défaut d'une première partie digne de ce nom, c'est donc à un de leurs proches que les anglais ont confié le rôle de chauffer les lieux. Trente minutes durant, accompagné de pistes pré-enregistrées, de boucles qu'il se plaît à improviser et d'images projetées derrière lui, ce dernier livre une sélection d'expérimentations sonores aériennes et progressives avec un certain aplomb. Un set guère mémorable mais plutôt plaisant dans l'attente que les choses sérieuses ne débutent.

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Lors de leur dernière venue à Paris, Eagulls s'étaient retrouvés propulsés tant bien que mal sur la scène de la Cigale afin d'y assurer la première partie de The Jesus And Mary Chain, Royal Blood et Bad Breeding lors du festival les inRocKs Philips. Aujourd'hui, ils se présentent logiquement en tête d'affiche d'une salle plus modeste, mais accompagnés par un public qui est le leur, un public les acclamant chaleureusement lors de leur apparition peu avant 21h. Fidèles à leurs habitudes, les cinq musiciens ne cherchent pas ici une quelconque proximité ou le moindre échange avec les fans : point de discours superflus ou même de sourires sur les visages, c'est sans sourciller, alors que des images de vieux films muets en noir et blanc défilent sur le drap placé derrière eux qu'ils entament Lemontrees. Si le titre se veut, à l'image de la quasi-totalité de leur nouvel album, plus posé que la majorité de leurs anciennes compositions, l'interprétation est parfaite, bien aidée en ce sens par une excellente acoustique. Agrippé à son microphone, George Mitchell fait résonner sa voix grave à travers la salle, la tension montant progressivement en ce début de set avec l'enchaînement de trois extraits de leur disque éponyme. Considéré par beaucoup, à juste titre, comme leur titre phare, Nerve Endings offre ensuite au public un exutoire post-punk de grande qualité.

Si certains pourront regretter la relative froideur de l'ensemble du groupe, parfois en décalage avec l'intensité se dégageant de certaines compositions, l'application avec laquelle chacun des musiciens se consacre à son instrument est à saluer. Avec des sonorités plus 80s rappelant inévitablement The Cure, des guitares shoegaze et une utilisation de l'écho sans retenue, la retranscription de leur répertoire en live ne comporte ce soir aucune fausse note.

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Bien décidés à nous plonger toujours un peu plus dans les décennies passées, Eagulls s'autorisent par la même occasion une brillante reprise de The Human League avec Seconds, avant de repartir de plus belle avec un Skipping tendu et électrique. Dans la foulée de Velvet puis Blume, c'est avec l'un des titres forts de leur premier album, Possessed, qu'ils choisissent de finir leur petite heure de concert pied au plancher : les têtes se secouent une dernière fois avant que les instruments se taisent et que le groupe ne s'échappe tout aussi vite qu'il était arrivé.

Sans fioritures, distants mais toujours appliqués et sûrs de leur fait, Eagulls ont livré au Nouveau Casino de Paris une prestation à la hauteur de leurs deux albums.
setlist
    Lemontrees
    Tough Luck
    Yellow Eyes
    Nerve Endings
    Heads or Tails
    My Life In Rewind
    Euphoria
    Seconds (The Human League cover)
    Skipping
    Velvet
    Blume
    Possessed
photos du concert
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