Far Caspian

En ces temps improbables qui voient les scénarios catastrophe de nos films préférés devenir réalité, il est bien difficile de garder l'esprit léger. Mais grâce à un énième endormissement du virus, que l'on espère cette fois-ci définitif, les concerts debout sont de retour et certains artistes européens bravent les différentes et opaques restrictions toujours en place pour les voyages afin de revenir nous divertir.

Le retour de votre chroniqueuse se fait donc en petit comité au sympathique Pop-Up du Label en compagnie des Irlandais de Far Caspian. Suite à la sortie du premier album de la formation de Joel Johnston l'automne dernier, Ways To Get Out, le groupe peut enfin venir défendre un disque à l'ambiance minimaliste et empreint de mélodies aux boucles synthétiques lunaires.


La première surprise vient de la salle pleine comme un œuf et qui accueille en grande majorité un public très jeune empreint de playlists indie que leur sert les plateformes digitales où se niche en bonne position Far Caspian. La seconde est la tournure que prend le concert : la version live de Far Caspian s'éloigne franchement de la sérénité qui plane dans Ways To Get Out. Des titres comme Brother ou Moon Tower se voient dépouillés de leur cachet dream pop pour se transformer en pop indie fortement rehaussée des riffs provenant des trois guitares présentes sur scène.

Le concert va crescendo, débutant avec la fraicheur et la simplicité de Pretend et Between Days où la plupart d'entre nous découvre la voix assez discrète de Joel Johnston, dont on s'étonne qu'elle arrive à passer au-dessus de la multitude d'instruments présents ce soir malgré la taille XS de la scène du Pop-Up du Label : en tout et pour tout sept musiciens répartis entre guitare, basse, batterie, synthé et mini-saxophone.
Sous une lumière toujours feutrée, oscillant entre le contraste du rouge boudoir et du bleu électrique, c'est toujours dans une semi-pénombre que Far Caspian nous livrent un set où personne ne boude son plaisir. Les sept musiciens arrivent à s'approprier l'espace, au prix de quelques coups de manches de guitare dans les épaules ou le dos, mais toujours avec un entrain sincère du fait d'échanges de bouteilles de bières, de bouteilles de vin (bues au goulot, mais nous leur pardonnons cette terrible faute de goût) et de chants et autres messages destinés à la famille et aux amis présents dans la salle.


La température monte d'un bon cran avec Come Down And Waste With Me et Crashed Down et c'est avec un « faux encore » qui voit les musiciens simplement se mettre dos à nous le temps que la salle exulte que le concert se termine sur Finding My Way Home, faisant ainsi atterrir tout le monde gentiment.
Heureux comme des papes d'ainsi partager à nouveau avec le public parisien leur pop élégante et pleine d'authenticité, Joel Johnston et Far Caspian nous offrent pour ce retour aux affaires une bonne dose de bien-être et d'optimisme pour la suite. Ce dont nous avons grandement besoin en ce moment.