Depuis leur comeback en 2015, Ride n’ont pas chômé. Deux albums, plus un disque de remixes pour le Record Store Day (d’ailleurs y en aura-t-il un autre cette année ?) et un EP, et surtout une multitude de concerts partout dans le monde. La dernière étape de leur tournée passait par Paris au Trianon. On se souvient d’un Olympia plein comme un œuf il y a cinq ans de cela déjà alors que leur discographie ne s’était pas étoffée à l’époque depuis leur séparation. Si on reste mitigé sur le disque du retour,
Weather Diaries, leur dernier effort en date,
This Is Not A Safe Place, nous avait sacrément séduits. Aussi, nous sommes relativement surpris de retrouver la salle parisienne sacrément clairsemée lorsque les jeunes anglais de
Crushed Beaks entament leur concert.
Avec deux albums à leur actif, dont
The Other Room, paru en 2019, les Londoniens semblent un peu timides en début de set. Cependant leur noisy pop finit par gagner en intensité au bout de trois morceaux et l’audience présente manifeste un engouement certain pour la prestation du groupe. Par moment, celui-ci joue d’ailleurs plutôt vite avec un son joliment électrique. On sent que l’insouciance a parfois ses avantages, notamment lorsque Crushed Beaks ne se posent pas de questions et déversent leurs morceaux avec une jolie spontanéité. Au final, les anglais réussissent à séduire pendant la trentaine de minutes qui leur est impartie.

Bien entendu, le public s’est déplacé pour la tête d’affiche. Et lorsque résonne
She’s Lost Control de Joy Division dans le Trianon quelques minutes avant que la bande d’oxford n’arrive sur scène, la salle s’est quand même davantage étoffée. Les lumières s’éteignent un peu avant 20h45 et c’est au son de
R.I.D.E. que Mark Gardener, Andy Bell, Loz Colbert et Steve Queralt prennent position dans la salle parisienne. Dès l’entame de
Jump Jet, on comprend que le son du concert sera assez axé sur l’aigu et le niveau sonore assez élevé. Le groupe est bien en place. Le chanteur/leader tout de noir vêtu et portant des baskets blanches (comme pour ses comparses sur ce dernier point) affiche tout sourire. Après avoir exécuté la merveilleuse pop song
Future Love, Ride envoient la gigantesque tornade
Leave Them All Behind pour le plus grand plaisir du public. On comprend alors aisément que celui-ci s’est avant tout déplacé pour écouter les morceaux des deux premiers albums du groupe.
Cependant la setlist sera essentiellement axée sur
This Is Not A Safe Place et certaines plages de
Weather Diaries viendront s'y greffer pendant les deux premiers tiers du concert, avec une mention spéciale à
End Game mais aussi au faux départ d’Andy Bell lors de
Dial Up, seul morceau où Mark Gardener échangera une de ses guitares électriques contre une sèche.

Certains dans le public réclament
Twisterella, en vain. Cependant à partir de
OX4, le concert va basculer et prendre une toute autre dimension. Le son monte d’un cran et se durcit avec
Taste en guise d’appetizer, suivi de
Kill Switch, un des tous meilleurs morceaux du dernier album. Mais c’est bien le triplet final exclusivement composé de chansons de
Nowhere qui mettra tout le monde d’accord. "Back to noise" lancera d’ailleurs Mark Gardener à l’entame de cette orgie d’électricité qui inondera le Trianon pendant une une quinzaine de minutes.
Le groupe quitte ensuite la scène pour quelques petites minutes, avant de revenir pour un rappel de très haut standing avec
In This Room puis
Seagull, ultime conclusion d’un concert riche en décibels et opposition parfaite du morceau final présent sur leur dernier album et de celui d’ouverture de l’opus inaugural de leur discographie paru il y a maintenant presque trente ans de cela. Finalement, la cohérence est absolue entre ces deux chansons qui achèvent 1h40 de concert d’une réelle intensité. On a senti le groupe un peu fatigué. Mark Gardener l’a d’ailleurs signalé en deuxième partie de set. Toutefois, la prestation fut à la hauteur de nos espérances et on espère ne pas devoir attendre cinq années supplémentaires pour revoir Ride sur une scène française.