Un Badaboum plein à craquer ce soir pour le concert mouvementé de Loyle Carner. Son pote Barney Artist se charge du warm up comme un chef, à coup de « Everybody clap with me come on » ou « Make some noise Paris ». Accompagné d'un joyeux DJ, il pose son rap, ajuste ses mots pour nous faire chanter. Il s'autorise même un petit
Sexual Healing, nous confiant son statut de célibataire récent et son attrait particulier pour les réceptions de mariages. Love is in the air.
« The Lord will make a way », la phrase sacrée de
The Isle Of Arran retentit dans la salle du bien nommé Badaboum et le jeune public ovationne Lord/Loyle Carner. Un éclair de talent dès les premiers instants (« With the lines I'm obsessed, rhymes I possess »). Une efficacité, un amour du public qui nous réjouit (« No joke I think I love Paris »).
Loyle est comme à la maison, sur scène. Entre chaque son il nous offre un sourire ravageur de trois mètres de long, l'air de dire « Je n'en crois pas mes yeux », exprimant sa joie face aux tonnerres d'applaudissements.

Un phrasé délicieusement rythmé sur
+44 (« A sugar-soaked sentiment for sceptics »). Puis par moments, le chanteur que l'on voit, si imperturbable, nous livre ses peines (« About a girl who broke my heart ») alors que
Seamstress se veut au sujet de l'addiction, substance liquide et sentiments (« Reckons I got a drinking problem/I've been sinking a lot of whiskey »).
Entre deux titres il se déclare, à l'attention des détracteurs qui le disent malheureux (« I'm having the time of my life, I'm over the moon »). Une dédicace à son ami Tom Misch sur le jazzy
Damselfly, qu'ils ont enregistré en featuring. Loyle Carner tisse un vrai lien énergique avec le public (« Make some noise for yourself one time/I'm fucking speechless/Let's keep this energy going », puis son acolyte producteur et rappeur Rebel Kleff le rejoint sur la piste. A eux deux ils enflamment le Badaboum avec
No Worries, deux jaguars du rap qui balancent des mots pleins d'images (« Even the apple of my eye turn green with envy/When every jungle animal is on a feeding frenzy »). Ils reprennent Check the Rhime de A Tribe Called Quest. Le concert se passe si bien que Loyle déclare « Fuck Brexit/I wanna come live with you guys/Vive la France ! ».

Un titre rock avec
NO CD et un fil rouge pour le reste de la soirée : l'amour filial, entre Florence, la petite sœur imaginaire, la fille que sa maman a toujours voulue (« She could be my little freckled face fidgeter/Me but minature »),
BFG, pour son père (« Everybody says I'm fucking sad/Of course I'm fucking sad, I miss my fucking dad ») et l'ultime émotion sur
Sun Of Jean où Loyle raconte « My father was a musician, he had a song called Yesterday's Gone, that's why I gave this title to the whole album, I did it for my paps ». Sans oublier les paroles, pour sa maman, Jean Coyle-Larner (« Me and my mother, there ain't nothing that can come between/Cos I'm the son of Jean »). Un dernier couplet par Jean, que l'on voit sur la vidéo projetée sur scène, et ses mots, si clairvoyants : « He used to draw on anything/Fantastical creatures with ferocious fangs/And now he draws with words ».
Loyle Carner, le « dessinateur de mots », nous laisse bouche bée ce soir, impatients de nouveautés.