logo SOV

Hot Chip

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 18 juin 2019

Bookmark and Share
Quatre ans après Why Make Sense?, Hot Chip nous reviennent enfin avec un album, A Bath Full Of Ecstasy, taillé pour les dancefloors. Un album avant une tournée gigantesque qui débutera cet automne. Rencontre à Paris avec les charmants Joe Goddard et Alexis Taylor, musiciens à l'érudition impressionnante.

Pourquoi avoir pris autant de temps pour ce nouveau disque ? Du fait de vos carrières solo ?

Nous n'avons pas fait un break de manière consciente. Cela a pris du temps pour avoir tout le monde concentré sur le nouvel album. Nous avons toujours fait des pauses entre nos disques. Là, en plus, Alex et moi avons sorti nos albums respectifs. Nous avons décidé de prendre notre temps avant de faire les premières démos pour cet album. Nous n'avons pas passé tellement de temps en studio avec Philippe (ndlr : Zdar) mais le temps de préparation a été long.

Je trouve cet album très dansant. Peut-être même est-il votre disque le plus club de toute votre carrière...

Il y a ces éléments, c'est vrai, mais Melody Of Love ou Bath Full Of Ecstasy sont très pop. C'est un disque qui a différents moods. Les tempos ne sont pas toujours les mêmes. Nous avons aimé travailler avec Philippe Zdar. En studio, il nous passait des classiques de la house de Chicago comme Lil Louis.

Hungry Child est particulièrement club. Il sonne presque garage...

Le UK garage à la fin des années 90, début des années 2000, était énorme. Cela passait à la radio. On écoutait cela tout comme on écoutait Basement Jaxx ou Masters At Work. Cela nous a marqués.

C'est la première fois que vous prenez un producteur extérieur. Pourquoi ?

Nous voulions quelqu'un qui soit là pour nous pousser dans nos limites. Quelqu'un qui amène de nouvelles idées. Nous avons créé de nouvelles choses pour ce disque avec les machines.

La version live de Spell sonne italo-disco. Sur disque, elle est très différente...

Il y a différents processus avant d'arriver au final d'une chanson. Live, tu ne peux pas recréer exactement ce que tu as produit en studio. Ce n'est pas intentionnel d'en avoir fait live une version italo-disco mais c'est cool. Nous utilisons beaucoup les programmes en studio. Live, nous sommes un vrai groupe avec sept personnes sur scène. Nous ne voulons pas nous contenter de programmer des machines lors de nos concerts.

Vous êtes un excellent groupe de live d'ailleurs...

Il n' y a rien de plus excitant que le groove. Et tu ne le trouveras pas à travers les machines. Nous sommes à mi-chemin entre le groupe pop et le groupe dance.

Votre musique et vos concerts délivrent quelque chose de joyeux. C'est le but de votre musique, de rendre les gens heureux ?

Ce n'est pas intentionnel. Nous ne parlons jamais de cela. Mais inconsciemment, nous avons envie de créer ça. Il y a beaucoup de choses difficiles dans le monde actuel et en tant que musicien si tu peux amener quelque chose de positif,c'est important. Nous avons envie que l'auditeur se sente bien en écoutant nos disque, en venant nous voir live. C'est pour ça que nous faisons aussi des DJ sets pour créer une atmosphère de joie. Nos paroles ne sont pas toujours joyeuses mais la dynamique de nos morceaux est positive.

Vous avez créé un mix entre dance et pop. C'est presque devenue votre marque de fabrique ?

Encore une fois, ce n'était pas notre but de créer cela mais nous aimons la soul qui combine quelque chose de dansant à une émotion très forte. Tu peux trouver cela aussi dans la musique de New Order ou dans certains trucs disco.

J'imagine que vous êtes de grands fans de musique ?

Oui. Nous écoutons de tout : du reggae, du jazz, de la musique électronique, de l'ambiant, Brian Eno, Vangelis, les classiques de la musique comme Bob Dylan ou Neil Young, de la disco...

Pourquoi avoir repris Sabotage des Beastie Boys lors de vos derniers concerts ?

Nous avons pensé aux Beasties Boys par rapport au livre qui vient de sortir sur eux. Nous avons grandi avec leur musique. Alex a rencontré leur claviériste à New-York récemment. Nous nous sommes dit que ce serait cool de reprendre ce titre en live. Nous pensons nos live comme des DJ sets avec différentes atmosphères durant les shows et jouer Sabotage en rappel fonctionne à fond. C'est dans le même esprit que nous reprenions autrefois le Dancer In The Dark de Bruce Springsteen.

Quelle était l'idée de votre récente tournée des clubs ?

S'amuser. L'envie de jouer nos vieux morceaux et quelques nouveaux titres. C'était en dehors de la promotion classique et c'était agréable.

Vos projets solo sonnent totalement différemment de ce que vous faites avec Hot Chip...

Cela dépend de la façon dont tu produis un morceau. Il y a une certaine atmosphère dans Hot Chip. Il y a une identité dans ce groupe. Ce serait difficile de faire un disque composé uniquement de flûtes avec Hot Chip par exemple.

La pochette du nouvel album fait très 80's house...

Nous ne l'avions pas imaginée ainsi mais tu as raison. Celui qui l'a dessinée a amené l'esprit des rave. Avec le coté positif de celles-ci.

Jeremy Deller qui l'a réalisée a gagné le Turner Prize. Vous vous intéressez à l'art ?

Oui, nous nous intéressons à ce qui se passe dans ce milieu. Jeremy est un artiste intéressant et l'idée de travailler avec lui nous a branché. Il avait déjà bossé avec des musiciens, réalisé des pochettes pour des artistes house. Il est intéressé par la culture pop.

Vous partez bientôt en tournée ?

Oui, nous allons faire plein de festivals cet été : Glastonbury, la Route du Rock... Cet automne, ce sera la tournée anglaise puis nous irons aux Etats-Unis et en Amérique du Sud. Nous avons hâte. Le set va être très efficace.