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Celeste
Michael Kiwanuka

Paris, Salle Pleyel - 23 novembre 2019

Live-report par Déborah Galopin

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La salle Pleyel à Paris affichait complet ce samedi 23 novembre. Le retour de Michael Kiwanuka était attendu depuis son dernier passage à la Cigale en 2016 pour Love & Hate. Trois ans plus tard, il nous livre son troisième album sobrement intitulé Kiwanuka.

En première partie, nous découvrons une artiste de choix : Celeste. Son premier EP Lately est sorti au milieu de cette année et pourtant, nous avons pu constater qu'elle a déjà tout d'une grande. Entourée de ces cinq musiciens, elle débute son set dans une ambiance feutrée avec Both Sides Of The Moon, une soul au rythme lent et minutieux. Une entrée en matière des plus délicates. Dès le premier titre, elle charme la salle avec son timbre de voix qui rappelle la bien connue Amy Winehouse.
Celeste dévoile son identité de chanteuse avec beaucoup de pudeur. D'abord par la sobriété de sa tenue : cheveux plaqués sur le sommet du crâne et robe noire avec de nombreux plis qui n'est pas sans rappeler l'habit des Gospels. Les musiciens jouent de façon mesurée pour laisser à la chanteuse tout l'espace pour s'exprimer. Elle le fait avec une telle simplicité et humilité, qu'elle en impose. Quand elle pousse sa voix, ce n'est jamais dans la démesure ou pour être dans la démonstration. Elle monte ce qu'il faut, au moment où il le faut.
Elle a de beaux titres à son répertoire avec Love Is Back dont la montée en puissance des instruments et particulièrement du saxophone vaut une ovation du public, ainsi que l'envoûtant This Is Who I Am. Elle termine simplement en piano-voix avec Strange.
Trente minutes et on ne s'ennuie pas. Dans la fosse, personne ne parle, tous écoutent. Pour une première partie c'est suffisant rare pour que cela en dise long sur son talent. On regrette une toute petite chose : ne pas avoir entendu de titres forts qui se démarquent ce qui pourrait être pénalisant sur un set de plus d'une heure. Mais peu importe puisque ce soir la carte de la sobriété fonctionne !

Pour autant, n'oublions le maître de cette soirée : Michael Kiwanuka. Un artiste dont le génie est aussi grand qu'il apparaît sincère et accessible à son public sur scène. C'est la grosse caisse qui donne le coup d'envoi, frappant à intervalles réguliers pour donner la mesure sur Piano Joint. Les chœurs dévoilent progressivement leur voix, les musiciens viennent chacun apporter leurs notes avant que Michael Kiwanuka n'entre sur scène. Une ouverture tout en accalmie pour poser solidement les bases. Il attaque le vif du sujet dès le titre suivant avec You Ain't The Problem comportant des rythmes plus entraînants et un air entêtant.
Si on a souvent tendance à dire « c'était mieux avant », au contraire nous avons l'impression que Michael Kiwanuka perfectionne sa musique et affirme son style sur ce troisième album. Il se défait de l'aspect pop pour produire quelque chose de plus personnel. Mentionnons également la guitare soliste qui apporte une atmosphère et une signature particulière. Elle se démarque par un son rock psychédélique un peu crasse, typique des années 70, qui vient donner aux chansons une texture et une chaleur. Quand on l'entend sur Hard To Say Goodbye, on se dit que le thème principal aurait fait une excellente bande son pour un film de Tarantino.

Chacun de ses nouveaux titres est un petit bijou. Je mentionne encore Finale Days suivi naturellement de Solid Ground qui viennent juste avant le rappel. Bien sûr, nous dansons moins, nous sommes dans l'écoute attentive, la contemplation, mais certains moments sont plus beaux que d'autres et c'est précisément là que nous captons la magie d'un concert. Lorsque les instruments s'effacent, Michael Kiwanuka s'installe au piano et déploie sa voix légère et mélancolique. La lumière flotte. Moment suspendu, aérien. Tout se cristallise autour de l'artiste, renforcé par des loops de violons et rejoint progressivement par l'ensemble des musiciens pour une montée en puissance qui vient donner à ce titre toute son ampleur. Il joint humblement ses mains pour remercier son public qui le couvre d'applaudissement. Tout est dit ! On s'incline.

Nous n'allons pas nous mentir, nous prenons tout de même plaisir à retrouver ses anciens titres, comme Black Man In A White World qui emporte le public avec son refrain ou Tell Me A Tale qui réunit tous les ingrédients, mêlant ambiance et émotion.
Nous terminons cette soirée avec ceux qui ont fait son succès, en partant de son premier album, l'épuré Home Again puis Cold Little Heart et Love & Hate. Nous les attendions. Nous voilà comblés !

Une soirée réussie du début à la fin et un album que nous allons prendre plaisir à écouter encore et encore pour qu'il nous délivre toute sa beauté et ses subtilités.
setlist
    CELESTE
    Both Sides Of The Moon
    Lately
    Beloved
    Love Is Back
    Somebody
    This Is Who I Am
    Strange

    MICHAEL KIWANUKA
    Piano Joint
    You Ain't The Problem
    Rolling
    I've Been Dazed
    Black Man In A White World
    Rule the World
    Hero
    Tell Me A Tale
    Rest
    Light
    Living In Denial
    Final Days
    Solid Ground
    ---
    Hard To Say Goodbye
    Home Again
    Cold Little Heart
    Love & Hate
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