Baxter Dury

Malgré le froid, le vent, le variant Omicron et tout un tas de nouvelles règles venant compliquer le transit entre la France et le Royaume-Uni, nous réussissons à retrouver Baxter Dury dans le cadre de la série Echoes with Jehnny Beth d'ARTE, de retour en public au YOYO, club ultra hype niché sous le Palais de Tokyo dans le classieux 16ème arrondissement de Paris.

Les spectateurs présents sont autant de petits chanceux car la soirée à bien failli ne pas avoir lieu. La programmation initiale annonçait aux côtés du dandy anglais les jeunes pousses de Wet Leg et les australiens d'Amyl And The Sniffers dont deux des membres se sont malheureusement révélés positifs au COVID-19. Triste hasard, le concert des furieux IDLES a subi le même sort la veille, annulant ainsi leur prestation à la Machine du Moulin Rouge. Dès lors, grâce à un réseautage malicieux, nous retrouvons en lieu et place des australiens Geese, quintet New yorkais juvénile et bouillonnant, qui devait se produire avec les irlandais d'IDLES.

C'est suite aux débuts de la grosse sensation provenant de Brooklyn et du set de Wet Leg, toujours aussi en forme et souriantes qu'au Supersonic il y a une semaine, que la scène dépouillée et très arty du YOYO accueille Baxter Dury. Premier retour à Paris depuis janvier 2020 et notre rencontre d'alors où nous attendions de pied ferme la tournée qui devait nous dévoiler The Night Chancers, dernier album en date sorti malencontreusement en tout début de pandémie. Dix-huit mois après, les fans sont impatients et Baxter Dury est prêt à nous offrir « sa » version 2021 : en survêtement flashy et marcel douteux, paré de ses breloques dorées du plus mauvais goût, le "slumlord" entre en scène, et tout l'univers sexy et décadent de I'm Not Your Dog, Slumlord et Say Nothing issus de The Night Chancers font jubiler les fans et s'interroger les curieux.
Sous les néons agressifs et design de la scène, Baxter Dury est accompagné de trois musiciens dont un croisement entre Pee-Wee Herman et Tintin à la basse et de la choriste et collaboratrice de longue date Madelaine Hart, drapée dans une combinaison lamée noire et argentée du plus bel effet qui, avec son timbre langoureux, offre le contraste parfait avec le phrasé-déclamé nonchalant de Baxter.

Depuis les confinements et le dernier album, est sortie une autobiographie dénommée Chaise Longue relatant l'enfance atypique de Baxter auprès de son légendaire géniteur Ian Dury et va paraitre en février prochain la compilation Mr Maserati 2001-2021 retraçant ses vingt années de carrière. Il était donc logique que ce set de quarante-cinq minutes fasse écho à ces travaux rétrospectifs, offrant douze titres qui balaient la discographie tout en s'adaptant au format télé plus court.
Le concert débute sur le nouveau single D.O.A qui avec un flow sensuel amorce les prémices du futur disque du chanteur. Pas de temps morts, quelques déclarations d'amour à notre beau pays qui a su dès le départ apporter tout son soutien au personnage de dandy destroy qu'aime à façonner Baxter Dury. Pour cela : tenue de beauf (le survêtement est de marque Umbro, nous sommes avec un anglais, ne l'oublions pas), jeu de scène approximatif avec postures aguicheuses, regard et sourire un peu salaces, le rôle est parfaitement interprété rendant la prestation délicieuse pour les aficionados et probablement un peu dérangeante pour les néophytes.

Au travers des classiques que sont Miami, Cocaïne Man ou Prince Of Tears, Baxter Dury comble son public et comme à chacune de ses prestations, un élément dans l'auditoire se détache pour venir haranguer le chanteur, gravir le promontoire de la scène pour lui tendre son téléphone ou littéralement s'allonger à ses pieds. Le choix de montrer ce fan passionné sera laissé aux monteurs de l'émission, mais son enthousiasme laisse de marbre Dury comme lorsqu'il avait été littéralement pris d'assaut par une admiratrice un brin zélée au Truskel en 2019, prouvant ainsi que son charisme de branleur raffiné agit à merveille sur son public.

Cette mise en bouche permettra de patienter jusqu'au 11 février et la sortie de Mr Maserati 2001-2021, compilation marquant un premier pan de carrière réussi, où Baxter Dury a su se démarquer de l'ombre de son père pour se créer sa propre identité et entériner un style qui lui est propre. La diffusion prochaine du concert via ARTE en attendant un réel retour sur scène après trois vagues d'annulations successives nous permettra de patienter en bonne compagnie.