Fontaines D.C.

Parmi la tournée marathon de Fontaines D.C. qui les mène aux quatre coins de l'Europe et des États-Unis entre mars et septembre, s'improvisent des petites parenthèses privilégiées que le groupe, dans sa grande générosité, aime toujours à créer. Ainsi, à la suite du concert ultra complet la veille à l'Olympia, Fontaines D.C. continuent de gratifier leur public français avec un show gratuit retransmis en live sur France Inter chez l'ami Michka Assayas. Ici pas de petit showcase intimiste ou de studio à la Maison de la Radio, mais bel et bien le mythique Bataclan.

Lors de notre rencontre en 2020, durant cette étrange période où nous nous situions dans l'œil du cyclone de la pandémie s'agissant de l'éphémère retour des concerts, Tom Coll et Carlos O'Connell nous avaient confié que lors de leur passage au Bataclan en novembre 2019, ils s'étaient sentis submergés par le public parisien et que depuis, ils souhaitaient à chaque passage dans la capitale revenir jouer dans la salle du boulevard Voltaire.
Preuve en est que les jeunes dublinois tiennent leurs engagements, nous voilà en ce mardi de retour « au bercail », en mode concert privé mais où les présents sont en grande majorité des fans qui ont réussis à coups de F5 à obtenir le précieux sésame.


Avec une setlist adaptée à la durée de l'émission, ce sont treize titres qui en cinquante-six minutes précisément offrent pour certains un rab de sensations fortes par rapport à la veille, et pour les autres l'occasion soit de se rattraper, soit de découvrir l'univers tout aussi furieux que soigné de Fontaines D.C. A quelques jours de la sortie de leur troisième album Skinty Fia, qui gagne en maturité tout en ne perdant pas une miette de l'énergie et de la motivation de ses interprètes, la bande à Grian Chatten offre une petite setlist faite de la crème de son répertoire, c'est-à-dire les titres le plus rageurs déclenchant une montée en puissance dans la fosse au fur et à mesure qu'ils s'enchainent. Pour cela, Grian, comme s'il savait que le temps était compté, ne cesse d'haranguer la foule en se hissant au bord de la scène, en frappant avec virulence son pied de micro en fin de titre ou en tournant sur lui-même tel un lion en cage prêt à bondir.

Attirant sur lui toute l'attention, les autres membres étant dans un état de concentration extrême et peu expressifs, à l'exception de Tom Coll à la batterie qui inonde de larges sourires le public, le set est d'une rigueur militaire en parfaite résonance avec leur post punk toujours aussi brutal mais si juste.

Grâce à l'enchainement des titres devenus des références tels A Hero's Death, Sha Sha Sha, Chequeless Reckless, Big et le parfait Boy's In The Better Land, les connaisseurs entrainent dans leurs vagues de pogos les moins érudits, qu'ils soient consentants ou non, et on se retrouve avec bonheur de nouveau collés voire écrasés contre la scène ou nos voisin avec délice car c'est aussi synonyme d'un retour à la normale qui se faisait trop attendre.

Ne gaspillant pas une minute du set en parlotte, cette dernière n'étant pas la spécialité des jeunes irlandais, l'heure passe à une vitesse éclair et le sentiment d'avoir communié à nouveau avec ce groupe incroyablement talentueux est partagé par tous. Avec tout ce que draine le succès et la popularité que connaissent aujourd'hui Fontaines D.C., et ce à juste titre, ces petites parenthèses sont des moments que l'on apprécie hautement, en espérant que Grian, les deux Connor, Tom et Carlos garderont cette humilité et cette gratitude envers leurs fans, même si ces derniers commencent sérieusement à se compter en centaines de milliers, si ce n'est déjà bien plus.