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Fontaines D.C.

Interview publiée par Laetitia Mavrel le 14 octobre 2020

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Le retour du live tant attendu se fait avec les fougueux irlandais de Fontaines D.C. pour une session au Studio 104 de la Maison de la Radio, gestes barrières inclus. A cette occasion, nous rencontrons Carlos O’Connell, guitariste moustachu, et Tom Coll, batteur, pour évoquer A Hero's Death, leur second album qui a marqué notre été ainsi que l'avenir des concerts pour les musiciens et les fans.

Ravie de vous retrouver à Paris et en personne ! Votre dernier concert était au Bataclan en novembre 2019, quel souvenir en gardez-vous ?

Carlos : C'est le meilleur concert que j'ai jamais donné, très honnêtement. Il y a quelque chose de vraiment particulier à Paris. Au-delà du pays et de la salle on y a un lien très fort avec le public. Paris a une incroyable histoire, surtout musicalement. Et le Bataclan qui a survécu après les événements, c'est magnifique. J'ai demandé à notre manager qu'à chaque fois que nous venons à Paris nous jouions au Bataclan !

Est-ce que vous ressentez quelque chose de particulier quand vous y jouez ?

Tom : Oui tout à fait, on a l'impression que le public est encore plus réceptif dans cette salle. C'est très émouvant.
Carlos : En plus il n'y avait pas de barrières, c'était comme si j'étais sur un quai face à une tempête déferlant sur moi !

Votre second album A Hero's Death est sorti en plein milieu de l'été et a heureusement été épargné par les reports dus au COVID-19. Dans quel état d'esprit avez-vous composé ce disque et qu'est-ce qui vous a inspirés ?

Carlos : On voulait se remettre à écrire rapidement. Quand Dogrel est sorti, on est immédiatement partis en tournée et c'est là qu'on réalise que sur la route, on n'arrive pas à être créatifs. En plus tu ne trouves pas beaucoup de sources d'inspirations, tu ne fais que traverser furtivement les villes. On s'est rendu compte qu'il fallait qu'on se pose pour prioriser l'écriture, c'était donc logique de rentrer à la maison pour s'y mettre.
Tom : On est tous plus ou moins basés à Dublin donc on se retrouvait toutes les semaines tout en continuant de vivre notre quotidien.

Après l'énorme succès de Dogrel, l'étape du second disque est un sacré challenge. Avez-vous ressenti des pressions quant au résultat attendu ?

Tom : Je mentirais si je te disais que nous n'avons eu aucune pression ! (rires) On l'a juste mise de côté et on s'est concentrés sur ce que l'on souhaitait réellement faire.
Carlos : On a surtout peur de décevoir après un gros succès. Il n'y a pas de secret, il faut juste rester honnête avec toi-même et ne pas te laisser distraire. Il ne faut jamais oublier pourquoi tu fais de la musique : pour toucher les gens. Si ça les atteint et si tu arrives à te faire comprendre d'eux, c'est gagné. C'est ça la musique pour moi.

Un morceau sur le nouveau disque s'écarte de la ligne très rock de Fontaines D.C. : Oh Such A Spring est étonnamment calme et mélodieux. Écrire une ballade vous est venu naturellement ?

Tom : Oui, ça faisait un moment qu'on s'exprimait dans un registre plutôt énergique ! L'envie de calmer un peu le jeu est venu de façon assez naturelle, on a donc écouté des styles plus soft. Proposer ce contre-pied était intéressant.
Carlos : C'est un peu risqué pour nous de jouer une musique plus calme, on sait bien que les fans attendent un style précis et qu'ils préfèrent souvent le concert au disque. On en avait déjà écrit pour Dogrel, mais maintenant on se sent plus en confiance pour mettre une telle chanson sur un album.

Quelle sera la réaction du public selon vous ? Plus de filles au premier rang peut-être ?

Carlos : J'espère ! (rires)
Tom : Ça va être une nouvelle expérience, on est très impatients de la jouer.

Comment s'est passé le confinement ? Fontaines D.C. est resté présent en jouant des live sur Zoom et en proposant d'autres vidéos de reprises. Est-ce que vous l‘avez bien vécu ?

Carlos : Pour être honnête, j'ai adoré ! La période la plus heureuse de ma vie depuis longtemps. J'étais à la campagne dans une petite ferme reconvertie en studio, je me réveillais et je jouais tranquillement, et je rejoignais des amis qui vivent dans le village à côté pour diner et boire. C'est dans ces moments que j'ai été le plus inspiré. J'avais la chance de ne pas être complétement seul, c'était cool.

Attention car cela pourrait arriver à nouveau...

Carlos : Je crois que ce que les gens craignent le plus c'est de ne plus retrouver ce qu'ils ont laissé avant le confinement.
Tom : Ça fait peur !
Carlos : Oui mais il faut peut-être accepter de ne pas retrouver cette normalité. Revenir à ce qui a causé tout ça n'est pas la bonne chose à faire selon moi. Il faut écouter les scientifiques, apprendre à vivre de façon plus saine, réfléchir à ce dont on a vraiment besoin.

Concernant la musique live, existe-t-il en ce moment des aides aux salles de concerts en Irlande ?

Tom : Il y a eu une aide de la part du gouvernement mais elle est vraiment insignifiante.
Carlos : En fait tout le monde a eu la même aide, quelque soit le type d'activités, il n'y a pas de particularités pour les musiciens et les artistes. Ils considèrent que tout le monde a été impacté de la même façon ce qui est complètement faux.

Beaucoup de groupes proposent des streams payants pour pouvoir continuer de gagner leur vie. Vous envisageriez une telle chose ?

Carlos : Le problème c'est que personne ne veut payer quoi que ce soit pour la musique ! (rires) Beaucoup considèrent les concerts comme un simple divertissement, je pense que l'amour de la musique s'est vraiment perdu il y a vingt ans. Comme internet permet d'accéder à cette gratuité, comment convaincre les gens que l'expérience sera particulière en payant ?
On a proposé quelques lives sur internet et on a retrouvé l'excitation de quand on débute un concert, mais faire payer les gens, je ne sais pas si ça sera vraiment utile...
Tom : Rejouer live est la chose que j'attends le plus en ce moment, ça m'a trop manqué. Et surtout de retrouver le public !