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shame
Nova Twins

Paris, La Gaîté Lyrique - 4 novembre 2021

Live-report par Laetitia Mavrel

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Le hasard fait bien les choses. Ayant quitté le live en tout début de pandémie à la Gaîté Lyrique pour les Inrocks Festival début mars 2020, nous retrouvons la magnifique salle art déco parisienne pour un retour en festival indoor cette fois-ci avec le ARTE Concert Festival, qui nous propose trois jours de concerts filmés et retransmis en direct.

La première journée déroule le tapis rouge au rock britannique avec Nova Twins et shame, misant ainsi sur la jeunesse, la fougue et le rock qui fracasse dur. Une bien belle raison de venir se réchauffer en collectif, toujours sous l'œil du protocole sanitaire imposant le pass et le port du masque durant les captations... Bien difficile à tenir au fur et à mesure que la température montera.
Les caméras se déploient entre le foyer historique et la salle de concert, réaménagée de façon à rendre centrale la scène. Comme hissés sur un ring de boxe, les groupes peuvent ainsi communier avec le public à 360 degrés. S'y produisent Nova Twins et shame qui sauront occuper pleinement l'espace ainsi mis à leur disposition.



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Pour débuter la soirée, c'est dans le cadre plus feutré et intimiste du foyer que nous découvrons C'est Karma, jeune interprète luxembourgeoise de dix-huit ans au look gothique sage accompagnée de boucles de synthés et d'une seule guitare qui entame un tour de chant plutôt affirmé, ses textes relatant de causes comme la lutte pour l'égalité des sexes ou la question climatique.
Le plafond aux fresques et moulures d'époque apporte un côté classique et romantique au tour de chant de Karma Catena, dont la voix parfois frêle et parfois vive n'est pas sans rappeler Björk, à laquelle la presse de son pays l'a déjà comparée. Une entrée en matière très élégante qui contraste fortement avec la suite du programme, mais c'est là tout l'intérêt de la programmation du festival.



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Nous passons dans la salle de concert qui voit entrer sur scène les furieuses Nova Twins, que la pandémie ne nous avait pas laissé le temps d'accueillir comme il se doit à Paris pour leur concert initialement prévu fin mars 2020. Et cela a été très frustrant car l'album Who Are The Girls sorti un mois avant n'annonçait que du bon.
La chose est réparée avec les deux fausses jumelles qui reviennent encore plus délurées. Pas une seconde n'est perdue pour envoyer du très lourd, les titres les plus fusion et furieux de leur album sont enchainés, et les appels à prendre pleinement possession de « la fosse » malgré les encombrants va-et-viens des caméras sont lancés, le public discipliné se faisant alors un grand plaisir d'y répondre.

Ayant subi de plein fouet les effets du confinement sur ce qui devait être leur première vraie tournée en Europe, les Nova Twins rattrapent le temps perdu avec quelques inédits dans la même veine punk brutal du premier opus. La puissance de la batterie et le jeu de pédales de la bassiste Georgia South permettent de faire oublier que seuls trois instruments trônent sur scène. Le chant d'Amy Love passe du quasi guttural à un flow hip-hop qui nous transportent loin jusqu'à une époque bénie où les Red Hot Chili Peppers assuraient ailleurs quand dans des stades.
Quarante minutes et pas une seconde de répit dans une salle/studio de télévision que les Nova Twins ont su transformer en mini mosh pit, jets de bière à l'appui.



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Le temps de quelques ajustements logistiques, la tête d'affiche de cette première journée débarque en catimini sous une lumière encore tamisée qui nous laisse entrapercevoir les cinq brixtoniens de shame sous leurs meilleurs atours : le costume trois pièces est de rigueur, la scène fait apparaitre la batterie au centre, entourée de quatre microphones présageant que le show sera perceptible des quatre coins de l'assistance.
Quelques avaries techniques font patienter nos hôtes sur scène, à coup de bières, cigarettes et distribution de champagne pour les premiers rangs. "Cela fait deux ans que vous attendez, vous n’êtes plus à cinq minutes près" déclare ainsi Charlie Steen (la traduction réelle des propos étant moins châtiée). Le concert débute enfin avec Alphabet qui s'impose en ouverture tout autant que sur Drunk Tank Pink, excellent deuxième album qui n'a pas déçu, bien au contraire.
Les hymnes punk loubards s'enchaînent, les vestes et les chemises tombent quasi simultanément et la setlist passe du premier au second opus avec une fluidité monstre.

shame semblent tout aussi ravis que le public de la configuration de la salle et en jouent d'une façon fort habile. Charlie Steen se déplace sans répit aux quatre coins de la scène, ravissant les fans d'accolades ponctuées de crowd surfing sur le dos ou debout, sans oublier les distributions de cigarettes et autre baiser volé par un spectateur malicieux. Se saisissant également des caméras, le chanteur de shame dévoile une présence de plus en plus assurée, marquant le pas d'avec les premières prestations d'y il a deux ans. On découvre à l'occasion un inédit joué en live pour la première fois, This Side Of The Sun, où la cadence nerveuse et saccadée nous rassure sur la productivité du groupe durant ces longs moins de crise.

On retrouve avec plaisir les principaux tubes de Songs Of Praise que sont Concrete et The Lick, et le très « Fall-ien » Nigel Hitter qui reste un de leur meilleur titre en live. Le son se sature encore plus sur Tasteless où la foule s'embrase réellement et, on ne sait par quel miracle, évite de se faire assommer par les bras de caméras qui survolent incessamment tout ce petit monde. La proximité accordée par cette drôle de configuration ne cessera de ravir les musiciens qui en joueront tout du long du concert. Et malgré les quelques mètres carrés de disponible, la tradition des allers-retours toute basse dehors sur la scène est respectée.
L'enchainement de Born In Luton, March Day et Dust On Trial, sous les feux d'un light show stroboscopique rouge et bleu à la limite de l'oppressant rend la foule extatique, et le final avec le puissant et profond Angie achève la prestation avec la promesse d'un retour au Bataclan en avril prochain encore plus fiévreux, l'Europe étant aux yeux de shame « a truely truely beautiful place ».

Le rendez-vous est pris.
setlist
    C'EST KARMA
    Non disponible

    NOVA TWINS
    Intro Who Are The Girls
    Devils Face
    Vortex
    Play Fair
    Loosing Sleep
    Wave
    Antagonist
    Bass Line Bitch
    Taxi
    Undertaker

    SHAME
    Alphabet
    6/1
    Concrete
    This Side Of The Sun
    The Lick
    Nigel Hitter
    Tasteless
    Born In Luton
    March Day
    Dust On Trial
    Harsh Degrees
    Angie
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