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Baxter Dury

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 13 octobre 2014

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Attention ! Baxter Dury fait son introspection (une fois de plus) et nous livre sa vision de la vie qui l'entoure, aidé de rythmes austères, de synthés dérangés et de textes tous plus ironiques les uns que les autres, mais diablement réalistes. Après le succès de Happy Soup, It's A Pleasure sonne comme un épilogue aux titres qui ont rejoint la mémoire collective, notamment depuis leur utilisation dans des publicités de grandes marques françaises. Un nouvel opus comme un nouveau recueil de la vie de Baxter Dury ; des tranches de vie qui, même banales et monotones, deviennent, une fois sur échantillonnées dans son esprit dérangé, des moments surréalistes et des chansons désespérément acides, comme seul lui peut les créer et, surtout, les chanter.

« La jovialité sur commande est atroce, mais la vraie malchance est drôle, on peut en rire ». Voilà, en substance ce que dit Baxter Dury à propos des dix titres d'It's A Pleasure, à paraître sur sa nouvelle maison de disques, PIAS Le Label, le 20 octobre prochain. Un album de pop tragi-comique, à l'instar du personnage et de l'interview qu'il nous livre.

Ma première question : qu'as-tu fait des menottes que nous t'avions données après la séance photo et l'interview de 2011 à Paris ?

C'était toi ! Merde, qu'est-ce que j'ai fait de ces menottes ? Je crois que j'ai laissé Madelaine jouer avec le soir et elle a du vouloir les garder après (rires) !

Justement, où est passée Madelaine Hart qui officiait avec toi pour ton album précédent, Happy Soup ?

Elle a eu un enfant. Elle s'occupe actuellement de son petit garçon prénommé Stan. Un très beau petit garçon...

C'est la principale raison de votre séparation, à l'amiable ?

Je dois avouer que j'aime bien que les choses bougent, de toute façon. C'est plutôt sain de ne pas se reposer sur ses lauriers et de se remettre en question. J'en suis triste à quelque part, car elle reste une bonne amie et elle me manque un peu, aujourd'hui.

Aujourd'hui, tu es à nouveau accompagné d'une musicienne et d'une voix féminine en la personne de Fabienne Debarre. Qui est-elle ?

C'est une Parisienne. Elle joue dans le groupe We Were Evergreen. Elle vit à Londres, pas très loin de chez moi et je lui ai demandé de faire partie de l'aventure. Son groupe avait fait quelques-unes de nos premières parties en France. C'est une musicienne hors pair, incroyablement talentueuse, probablement la meilleure avec qui j'ai eu la chance de travailler.

Était-ce la musicienne qui t'accompagnait aux claviers et aux choeurs sur scène lors de ton concert aux Nuits de Fourvières en juillet dernier, quand tu as remplacé, au pied levé, Miles Kane ?

Non. Elle ne pouvait pas faire la tournée avec nous, car elle tournait déjà avec We Were Evergreen. Je tiens à dire que nous n'étions pas vraiment prêts pour ce concert. Qui était loin d'être notre meilleure prestation...

À cause du délai imparti pour la préparation de ce remplacement de dernière minute (Miles Kane étant tombé malade) ?

On a appris notre venue à Lyon un jour avant le concert ! Nous n'avons même pas pu répéter, mais tu ne peux pas ne pas accepter ce genre de proposition. Et puis, Mike Moore, notre guitariste, est le meilleur ami du bassiste (ndlr : Drew McConnell) des Babyshambles qui jouaient ce soir-là. En fait, on fréquente tous Drew McConnell et les Babyshambles, depuis longtemps. Je connais Pete Doherty depuis longtemps, également.

À notre dernière entrevue, tu présentais ton album Happy Soup qui a rencontré un succès indéniable. Que s'est il passé depuis trois ans dans la vie de Baxter Dury ?

