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Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 14 janvier 2021

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Trois ans après Songs Of Praise, les Londoniens de Shame nous reviennent avec un deuxième album, Drunk Tank Pink. Un disque qui montre le groupe toujours aussi bon sur son versant post-punk mais le voit aussi explorer de nouveaux territoires musicaux. Entretien.

Ces dernières années vous étiez sans arrêt sur la route. Avec le confinement tout a changé. Comment le groupe a-t-il vécu cela ?

D'être sur la route rend difficile de contextualiser les choses, mais forcément c'est quelque chose d'étrange de rentrer chez soi et de soudain se retrouver dans la situation que l'on vit actuellement. Cela a influencé sur l'écriture des paroles d'une certaine façon.

Vous avez dit que le silence était l'une des clés de ce disque. C'est amusant pour un album si « bruitiste »...

C'est justement lié au fait de rentrer chez soi après les tournées. Quand tu arrives chez toi et que, d'un coup d'un seul, tu redécouvres le son du silence.

On sent une influence des Talking Heads sur ce disque...

Oui, c'est vrai. Les Talking Heads nous ont influencés pour cet album notamment dans l'utilisation des guitares. Mais d'autres groupes nous ont marqué également comme les canadiens de Women, par exemple.

Il y a un côté funk sur certains titres qui évoquent à certains moments une vibe africaine...

C'est vrai. Nous n'avons jamais eu l'idée consciente de faire des trucs funky mais au final oui, il y a cette vibe, c'est vrai.

Vous avez enregistré l'album en France...

Oui, aux La Frette Studios en banlieue parisienne. C'est un super studio. On avait du très bon vin, de la bonne bouffe. C'étaient des conditions idéales pour enregistrer un album.

Pourquoi avoir choisi James Ford (ndlr : producteur notamment des Artic Monkeys) pour la production du disque ?

Il nous suivait depuis un moment, nous avait vus en live à Londres fin 2018. On avait enregistré une démo avec lui. Il travaille souvent dans ce studio donc cela s'est fait pour toutes ces raisons.

Vous avez connu la hype très vite. Cela vous-a-t-il mis une quelconque pression pour l'enregistrement de ce disque ?

D'une certaine façon. On t'attend toujours au tournant pour le deuxième album. Mais c'est une pression positive, inspirante.

Il y a pas mal d'éléments post-punk dans l'album. Le fait qu'il y ait une grosse vague post-punk en Angleterre depuis maintenant plusieurs années est-il lié au contexte politique et économique ?

Je ne suis pas sûr. Le post-punk n'est pas nécessairement lié à un contexte social ou politique. Plein de groupes en ont marre de l'étiquette post-punk mais nous, elle ne nous gêne absolument pas. Cela nous fait même plaisir si on nous considère comme post-punk.

Vous avez des titres courts mais d'autres comme Snow Day ou Station Wagon sont bien plus longs. Pourquoi cette envie de morceaux plus étirés ?

On a voulu expérimenter de nouvelles choses notamment au niveau des arrangements. Et puis on ne voulait pas écrire uniquement des titres punk de deux minutes et trente secondes.

Pourquoi « Born in Luton » ?

Un ami nous a dit qu'on passe notre temps à l'aéroport, donc ce morceau est venu de cette remarque que l'on a trouvée drôle, car effectivement nous avons passé les dernières années de nos vies à l'aéroport.

L'album est très varié musicalement. Vous aviez envie d'explorer plein de choses sur ce disque ?

Je pense, oui. Nous n'avions en tout cas pas envie de refaire le premier album. Pour un musicien, le challenge est quelque chose d'important. On a eu la liberté de faire ce qu'on voulait pour ce disque. On a exploré plein de styles musicaux. On voulait proposer une sorte de journée musicale à l'auditeur.

Vous avez grandi dans le sud de Londres où il y a une grosse scène musicale. Cela vous a aidés à vos débuts ?

C'était une bonne chose. C'est plus facile d'être entouré de super groupes que d'être seul dans son coin. Cela crée de l'émulation et ne peut être que bénéfique.

Vous avez été surpris de votre succès immédiat ?

Oui, tu ne t'attends jamais vraiment à cela.

Fat White Family ont dit dès vos débuts tout le bien qu'ils pensaient de vous. Cela vous a été utile ?

Absolument. On a été très proches pendant longtemps et, oui, cela nous a aidés.

Vous avez enregistré en 2020. Le COVID-19 a-t-il eu une incidence sur le disque ?

On l'a enregistré avant le confinement. On savait seulement ce qui se passait en Chine à ce moment-là, sans se douter de ce qui allait advenir en Europe, donc non cela n'a pas eu d'incidence sur l'album.

Vous êtes un groupe qui partait beaucoup en tournée. Ne plus pouvoir donner de concerts doit vous frustrer...

Tout à fait. Ne plus avoir joué depuis un an nous manque terriblement. On a hâte de reprendre la route. On espère que le vaccin nous permettra de reprendre les concerts et de faire les festivals cet été.

Qu'espérez-vous de 2021 ?

Un retour à la normalité, que tout redevienne normal pour les groupes, les tourneurs, les techniciens...