Glass Animals

Un an et demi après avoir rempli la Gaité Lyrique, le quatuor originaire d'Oxford est de retour dans la capitale parisienne, et c'est dans la toute nouvelle salle de l'Elysée Montmartre qu'ils viennent nous présenter leur second album How To Be A Human Being.

Tandis que les anglais de Pumarosa se devaient d'assurer la première partie en Europe, exceptionnellement à Paris nous retrouvons en ouverture le français Sébastien Forrester. Avec des percussions et des ordinateurs pour seule instrumentalisation, le voilà lancé dans un monologue musical axé principalement sur une électro rythmique sans voix et peut-être un peu trop forte. Un rien trop répétitif dans ses morceaux, l'artiste français peine à convaincre pendant sa demi-heure de set. Si quelques personnes du public se lancent dans une danse frénétique, la majorité des spectateurs se contenteront d'applaudir poliment entre chaque chanson. Rappelant qu'il a aimé passer une bonne partie de son enfance dans cette salle, Sébastien quitte rapidement la scène pour laisser place aux roadies de Glass Animals.


Trente minute plus tard, les lumières s'éteignent et le public jusque-là assez silencieux part dans une quasi hystérie générale. C'est sur Premade Sandwiches que Dave Bayley, Drew McFarlane, Ed Singer et Joe Seaward montent sur scène. Quelque peu ravi de cette ovation qui leur est accordé dès le début du concert, c'est avec un énorme sourire que le leader lance un « bonsoir Paris » avant d'entonner le tout premier single de leur dernier album, Life Itself.
Le ton est donné, la batterie montre dès les premières mesures l'importance de son rôle au sein de la formation anglaise. Le public quant à lui est déjà plus que conquis et rejoint Dave Bayley dans une danse endiablée. S'ensuit l'excellentissime Youth qui rappelle aisément les débuts du groupe. Dave semble pour sa part encore plus habité qu'avant et enchaîne des mouvements quelques peu farfelus, le tout avant qu'ils ne se mettent à jouer des titres phares du premier album ZABA comme Black Mambo ou Hazey. A ce moment même on pourrait ressentir une petite pointe d'amertume car les anciens morceaux ont eu droit à quelques réarrangements depuis l'année passée et on peine à les reconnaître comme à les aimer. Côté spectateurs, les cris jubilatoires et les sourires collés aux lèvres sont à l'encontre de notre ressenti et donnent cependant pleinement satisfaction au groupe.

S'ensuit Season 2 Episode 3, le très bon Popular Street et The Other Side Of Paradise. Si les titres du nouvel album précédemment joués étaient plus proches de ce que pouvaient offrir Glass Animals, ces trois derniers montrent pleinement le nouveau virage musical adopté par le groupe. On tombe clairement dans un son bien plus américanisé avec beaucoup de touches hip-hop voire rap. Je ne suis honnêtement pas très fan mais qu'à cela ne tienne, les chansons prennent une dimension live bien plus intéressante et le public tenu en haleine continue de scander les paroles tout en essayant de garder la même énergie que Dave Bayley, lequel dégage une aura assez impressionnante. On apprécie également que Drew et Ed soient beaucoup moins en retrait qu'auparavant et qu'ils osent venir « braver » la fosse archi remplie en venant jouer au bord de la scène. Imperturbable derrière sa batterie, Joe Seaward continue de donner le rythme avec aisance et grande classe.


Arrive le titre phare qui a tant fait la renommer du groupe, Gooey. Dans un ultime relent d'énergie, le public hurle sa joie. Descendant de scène pour rejoindre la foule, Dave se fond un chemin pour chanter le fameux « peanut butter vibes ». Dans une quasi communion parfaite, les spectateurs comme le chanteur s'en donnent à cœur joie. Pas le temps de souffler, Glass Animals nous offrent ensuite Take A Slice, le sublime Toes, Cocoa Hooves et Cane Shuga avant de conclure leur set par le tubesque Pools. De nouveau le public déborde d'une énergie incroyable et trouve encore le moyen de surprendre le groupe en partant dans une danse sans fin et en criant les paroles à plein poumons. C'est sur un I Smile Because I Want To que la formation d'Oxford quitte rapidement la scène avant de revenir pour le rappel.

Rappel qui s'ouvre sur l'excellente reprise de Love Lockdown de Kanye West. Force est de constater qu'ils l'ont brillamment retravaillée et une fois plus, Dave se plonge dans un énième bain de foule pour un plaisir sans fin. Et c'est avec Pork Soda que les Glass Animals concluent leur set haut en couleurs et rythmiques. Le public n'en demandait certainement pas plus et quitte la salle définitivement conquis. Ce soir il est certain que l'on ressort tous avec des ananas en tête (« pineapples are in my head ») et c'est un pari plus que réussi pour le groupe. Avec une notoriété en permanence croissante, inutile de se dire qu'ils seront bientôt de retour dans la capitale.