Pas mal de choses... De la poésie, des crises de nerfs, des bons et des mauvais moments, beaucoup de travail pour mener à bien ce nouvel album, des négociations de contrats, des trucs personnels qui ne t'intéresseraient pas. J'ai grossi, un peu... Des trucs de la vie, quoi (rires).

Tu sors It's A Pleasure, ton quatrième album, sur une nouvelle maison de disques, PIAS Le Label, qui est le troisième de ta carrière. Comment s'est opéré ce changement ?

Avec mon premier label, Rough Trade Records, je n'ai pas fait ce qu'il fallait pour rester avec eux. Avec Parlophone, les choses ont bien fonctionné. Cela m'a donné l'expérience d'une major, que je n'avais pas étant issu du milieu indé. Mais, des changements de politique sont intervenus chez eux et quand ils ont été revendus, il était clair qu'ils ne garderaient pas un artiste un peu iconoclaste, comme moi. Nous avons donc décidé de quitter ce label, avant d'en être éjectés, de toute façon. Il me fallait donc trouver un nouveau label et j'ai envoyé un titre à une personne que je connaissais à Paris. C'était risqué pour nous, mais le risque s'est avéré payant parce que PIAS est une entreprise en bonne santé, ce qui est rare dans ce milieu. Nous avons finalement signé dans leur branche française.

Chacun de tes albums compte neuf titre, exceptés les deux derniers qui en ont dix. Le prochain en comptera onze ?

J'aime garder les choses à taille humaine, si on peut dire... J'aime les créations compactes. Je trouve plus intéressant pour le public d'avoir un œuvre moins large et plus recentrée.

Aujourd'hui, je suis heureux quand mes chansons durent deux ou trois minutes.

C'est le cas sur It's A Pleasure : quinze mots à peine pour nommer dix titres !

Vraiment ? Intéressant... C'est mon côté raffiné, je pense (rires). À une époque, j'essayais de faire de longs titres et de me répandre, tout au long de mes albums. Aujourd'hui, je suis heureux quand mes chansons durent deux ou trois minutes.

Dan Carrey, comme d'autres, fait partie des intervenants dans la production de ce nouvel album...

Dan a travaillé sur Palm Trees et Police. Il a été impliqué très tôt dans le projet. Mais la production est plutôt DIY avec l'aide de Mike Moore et quelques autres comme Craig Silvey, le collaborateur d'Arctic Monkeys.

Cet album a été enregistré dans beaucoup d'endroits différents...

Sur le papier, c'est qu'il transparaît. Mais, en fait, nous avons enregistré la plupart des titres à la maison. Nous avons fait quelques excursions, cependant. Les percussions ont été enregistrées en Belgique – ce qui nous a coûté une fortune ! – et cela s'est plutôt bien passé. Nous avons également fait quelques mixes à New York, mais le résultat n'était pas à la hauteur. Différence de point de vue, je pense. Et puis, nous avons terminé le mix final à Londres.

Tes chansons parlent de faiblesses, de joie, de tristesse, de succès et, bien sûr, de filles. Est-ce que tu alimentes tes textes avec ta vraie vie ?

Un peu, oui. Je me sers de moi-même pour écrire. Il y a beaucoup de moi dans mes chansons, ce qui est très vaniteux, je le reconnais.

Pour ce nouvel album, as-tu eu accès à des moyens supérieurs que pour Happy Soup ?

Pas spécialement. Je crois même que nous avions eu plus de moyens pour Happy Soup, étant alors chez Parlophone. À l'époque, nous avions eu droit à une grosse préparation, à l'ancienne, comme c'est souvent le cas dans les Majors.

Le vidéo clip tourné pour le titre Pleasure a déjà pas mal fait parler de lui. On t'y voit dans une tenue d'hôpital, échappé d'un asile ou d'un centre psychiatrique... Comment s'est passé le tournage de ce clip ?

