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Sorry

Paris, Le Pop-Up du Label - 15 octobre 2022

Live-report par Franck Narquin

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Quelques jours seulement après la sortie de leur excellent second album, Anywhere But Here, produit par Adrian Utley de Portishead et succédant à 925, premier opus remarqué ayant fait naître une sacré hype autour d’eux, Sorry viennent déjà présenter leurs nouvelles chansons complexes et élégantes devant un public parisien qui semble conquis d’avance. Le Pop-Up du label, cette petite salle sur deux étages entre Bastille et la Gare de Lyon, où l’on peut au gré de la soirée, prendre l’apéro en terrasse, se délecter d’un chirashi de maquereau, découvrir sur scènes les jeunes pousses de l’indie pop, s’enquiller quelques Moscow mules dans une salle un chouilla trop éclairée et même parfois danser jusqu’au bout de la nuit sur de la musique cool, avant d’immortaliser l’instant dans un de leur fameux photomatons, affiche d’ailleurs complet depuis belle lurette.

Cela fait déjà près de cinq ans que le nom de ce groupe du nord de Londres fondé par les amis d’enfance Asha Lorenz et Louis O’Bryen est sur toute les lèvres. Portés par leur tube de 2018, Startstruck, on prédisait à Sorry une trajectoire à la Wet Leg, mais les anglais semblent plutôt enclins à explorer des pistes plus expérimentales, favorisant les titres downtempo et les constructions sonores alambiquées aux hits efficaces. Encore confidentiel au vu de son énorme potentiel, le groupe jouit néanmoins d’une énorme cote d’amour auprès de ses admirateurs. Lors de leur premier concert en France au Supersonic, nous demandions à Wet Leg leur artiste préféré sur leur nouveau label Domino Records. Arctic Monkeys ? Cat Power? Franz Ferdinand ? Que nenni, Rhian et Hester répondirent à l’unisson et sans hésitation, Sorry.

Duo en studio, le groupe mute en quintet sur scène. Lincoln Barrett, Campbell Baum et Marco Pini (on a vérifié, ce n’est pas le nom que prend Brad Pitt lorsqu’il se fait passer pour un général italien dans Inglorious Basterds; l’excellent remake de l’As de As par Quentin Tarantino) y rejoignent Asha et Louis. Si les garçons sont tous en chemises blanches, costumes gris (sauf le batteur, qui porte un marcel, car un batteur c’est comme un chat, il fait ce qu’il veut quoiqu’on lui dise), Asha arbore un jogging Adidas intégral vintage comme au bon vieux temps de H.I.P H.O.P, la mythique émission de Sydney diffusée sur TF1 les dimanche de 1984 à quatorze-heures vingt, juste entre le poulet frites de maman et Starsky et Hutch. D’ici quelques morceaux, elle tombera le haut pour dévoiler un tee-shirt Modern Lovers, nous faisant aussitôt penser à la phrase du grand Neil Hannon : "Cause Doris Day could never make me cheer up quite the way those northern london girls always could".

Si l’usage veut que l’on entame ses concerts par un de ses hits pour se mettre facilement le public dans la poche, notamment lorsque l’on dispose dans sa besace de quelques imparables bombinettes, Sorry décident de démarrer tranquillement avec les très chill et jazzy Right Round The Clock et Willow Tree. Alternant dans une presque parfaite parité, titres du dernier album et de leurs précédents projets, le groupe fait la part belle aux morceaux mid-tempo, sans forcer et sûrs de leur force. Sur un strict plan capillaire, il est toujours plus difficile d’arriver a dresser les poils de bras du public que que de lui faire secouer les cheveux. Les londoniens y parviennent pourtant sans peine grâce à des versions sublimes de Closer, Tell Me ou There's So Many People That Want To Be Loved. Sorry auront tout de même gardé pour la fin, mais pas pour le final, leurs tubes tant attendus. La pop sans filtre de Cigarette Packet s’occupe de chauffer la salle à blanc avant que le (soft) post-punk de Starstruck ne déclenche les tous premiers pogos pour enchainer sur le très dansant et feel-good Let The Lights On. Après ce passage haut en couleur mais qu’on sent comme presque obligé pour le groupe, le concert se clôturera en douceur sur le sombre et beau Lies.

Offrant un généreux concert de dix-neuf titres sur un rythme posé mais d’une grâce éblouissante, Sorry nous auront livré une prestation de haut vol, confirmant leur statut de "bande à part" dans le paysage indie rock anglais.
setlist
    Right Round The Clock
    Willow Tree
    Key To The City
    Perfect
    I Miss The Fool That I Loved
    Screaming In The Rain
    There's So Many People That Want To Be Loved
    Quit While You're Ahead
    Wolf
    Baltimore
    Tell Me
    Closer
    Snakes
    As The Sun Sets
    Cigarette Packet
    Starstruck
    Again
    Let The Lights On
    Lies
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