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Glass Animals

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 10 août 2020

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Quatre ans après l'excellent How To Be A Human Being, Glass Animals reviennent avec un troisième opus, Dreamland, montrant le groupe évoluer vers de nouveaux horizons assez marqués hip-hop. Rencontre avec le charmant frontman du groupe, Dave Bayley.

Vous avez repoussé la sortie de ce nouvel album, en disant à propos notamment de la mort de George Floyd, que les droits civiques sont plus importants que la musique. En quoi cette mort vous a particulièrement touchés ?

Cette mort et celles d'autres noirs américains est l'une des pires choses que j'ai vues de ma vie. En tant que blanc et anglais, cela m'a profondément touché. Je ne voulais même pas en parler tant je me sentais meurtri. La musique est très importante mais ces événements l'étaient encore davantage. Il est anormal que des gens puissent encore, en 2020, être tués par des policiers. On ne voulait pas sortir l'album plus tôt parce que nous voulions faire les choses bien. Il est important que chacun à son niveau puisse se rendre compte qu'il peut changer les choses.

Est-ce aussi le fait que tu aies grandi aux États-Unis qui fait que tu te sentes encore plus concerné par cela ?

Oui bien sûr, cela joue. J'ai grandi au Texas, un état très conservateur. En grandissant là-bas, j'ai pu voir les choses que l'on voit encore malheureusement aujourd'hui.

Votre précédent album, How To Be A Human Being, date de 2016. Est-ce le terrible accident de vélo (ndlr : qui a failli lui coûter la vie) de votre batteur Joe Seaward qui fait que les choses ont été si longues ?

C'est lié à plein de choses différentes. J'ai fait de la production pendant que Joe se remettait de son accident...

How To Be A Human Being avait reçu un excellent accueil tant critique que du public. Est-ce que cela vous a mis une quelconque pression au moment d'enregistrer Dreamland ?

Pas vraiment. Au contraire, après ce qui est arrivé à Joe, on se sentait chanceux de pouvoir faire un nouvel album. On s'est occupés de Joe tout au long de l'enregistrement pour qu'il se sente le mieux possible.

Que se serait-il passé si malheureusement Joe n'avait pas recouvré la santé. Le groupe aurait splitté ?

Je ne sais pas du tout. Je n'y ai pas pensé. Ce furent des moments très difficiles. Joe était très mal. Cela fait vraiment plaisir de voir aujourd'hui qu'il a retrouvé la forme. Se réunir a été incroyable. Lorsque nous avons rejoué pour la première fois tous ensemble, cela a été vraiment très fort.

Même si votre musique est positive, tes paroles sont souvent soit tristes soit bizarres. Comment expliques-tu cela ?

J'aime bien mêler musique joyeuse et paroles tristes. Cela fait comme des montagnes russes émotionnelles. Je retiens cette combinaison de mes livres ou films préférés. La vie est comme cela. Ce n'est pas que du bonheur ou de la tristesse. Les disques Motown étaient ainsi, mêlant joie et tristesse.

Il y a pas mal de titres de l'album qui ont une coloration hip-hop. C'est une musique que tu aimes ?

J'ai toujours aimé le hip-hop qui est une musique qui m'a toujours influencé.

Il y a nombre de morceaux dansants sur le disque. Tu voulais un disque orienté club ?

Non, pas vraiment, même si j'aime les morceaux dansants. J'ai été DJ alors faire danser les gens est quelque chose qui me plait. J'aime la basse, le groove de cet instrument.

C'est ton amour du hip-hop qui t'a donné envie de collaborer avec Denzel Curry sur Tokyo Drifting ?

J'ai toujours été fan de lui, je l'ai beaucoup écouté. J'ai toujours suivi ce qu'il faisait. J'ai pensé à lui en écrivant ce texte, je l'ai contacté et il a participé.

Je trouve que le disque est l'album idéal pour l'été, avec un côté, malgré tes paroles tristes, très optimiste...

C'est cool que tu dises cela. C'est effectivement un disque optimiste avec une fin heureuse. Il parle d'une certaine nostalgie du passé et d'un futur incertain.

La pochette du disque est particulièrement réussie. Que représente-t-elle ?

En partie cela, la nostalgie du passé. Celui-ci peut t'obséder toute ta vie. Cette pochette représente à la fois le passé et la vie, la vraie vie.