logo SOV

Declan McKenna

Paris, Le Pop-Up du Label - 1er septembre 2016

Live-report par Déborah Galopin

Bookmark and Share
Declan McKenna n'a que 17 ans et parcourt déjà les scènes internationales. Il s'est fait connaître, il y a un an avec son titre Brazil, qui dénonce la corruption au sein de la FIFA. La première fois qu'on l'a vu sur scène, il n'était même pas annoncé à l'affiche. Il s'était pointé sur la scène du festival FNAC Live entre deux artistes. Tout le monde se demandait un peu qui il était. Tout seul, il avait commencé à jouer deux titres avant de repartir. Son jeune âge n'avait échappé à personne. Seize ans qu'il avait. Prestation éclair, mais qui avait réussi à retenir notre attention ! Après avoir assuré la première partie de Foals le 2 février dernier, c'est désormais lui qui est en tête d'affiche. Certes, ce n'est pas l'Olympia, mais vu le monde qu'il y avait, on a de quoi dire « chapeau » !

Declan McKenna a fait - et nous aussi, par la même occasion - sa rentrée au Pop-Up du Label, ce jeudi 1er septembre. Pas de banc d'école, mais une estrade et un microphone, une salle obscure et un public impatient. On aurait pu s'attendre à des midinettes qui auraient surpeuplé la salle, mais les spectateurs sont hétéroclites et le « back to school » s'adresse visiblement à une population un peu plus âgée que Declan lui-même. Serait-il ici, le plus jeune ? On pourrait le penser.

Après une première partie et une longue attente de plus d'une demi-heure, le jeune auteur/compositeur crée la surprise. Il n'est plus seul sur scène, mais s'est désormais entouré d'un groupe à majorité féminine : une bassiste, une guitariste, une batteuse et un claviériste. On ne va pas se mentir, le démarrage est long entre l'attente et une entrée des musiciens au compte goutte, le larsen... Nous ne sommes pas vraiment sûrs de ce que nous allons voir, jusqu'à ce que Declan McKenna arrive en trombe. Heureusement, il nous fait vite oublier cette entrée tardive et approximative.

Il démarre avec Brew, titre présent sur son premier EP Stains sorti au début de cette année. Le clavier grésillant qui sonne les premières notes apportent une touche rétro un peu crade, mais accompagné des autres instruments, trouve rapidement sa place. Avec seulement six titres dévoilés jusqu'ici, il n'a pas un répertoire très large, mais l'avantage, c'est qu'on a aussi la joie de découvrir de nouvelles choses ! Kids, un inédit, se prolonge sur plusieurs minutes, apportant de nombreuses variations et se conclut sur une performance à la batterie vraiment pas mauvaise. McKenna prouve ici son talent de compositeur. Il a un univers riche et c'est bien cela qui fait sa force. Il passe de la petite ballade où il est seul sur scène avec sa guitare sèche à du gros son qui fait mal aux tympans quand il joue avec l'ensemble de son groupe et son électrique. Sa voix inégale peut plaire comme déplaire. Ce timbre cassé, donne le sentiment que Declan va chercher ses mots au fond de lui-même, ce qui apporte de l'authenticité. Pourtant, sur Basic, il nous a démontré que cela ne l'empêchait pas de monter dans la pureté des aigües. La redescente est sans transition, mais peu importe, Declan a le côté brut de l'adolescence avec le talent en plus.

Sur scène, il se révèle à l'aise, on sent qu'il se lâche et donne à ses concerts une note rock. Loin d'être timide, il fait la conversation avec son public et gère parfaitement les petits ratés de celui-ci. Moment de solitude quand le gars du fond l'applaudit alors qu'il n'a pas terminé son morceau ! McKenna s'interrompt avant de reprendre après un sonore « hum hum... ». Une touche d'humour qui vient ponctuer l'émotion de Basic. Il joue également la carte de la séduction en descendant de l'estrade pour venir chanter dans les yeux de son public Paracétamol, déversant ses vers de sa voix fragile. Bien que le public se trémousse gentiment sur ses titres, c'est véritablement Brazil qui le fait bouger. Il clôture son set sur un nouveau titre qui sort le lendemain, Isombard, et ravit la salle.

Certains parlent de lui comme le nouveau prodige de la scène anglo-saxonne. Sans aller jusque-là, son univers est intéressant, n'hésitant pas à dénoncer dans ses chansons, à délivrer des messages, loin de l'image de l'adolescent en mal de vivre. Nous n'en ressortons pas soufflés, mais avec le sourire aux lèvres, comme heureux lors d'un premier jour d'école qui s'est passé mieux que prévu. Mr Declan continue d'évoluer et c'est plaisant à voir ! Nous sommes curieux de connaître les prochaines surprises qu'il nous réserve d'ici quelques mois.