En 1976, Jean Jacques Burnel et Hugh Cornwell sont les leaders des Guilford Stranglers, bientôt renommés The Stranglers, et font partie des pionniers du punk. Ils ouvrent le premier british tour des punks made in US avec les Ramones et Patti Smith en têtes d'affiche.
Quarante ans après leur premier hit,
No More Heroes, ils tiennent toujours le haut du pavé, lancé en pleine gueule du disco à la fin des années 70. Et même si Jean-Jacques Burnel, le « froggy » du groupe, est le seul rescapé des débuts (il tient la baraque depuis, compose et écrit la majorité des titres), le style Stranglers n'a pas changé d'un iota, excepté la voix du regretté Hugh Cornwell qui doit parfois se demander s'il avait vu juste en déclarant un jour de 1990 que les Stranglers ne pourraient plus avancer, artistiquement parlant.

Après le succès de leur tournée de 2016 « Black & White », The Stranglers tirent, peut-être, leur dernière cartouche avec la tournée « Classic Collection », la bien nommée. Avec une setlist regroupant la quasi totalité de leurs singles et succès (datant tous de la période Hugh Cornwell) c'est toute la Cigale qui s'est enflammée dès les premières mesures de la
Waltzinblack qui ouvre généralement les concerts des hommes en noir. La devise de The Stranglers a toujours été de « foutre le bordel ». Et, à soixante-cinq ans bien tapés pour Jean Jacques Burnel et bientôt cinquante-quatre pour Baz Warne, ce mojo ne semble pas vouloir faiblir.
Jean Jacques Burnel, dit également « froggy » dans les cours d'écoles d'Angleterre où il a grandi en donnant des poings pour faire taire de trop nombreuses moqueries, est depuis toujours le véritable leader de The Stranglers. Avec une pointe d'accent attachant, il rappelle à « son » public que la Cigale fut désignée par Philippe Stark, un des deux écossais les plus célèbres de France avec notre Président, Emmanuel McRon !
Get A Grip On Yourself et
No More Heroes rappellent aux plus jeunes l'anarchie sonore qui régnait dans les groupes punk entre 1976 et 1980 et comment les années 80 ont vu les plus incorruptibles d'entre eux se diluer dans MTV, le mouvement des nouveaux romantiques et les sonorités synthétiques. Pour le pire et, parfois le meilleur. Le sublime medley
Midnight Summer Dream/European Female en est la parfaite illustration. Si la voix de Baz Warne n'égalera jamais celle de Hugh Cornwell, force est de constater qu'il parvient, avec talent, à prendre à son compte nombre des succès écrits avant son arrivée dans le groupe.

Dans un registre décidément très « classique »,
Golden Brown – qui va illuminer le théâtre parisien de sa valse à trois temps – ou le très attendu
Always The Sun, vont faire chanter en choeur un public qui, malgré un âge où les problèmes de prostate sont plus nombreux que les occasions de concerts, fera trembler le parterre et les balcons de la Cigale, en mode sold out pour un soir.
Plus surprenant encore, le choix du titre
Walk On By de Burt Bacharach et Hal David dont The Stranglers, sur un unique 45 tours sorti en 1978, en avaient proposé une reprise à rallonge hypnotique et typique de leur son basse/clavier. Un choix qui finira de ravir ce public de quinquas qui, alors que le Festival les inRocKs bat son plein à la Gaîté Lyrique, affiche un tempérament et une vigueur que les moins de vingt ans ne semblent plus connaître.