Je ne sais pas pour l'asile ou le centre psychiatrique... Cela pourrait tout aussi bien être des gens déguisés en tenues d'hôpital qui se baladent dans Londres (rires). Il n'y a pas de début ou de fin dans cette histoire ; tu es directement projeté au milieu d'une histoire étrange. D'ailleurs, je me fous de l'histoire, du début ou de la fin ; tout ce qui m'intéresse c'est le procédé et ce que raconte le clip au moment présent. Je voulais quelque chose qui dérange et c'est gagné, je crois ! J'ai l'impression que les vidéo clips sont dévoyés ces derniers temps. On essaie de leur faire dire ou de les forcer à représenter quelque chose qu'ils ne peuvent être. Le réalisateur et moi-même sommes des anti-politesse ambiante dans les vidéo clips. Ce politiquement correct qui nous étouffe. Mais, je sais que certaines personnes ont détesté ce clip !

Dans le titre Pleasure, tu parles des « Ferrero Rocher Prostitutes ». Que veux-tu dire par là ?

(rires) Comme tu le sais, un rocher Ferrero est une gourmandise au chocolat. C'est le symbole d'un style de vie nageant continuellement dans la mascarade. Le chocolat Ferrero lui-même est un produit de merde qui nage dans la mascarade pour être vendu. Quant aux publicités, elles sont tellement grotesques qu'on se demande qui peut croire qu'avec des rochers Ferrero, on peut organiser des soirées d'Ambassadeurs ! Et les « Ferrero Rocher Prostitutes » – qui ne sont pas spécialement des prostitués, homme ou femme – ce sont des gens qui pensent être le choix numéro un, mais qui ne sont que des choix de seconde zone. Ils vivent constamment dans l'illusion de leur look ou de leurs possessions.

Tu en as rencontré beaucoup ?

Je crois bien en faire partie, moi-même (rires) !


Est-ce que, comme dans le titre Other Men's Girls, il t'arrive de porter du maquillage sur scène ou ailleurs ?

Je ne porte jamais de maquillage ! Mais, l'idée fait son chemin dans ma tête... (rires)

Dans le titre Police, tu racontes une histoire tellement réaliste qu'elle semble être du vécu... Est-ce une histoire réelle ?

Oui, c'est une histoire vraie. Ma voisine, qui a un copain très costaud, m'a envoyé la police un soir où je jouais de la batterie, assez fort chez moi. Une partition d'Elton John... La police a sonné chez moi et je suis allé leur ouvrir en jouant le mec bourré. Ils m'ont dit : « Avez-vous entendu quelqu'un jouer de la batterie à votre étage ? ». Evidemment, j'ai répondu que non et que je ne voyais pas de quoi ils parlaient. Le problème, c'est qu'on pouvait voir une partie de ma batterie par l'entrebâillement de ma porte !

Combien de temps t'a pris l'écriture de It's A Pleasure ? As-tu modifié quelque chose dans ton processus de création et d'enregistrement, comparé à Happy Soup ?

Cela m'a pris pas mal de temps. Quand nous avons démarré It's A Pleasure, nous n'avions ni soutien financier, ni même un label à nos cotés. Et Dan Carey, impliqué très tôt dans le projet, nous a beaucoup aidés à démarrer ce nouvel album. Le processus est également psychologique, car j'avais sûrement cet album en moi depuis longtemps. Le tout était de pouvoir le faire sortir de ma tête et de le mettre concrètement en paroles et en musique.

Autant Happy Soup sonnait assez éloigné de l'album qui le précédait, Floor Show, autant It's A Pleasure sonne comme une succession logique ou un épilogue à Happy Soup. Avec peut-être une touche eighties plus appuyée...

