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Thom Yorke

Paris, Days Off Festival - 8 juillet 2019

Live-report par Emmanuel Stranadica

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Le second acte pour Thom Yorke au festival Days Off s'est déroulé 24h après un premier passage incandescent dans la salle Pierre Boulez de la Philharmonie à Paris. Bien entendu, on n'en attendait pas moins de ce deuxième essai. Dans une salle pleine comme un œuf et où la chaleur est de mise avant l'arrivée sur scène du leader de Radiohead, accompagné de l'inévitable Nigel Godrich, producteur attitré et quasi sixième membre du groupe précité, et de Tarik Barri, le magicien responsable des effets visuels, l'excitation est à son comble.

Débutant son set à 21 heures tapantes, soit quinze minutes plus tôt que l'horaire initialement annoncé, Thom yorke, cheveux attachés en chignon, tout de noir vêtu et baskets blanches, nous entraîne immédiatement dans son univers si particulier. Fort d'un nouvel album disponible depuis dix jours en digital (avant une sortie physique à venir le 19 juillet), le britannique nous lâche un Impossible Knots en pleine face. Se dandinant tout en chantant, le britannique paraît graviter dans un monde irréel. Passant de synthétiseurs à la guitare électrique, le maintenant cinquantenaire semble s'éclater à jouer en boucle les notes de Black Swan pour le plus grand plaisir du public.

Même s'il est venu présenter son nouveau disque, il ne va pas délaisser pour autant les autres disques solo qu'il a sortis. Notamment The Eraser dont il exécute une version assez froide de Harrowdown Hill avec cette répétition sonore terriblement glaciale. Au-delà du rendu sonore, visuellement le show est époustouflant. Pink Section, par exemple, est interprétée dans un éclairant rouge sang virant vers l'orange, accompagné de formes de lanternes défilant sur l'écran situé derrière les trois artistes. Un véritable show sons et lumières.

L'univers de Thom Yorke en solo se situe entre le rêve et l'imaginaire. Entrer dans celui-ci peut d'ailleurs ne pas être une mince affaire. Le glaçant I Am A Very Rude Person, joué pour la première fois sur scène sur cette tournée, en est une parfaite illustration. Pourtant, une fois qu'on y a trouvé sa place, on peut ressentir une sorte d'extase. Sur The Clock tout s'emballe, les beats en deviennent écrasants et on sent un Thom Yorke comme possédé tant il gesticule. A côté de cela, l'apaisante Dawn Chorus (probablement un des morceaux les plus passionnants de ce nouvel album) est presque émouvante. Terriblement mélancolique, elle introduit parfaitement Has Ended, extraite de Suspiria. Car oui, sur scène l'anglais nous gratifie également d'extraits de cette bande originale pas comme les autres, car c'est décidément un personnage vraiment hors du commun. Magnétique, dansant comme un pantin désarticulé sur Traffic ou sur Twist qui achève le show, Thom Yorke enchante la Philharmonie comme jamais pendant une heure et vingt-cinq minutes.

On imagine qu'on a tout vu, que nous sommes allés au bout de cet incroyable spectacle. Et pourtant les trois acteurs nous reviennent pour un premier rappel fou. A Brain In The Bottle constitue un tourbillon sonore, les lignes de guitares en fin de morceau sont tout bonnement incroyables. Cymbal Rush qui lui fait suite est génialissime avec son beat claquant. Mais que dire de celui de Default qui déchaîne littéralement le public ! Atoms For Peace conclut le rappel, avec un final a capella.
La soirée n'est pourtant pas encore complètement terminée. Nigel et Tarik, restant sur le côté, Thom revient seul sur la scène principale derrière son piano électronique et interprète dans la pénombre Suspirium. La beauté des cercles qui se consument à côté de lui rend la chanson encore plus intense.

« Thank you, au revoir et à bientôt ! » sont les derniers mots lâchés par ce personnage décidément bien singulier qui nous a livré une performance hors norme longue de deux heures, excusez du peu. On a simplement envie de lui répondre : « Oui, merci et à bientôt Thom ! ».
setlist
    IMPOSSIBLE KNOTS
    BLACK SWAN
    HARROWDOWN HILL
    PINK SECTION
    NOSE GROWS SOME
    I AM A VERY RUDE PERSON
    RUNWAYAWAY
    LADIES AND GENTLEMEN, THANK YOU FOR COMING
    THE CLOCK
    DAWN CHORUS
    HAS ENDED
    AMOK (Atoms For Peace cover)
    NOT THE NEWS
    TRUTH RAY
    TRAFFIC
    TWIST
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    A BRAIN IN THE BOTTLE
    CYMBAL RUSH
    DEFAULT (Atoms For Peace cover)
    ATOMS FOR PEACE
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    SUSPIRIUM
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