Lucy Rose

Le Sentier des Halles est plus habitué à accueillir des spectacles de stand-up que des concerts. La configuration des lieux fait que le public se retrouve assis par terre et crée ainsi à une atmosphère assez hippie. Cela convient aussi bien à la musique de Ajimal qu'à celle de Lucy Rose.

Ajimal, qui assure la première partie ce soir, est le projet du britannique Fran O'Hanlon, originaire de Newcastle. Accompagné d'un autre musicien, il délivre une musique lente et atmosphérique qui envoûte littéralement l'auditeur. Avec une configuration minimaliste, uniquement deux musiciens assis derrière leurs claviers, Ajimal plonge le spectateur dans une sorte d'hypnose ouatée. La voix de O'Hanlon est superbe et s'accorde parfaitement à ses longs titres au spleen langoureux. Les morceaux sont tous aussi beaux les uns que les autres. On a vraiment hâte d'écouter leur nouvel album à paraître cette année.

Lucy Rose délivre elle aussi un set enchanteur. La proximité avec le public crée de plus une atmosphère intime qui convient parfaitement à la folk de la jeune britannique. Elle débute son set par les trois premiers titres de son dernier album : Intro, Is This Called Home et Strangest Of Ways. On est dès le début du concert sous le charme de sa voix cristalline. Les deux musiciens qui l'accompagnent sont au diapason de l'anglaise, discrets mais d'une grande efficacité. Lucy Rose, en dehors d'être une excellente musicienne, est une personne charmante qui tout au long du concert discute avec le public, s'amuse avec lui et demande aux spectateurs quels morceaux ils aimeraient entendre. Une spontanéité délicieuse et devenue rare dans le monde de la musique aujourd'hui.

Lucy poursuit le set avec un superbe titre de son premier album, Middle Of The Bed, puis enchaine avec son tout premier morceau sorti sur disque, ce Scar magnifique qui a le charme des morceaux folk des années 60. On réalise tout au long du concert qu'en plus d'avoir une voix magnifique, Lucy Rose est une guitariste hors-pair. Avec sa guitare acoustique électrifiée, elle nous gratifie de slides et de courts solos splendides. Elle a d'ailleurs cette façon typique des musiciens folk de tenir sa guitare bien en avant et de côté. Le son est moins purement folk que sur les albums car les titres sont joués dans des versions plus rock.
Lucy délivre ensuite le merveilleux Bikes, encore un titre tiré de son premier album avant de s'essayer à Lines qu'une spectatrice lui a demandé mais qu'elle arrête en riant au bout de quelques accords n'arrivant plus à se souvenir du morceau. Il est rare de voir des artistes se mettre en danger de cette façon, de délivrer un set sans filet avec une setlist qui évolue de jour en jour. C'est toute l'audace et le charme de Lucy.

Moirai, jouée au piano, est toute en émotion. Quant à Second Chance, il dévoile le versant le plus pop de la chanteuse. Nebraska, tiré du second album, est superbe avec une fois encore une grande performance vocale de Lucy. Elle nous délivre ensuite un morceau inédit qu'elle a composé durant cette tournée, What Does It Take To Break A Man, qui se révèle être dans le même style folk que son dernier album. La version de Like An Arrow est superbe et rappelle là encore la beauté des morceaux folk 60's. Le public conquis reprend le titre en chœur.
Lucy termine le concert par Shiver, encore un morceau de son premier album qui, depuis son utilisation dans la série Girls, est devenu connu à travers le monde.

Lucy Rose quitte la scène après un concert superbe de bout en bout dont on regrettera juste la brièveté.