Cela me fait plaisir que tu penses cela. Dans la forme, le coté eighties est plus présent, tu as raison. Mais le processus chez moi est tellement inconscient, il n'y pas vraiment de réflexion constructive quand j'écris ou quand j'arrange des titres. Au départ, je suis envahi de doutes que j'essaie de lever en faisant écouter mes premières démos à des gens de confiance, autour de moi. Mon mode de fonctionnement n'a rien de glamour à raconter... (rires)

Dans un titre comme Whispered, le ton et les sonorités eighties sont très présente. On sent presque l'influence d'un Gorgio Moroder dans ces sonorités...

Merci pour la référence, j'apprécie. Dans ce cas précis, Fabienne Debarre a eu un apport énorme. Encore une fois, son talent de musicienne m'a vraiment épaté. Les sonorités, c'est un choix collectif, mais elle a été la meilleure pour exécuter ces sons et ce titre, grâce à ses compétences de claviériste, notamment.

Le mois prochain, tu es programmé au célèbre Club 100 de Londres et c'est déjà complet ! Quel a été ton meilleur souvenir de concert ces derniers mois ?

Malheureusement, ou heureusement d'ailleurs, nous n'avons donné que trois concerts cette année. Et celui que tu as vu à Lyon était le deuxième. Pour moi, le meilleur fut le dernier en date, à La Route du Rock. C'était formateur pour nous car il y avait là une foule immense comme nous avons rarement l'occasion de voir. Quand tu es devant 10 000 personnes et que ta tournée n'est pas encore rodée, c'est là que tu apprends le plus et le plus rapidement. Ceci dit, je ne me suis pas totalement fait plaisir, car j'étais encore très nerveux sur scène...

Quelque chose de plus nous parvient du public, dorénavant.

As-tu ressenti un changement dans l'accueil du public depuis le succès d'Happy Soup ?

La première fois que j'ai réalisé ce changement, c'était à la Route du Rock, justement. Quelque chose de plus nous parvient du public, dorénavant. Quelque de chose de plus cimenté, de plus épais et c'est quelque chose que nous ressentons tout spécialement quand nous jouons en France. Si j'osais, je dirais que le rapport avec le public de la Route du Rock était quasiment un rapport de femme à homme ; l'homme étant moi, bien sûr !

À quoi penses-tu, sur scène, dans ces moments-là ?

Ce jour-là, à la Route du Rock, je me suis mis à penser au tramway. Ce n'est pas débile, ça, comme pensée ? Je me disais : « Arrête de penser à ces putains de Tramways ! ». Mais, j'imagine que c'est une façon pour mon cerveau de se détendre et de penser à autre chose, justement. Pendant que ton corps et tes membres pensent à enchaîner des notes ou des mouvements, ton cerveau se désengage et c'est comme une expérience de mort imminente quand ton esprit s'élève et que tu vois ton corps, d'en haut. C'est très bizarre comme sensation et cela est surtout vrai quand tu démarres une nouvelle tournée. Tu penses que tu sais ce que tu dois faire ou chanter, et d'un coup tu te rends compte que tu es complètement ailleurs et tu te dis : « Merde. C'est quoi le couplet suivant ? ». Mais, ce sont des moments de panique essentielle pour un artiste, je pense.

Sur la scène des Nuits de Fourvière, nous avons pu t'entendre remercier ta mère et ton père, entre deux titres. C'était assez émouvant. T'arrive-t-il de penser à ton père quand tu te retrouves sur une scène ?

Quand je chante, j'avoue que ça m'arrive assez souvent. Je fais des choses qui me rappellent mon père et, tout de suite, ma conscience me rattrape et me dit : « Essaie de ne pas trop copier ton père ! ». En même temps, une autre partie de mon esprit me dit : « Tu t'en fous ; c'est ton père après tout ! ». Parfois, je me dis : « Qu'est-ce que tu fous sur scène, toi aussi ? ». Donc, oui, mon père est définitivement présent dans ma vie d'artiste.

En un sens, comme pour ton père, c'est la voix qui est la vraie star de Baxter Dury et son groupe. Comment entretiens-tu ta voix, si particulière ? Cigarettes ? Alcool ?

