logo SOV

Hot Chip

Paris, Olympia - 8 octobre 2022

Live-report par Adonis Didier

Bookmark and Share
L'été désormais fini, vous aurez sans doute vous aussi constaté que les nuits se rafraîchissent sensiblement. Le sujet du chauffage étant aujourd'hui particulièrement touchy, Sound of Violence s'associe à vos soucis du quotidien, et vous propose les bons plans pour vous chauffer sans jamais avoir à ouvrir votre radiateur. Pour cette série d'astuces, premier arrêt à l'Olympia de Paris, et ça tombe bien, parce que ce soir c'est Hot Chip, a.k.a la puce chaude, ou en langage faussement scientifique, le microcontrôleur à la thermique élevée. Avec un nom pareil, peut-on réellement s'attendre à autre chose que de ressortir avec les circuits en surchauffe ?

Pour ne pas vous mentir, comme toute machine un peu complexe, ça demande un certain temps pour se mettre en route. On pardonnera donc la fausse joie, dès 20h50, de voir les lumières se tamiser légèrement, le fond de la scène passer en violet sombre, et un fond électro se lancer progressivement, tout cela pour nous faire patienter jusqu'à la deuxième fausse joie d'acclamer un technicien rentrant sur scène pour valider les petites lampes de bricoleur posées sur les synthés, et au passage peut-être ressouder un trucs ou deux entre les pédales d'effets posées au niveau des mains et d'autres outils électroniques pleins de fils, et de petites boîtes, et d'autres fils, avec d'autres petites boîtes (on est technique et rigoureux, ici).


C'est donc après 10 minutes de bourdonnement de téléviseur qui déconne que les lumières finissent par s'éteindre, à 21h pétantes, pour laisser rentrer les sept membres de Hot Chip, menés par le duo originel Alexis Taylor, en chemisette-nuisette rose transparente, et Joe Goddard, arborant lui aussi une magnifique chemise de nuit au rendu « ciel bleu et nuages ». Comme pour laisser les deux compères éblouir d'autant plus, le reste du groupe est lui complètement habillé de blanc, et il est maintenant temps de lancer Freakout/Release, titre éponyme du dernier album, qui donne en live le sentiment d'être face à une énorme chanson funk rock écrite par les Daft Punk ivres.

On démarre en même temps le festival de flashs qui, couplé à la lumière éclairant par le dessous, donne au groupe un aspect assez divin, tout spécialement à la frontline, j'ai nommé de droite à gauche : Joe Goddard aux synthés, aux bidouilles et parfois au chant, Alexis Taylor au chant, guitare Firebird et synthé, Owen Clarke au synthé, chœurs et à la danse robotique, et enfin Al Doyle, principalement à la basse, mais qui s'occupera aussi occasionnellement de la guitare ou des percussions exotiques. Surélevés à l'arrière, on retrouve les trois autres membres, ligne arrière principalement percussive, et comprenant notamment la batterie et les percussions exotiques précédemment citées, exotisme appartenant initialement à l'exubérant et fort moustachu Rob Smoughton.
Alors que débute Eleanor, petite douceur provenant elle aussi du dernier album, le set-up lumineux se précise, et sera donc découpé en une partie basse plutôt classique, et une partie haute composée de neuf spots eux-mêmes découpés en huit dalles lumineuses lorsque le besoin d'animer l'éclairage se fait sentir. Eleanor sera donc vert turquoise sur le bas, et d'un pur orange plus haut, là où Night And Day jouera l'alternance, uniformément pilule rouge ou pilule bleue sur le refrain, et un effet Tequila Sunrise pour les couplets, haut orangé et bas tirant graduellement vers le violet rougeoyant.

Pour ce qui se joue autour de nous, la première grosse réponse du public interviendra sur Flutes, bien mis en condition par l'exercice de clapping introductif, avant de transformer pour de bon la salle de l'Olympia, de plus en plus chaude, en boîte de nuit avec une interprétation à la puissance sonore incomparable à la version studio. Le riff lourd et funky de Night And Day envoyé par Joe sur son piano à bricoles fait lui aussi son petit effet, tant on le ressent dans les infrabasses jusque dans son estomac. L'alternance rapide entre ambiance bleue et rouge crée même un petit effet 3D d'un réalisme impressionnant, comme si les musiciens étaient réellement présents sur scène. A moins qu'ils aient toujours été là, et que ce soit simplement le micro-processeur du rédacteur qui commence doucement à surchauffer.
Le concert se poursuit, le couplet final de Lou Hayter sur Hard To Be Funky est remplacé par la voix robotisée d'Alex Taylor, jolie pirouette assez intéressante, pendant qu'Owen Clarke danse en agitant les bras et absolument rien d'autre, et que Rob Smoughton donne tout ce qu'il peut sur scène, changeant d'instrument sur à peu près chaque chanson, voire pendant les chansons, et invitant le public à lever et remuer les mains, son numéro marchant si bien qu'il s'amusera régulièrement à tester le pouvoir phénoménal qu'il possède visiblement sur les êtres humains face à lui.


On notera tout de même un certain creux dans la deuxième moitié du concert, disposant de chansons dansantes mais sans forcément plus, et nous menant sur un rythme de croisière agréable mais pas transcendant en termes de trémoussage de popotin. Creux se terminant brutalement, au moment où Over And Over vient signer la première fin du concert. Premier tube sans appel dans l'histoire du groupe, les potards sont remontés à fond, et la chanson légèrement minimaliste en studio se transforme en gigantesque vague dans la salle, petit tsunami mettant à l'unisson le système son et le mouvement de la fosse sur le fameux sol rebondissant de l'Olympia. L'avalanche de flashs et de stroboscope calée sur les beats électro finira d'achever les quelques épileptiques ayant survécu jusque-là, avant extinction de la scène et énorme acclamation du public tout entier, les mezzanines daignant même se lever pour l'occasion.
Le rappel démarre, sur le même rythme, et Huarache Lights, à l'ambiance uniformément rouge-orangée, termine l'opération de chauffage pour laquelle nous étions venus, le peu de vêtements restant dans la fosse tombent, et on en vient à penser que l'on n'est jamais allé en boîte de nuit aussi tôt. Out Of My Depth crée un dernier espace de paix et de mélodie, une communion simple, avec peu d'artifices, avec le public, avant le final I Feel Better, à la hauteur de la cathédrale sonore légèrement brouillonne déployée tout au long du concert.

Un concert que l'on aura passé à danser et sauter, dans la bonne humeur, mais au rythme parfois inégal, parce que Hot Chip ne fonctionne jamais aussi bien en live qu'à travers ses tubes, et à la communication transparaissant finalement plus par la musique ou la danse que par un échange vocal ou physique avec le public. Exception faite de Rob Smoughton, parce que Rob nous a vraiment refait la soirée, et n'a pas oublié de nous faire agiter les mains pendant deux secondes et demie avant de s'éclipser en rigolant. Pour ça, et pour sa moustache, on ne peut que le remercier. Et surtout, pour plus de conseils chauffage et pilosité faciale, n'oubliez pas de vous abonner, de cliquer sur la cloche, de mettre un pouce bleu, et on se dit à la prochaine !
setlist
    Freakout/Release
    Eleanor
    Flutes
    Down
    Night And Day
    Boy From School
    Hard To Be Funky
    Broken
    Hungry Child
    Ready For The Floor
    Straight To The Morning
    Guilty
    Melody Of Love
    Miss The Bliss
    Over And Over
    ---
    Huarache Lights
    Out Of My Depth
    I Feel Better
photos du concert
    Du même artiste