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PVA
shame

Paris, Bataclan - 1er avril 2022

Live-report par Laetitia Mavrel

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Ce 1er avril est un vendredi pas comme les autres : le retour inopiné du froid et de la neige (pourtant pas un poisson d'avril) et de shame qui investissent enfin le Bataclan à Paris suite au report de novembre dernier. La venue des londoniens tombe alors à point nommé pour se réchauffer : jamais plus efficace qu'en live, la bande menée par Charlie Steen a redonné ses lettres de noblesse au concert 100% punk dans ce qu'il comporte d'énergie sauvage sans jamais tomber dans la violence bête et vulgaire.
Ainsi, le Bataclan qui a accueilli en son sein des concerts mythiques et totalement borderline tels les New York Dolls, Siouxsie And The Banshees, Bad Religion et bien plus récemment IDLES, a fait honneur à sa réputation en ouvrant ses portes à shame qui ont, en une heure et quart, transformé la fosse quasi pleine en un mosh pit dévastateur.

C'est dans un registre bien diffèrent que nous commençons la soirée avec PVA, trio irlandais s'étant fait découvrir fin 2020 avec son premier EP Toner. Armés de deux claviers et d'une batterie, bardés de boucles electro punk bâtissant une ambiance hétéroclite teintée de cold wave, aidée en cela par le chant plutôt caverneux d'Ella Harris, le style étonne mais ne parvient pas à capter l'attention d'une fosse acquise au pogo. Bien que mené par un jeu de batterie particulièrement débridé et interprété avec brio, ce mélange des genres peine à prendre et la musique de PVA, aussi innovatrice soit-elle, trouverait très probablement plus d'écho sur une scène de club.


C'est donc sur les starting blocks que le public accueille shame. Avec leur look de jeunes grands-pères (ne manquent plus que les bretelles pour retenir ces pantalons trop larges et d'un autre temps), on ne parierait pas un sou sur le potentiel destructeur du groupe. Et pourtant... Ce sont les titres les plus nerveux de Songs Of Praise et Drunk Tank Pink qui sont offerts à la foule et c'est dès les premières secondes qu'une masse compacte se forme, masse dont sortiront des flots quasi constants de crowd surfers venant s'écraser aux pieds de Charlie Steen, posté sur le devant de la scène et haranguant les spectateurs de ses mouvements mécaniques de bras ou armé de son pied de microphone.

Alphabet, Concrete, Born In Luton, Nigel Hitter, Tasteless, Water In The Well, One Rizla... Le choix des chansons est de première qualité. L'énergie dégagée par shame est électrisante et l'authenticité dont ils font preuve en mettant toutes leurs tripes dans le jeu de chacun de leur instrument nous fait réaliser à quel point être un bon groupe de scène n'est pas forcément acquis dès que l'on part en tournée. Et ça n'est pas l'état de quasi-transe dans lequel se plonge l'incroyable bassiste Josh Finerty lorsqu'il parcourt de long en large la scène ou qu'il se jette à terre, quitte à compliquer la tache des roadies, qui nous prouvera le contraire.


Le public parisien est gâté avec la setlist qui dévoile plusieurs nouvelles compositions, dont certaines interprétées pour la première fois ce soir même. Il en ressort pour la majorité d'entre elles un sentiment de plus de structuration dès cette première écoute : les guitares se font moins stridentes et les harmonies se distinguent plus aisément grâce à Charlie Steen qui s'économise un peu plus en modérant le côté rageux et dont le chant gagne en profondeur. Tous ces titres dévoilés en exclusivité laissent augurer d'un troisième album qui fera franchir un nouveau cap à la formation.

Mais point d'inquiétude, shame semblent persister dans leur insatiable quête de sensations fortes qui donne ici tout son sens au mouvement post-punk de ces cinq dernières années dont les londoniens figurent sans aucun doute parmi ses plus talentueux représentants.
setlist
    One Cool Jazz
    Alphabet
    6/1
    Concrete
    This Side Of The Sun
    Fingers Of Steel
    Wicked Beers
    Everything In This Room
    The Lick
    Nigel Hitter
    Tasteless
    Born In Luton
    Lost In The Woods
    Yankees
    Water In The Well
    Dust On Trial
    Adderall
    Snow Day
    One Rizla
    Station Wagon
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