(rires) Elle est ce qu'elle est... C'est une bête qui sommeille en moi. D'un côté, je n'ai pas vraiment à l'entretenir et donc je n'ai pas besoin de l'assurer, par exemple. Je déclame plus que je ne chante généralement, c'est plus facile.


C'est comme cela que tu expliques le flow si particulier que tu as dans tes chansons ?

Je vais te dire, je fais ce que je suis capable de faire. C'est tout. J'aime les chansons où il y a moi et une mélodie, mais je n'aime pas que cette mélodie prenne le dessus pour autant. Et comme il faut que les mélodies s'accordent avec ma façon de chanter, c'est assez difficile. Il ne faut pas croire, avoir une voix comme la mienne n'est pas une si mince affaire pour équilibrer musicalement les titres. Il faut trouver les bons mots, mais également les bons choix musicaux et la bonne atmosphère ; cela demande pas mal d'arrangements, au final.

Peux-tu nous expliquer comment s'est fait le choix de la photo figurant sur la pochette et te mettant en scène avec un cygne ?

Tu as aimé ? Moi j'aime beaucoup (rires). C'est ma petite amie, Margaux, qui a imaginé la couverture avec ce cygne. C'était la première fois qu'elle s'essayait au design d'un artwork et je ne savais pas vraiment si elle serait douée pour ça. C'est toujours délicat de demander à un proche de travailler avec toi sur un aspect artistique ; cela peut mener à des situations bien tristes, parfois. Je me suis dit « Hé merde. Je vais quand même lui demander ! ». Je ne savais pas vraiment à qui d'autre demander, de toute façon ! Du coup, elle a créé tout l'artwork du disque et je trouve qu'elle a super bien travaillé. D'ailleurs, j'ai l'impression que les gens aiment plus l'artwork du disque, que l'album lui-même (rires) !

Quel est le calendrier pour It's A Pleasure et Baxter Dury pour les mois à venir ?

Tout démarre en septembre, mais c'est surtout au mois d'octobre que nous avons un gros calendrier. Nous allons revenir très souvent à Paris et je m'en réjouis. Il y a un esprit très accueillant pour nous ici. Cela fait deux jours que je suis en promo maintenant. Comme je te le disais, depuis quelques temps, l'accueil, notamment en France, est devenu très plaisant pour nous. Il y a un événement potentiel qui m'excite et me fait rêver, ce serait jouer à l'Olympia ; et je pense que c'est en bonne voie pour bientôt... En fait, ce serait un peu un rêve de gosse qui se réaliserait. Mais, quand le bon moment sera venu... Dans pas trop longtemps, j'espère.

En parlant de rêves et de salles mythiques, quel serait le lieu, en dehors de l'Olympia, où tu n'as pas encore joué et où tu adorerais jouer ?

Nous ne sommes encore jamais allés jouer aux Etats-Unis. Je ne sais pas à quel point cela est faisable pour nous. Même si je ne suis pas spécialement un fan des Etats-Unis, je me dis que ce serait peut-être assez bon pour le business. Je suis plus attiré par les pays latins, en fait. Je me fous un peu des pays du nord de l'Europe et je dois dire qu'ils me le rendent bien (rires) ! La Pologne, ce serait cool, même si c'est un pays trop froid et trop pauvre (rires). J'adore l'Espagne et le Portugal, et surtout l'Italie où nous ne sommes pas encore allés serait vraiment intéressante pour nous. Mais, apparemment, il est difficile d'organiser des tournées dans ce pays. J'aime la chaleur et les vibrations des pays latins... A contrario de mon père, d'ailleurs qui lui était beaucoup plus dans le style du rock britannique ou des pays du nord.

Comment décris-tu ton style musical, quand tu as à le décrire ? Un Crooner européen avant-gardiste ?

Je suis un « psychedelic papa » (rires) !