Retour sur le plancher des vaches pour votre chroniqueuse à l'énergie débordante (sur le papier) suite à un Neil Hannon-thon à la Cité de la Musique durant cinq jours d'affilés. Et rien de mieux que de retourner au Supersonic, le club fétiche du tout Paris mélomane et curieux, avide de découvertes rock en tout genre. Ce samedi soir offre encore une programmation faite de contrastes entre pop parisienne, rock alternatif mexicain et, objet de notre venue ce soir, l'indie folk du mancunien Francis Lung.
Dans une salle bien pleine, samedi soir oblige et soirée Fuck Forever lui emboîtant le pas, Francis Lung nous fait l'exclusivité d'un petit set de chauffe pour célébrer la sortie de son nouvel EP
Short Stories. Fort apprécié du fait de son originalité, le disque est construit comme son titre l'indique tel un recueil de nouvelles brossant le portrait de divers personnages croisant leurs chemins au Midland Hotel de Manchester, ville natale de l'artiste.

Francis Lung, bien que toujours très modeste, n'est plus un débutant : ayant participé à l'aventure WU LYF, il a depuis quelques années pris son envol pour se ranger dans un répertoire plus doux et mélodieux, tout en gardant cette dynamique et ce sens de la tirade propre aux régions du nord de l'Angleterre.
Accompagné de son backup band français (l'anglais résidant aujourd'hui dans notre pays, ce dernier a trouvé la solution pour contrer les onéreux coûts de tournée à l'étranger : avoir un groupe des deux côtés de la Manche), Francis Lung, toujours souriant et d'une simplicité confondante, va durant une petite heure, et ce dans un français presque parfait, nous offrir une ballade dans sa discographie solo avec en exergue les titres le plus évocateurs de ce nouvel EP. Les morceaux choisis sont ceux qui se prêtent à quelques sorties théâtrales, effets somme toute noyés dans un club qui d'une part accueille un public en très grande majorité non anglophone, et d'autre part un brin déjà éméché.
Mais Francis Lung ne s'avoue pas vaincu et met en scène ses morceaux en faisant participer le public pour mimer les effets sonores de
Midland Hotel II – The Restaurant, appuyé en cela de quelques objets vedettes des morceaux sélectionnés : l'oignon dans le titre cité précédemment, une liste qui est bien celle de
Midland Hotel - Ann's List et d'un gobelet de centimes pour illustrer la journée aux machines à sous de la petite Sacha dans
2p Machine.
Bien que nageant un peu dans l'inconnu, le public apprécie cette interactivité avec Francis/Tom qui, vêtu de son tee-shirt scandant « Liberté Egalité Nudité » (le cliché du français peu pudibond persiste et signe), s'immerge de toute ses forces dans cette culture et ce pays qui est dorénavant le sien.
Un choix de ses anciens morceaux les plus rythmés est judicieusement fait et l'on retrouve toujours avec plaisir le Francis saxophoniste sur
The Lie, ainsi qu'en invités la flûte traversière et la clarinette sur le final
The Let Down.
Devant un public qui ne lui était pas acquis d'avance, dans une ambiance bien différente d'avec le dernier concert intimiste et très feutré au Pop-Up du Label il y a trois ans maintenant, Francis Lung a relevé le défi et même si le particularisme de
Short Stories n'a que peu été capté par les présents, sa musicalité un peu plus racée en comparaison avec les deux derniers opus du musicien a fait mouche. En attendant de retrouver le Nantais d’adoption dans une salle qui se prêtera mieux à son imagination débordante.